HISTOIRE - GUERRE DE LIBERATION NATIONALE - RADIO LGERIE LIBRE
Selon Lamine Bechichi, c'est au mois d'octobre 1956 que la décision de créer une radio a été prise. Il fallait acquérir des équipements. Et, c'est grâce à Mohamed Zeggar, qui maîtrisait la langue anglaise que le matériel a été acquis auprès des Américains. La première radio clandestine, durant la guerre de libération nationale, a émis, pour la première fois, le jeudi 16 décembre 1956 à 20 heures avec l'annonce suivante: "Ici, la radio de l'Algérie libre et combattante. La voix du Front de libération nationale et de l'Armée nationale s'adresse à vous de l'Algérie". Une annonce lue en arabe, en tamazight et en français.
Cette radio qui émettait du Nador (Maroc), était, en fait, un camion qui se déplaçait d'un endroit à un autre de crainte d'être découvert par l'ennemi. Elle émettait deux heures par jour, en arabe, en tamazight ,en français et en arabe dialectal à raison d'une demi-heure pour chaque langue.
"Saout el Djazair"(La voix de l'Algérie) avait, au début, axé ses programmes sur la propagande. Elle s'est ensuite intéressée aux commentaires des radios et de la presse étrangère. Les chants patriotiques étaient rares. La radio ne diffusait que la chanson de Ahmed Wahbi, "Ya Djazair", écrite par Aissa Messaoudi et la chanson du tunisien Ali Riyahi "Chad Essaif".
La radio a cessé d'émettre en septembre 1957. Deux années plus tard, le 2 (le 12 ?) juillet 1959, la radio refait son apparition , en arabe, en français et en kabyle, émettant du même endroit , mais dans de bien meilleures conditions disposant cette fois d'un studio fixe et d'appareils de transmission régies par Abderrahmane Laghouati (futur Dg de la Rta après l'Indépendance ). Elle a pour slogan "Voix de l'Algérie combattante" en arabe ( "Sawt El Djazair al Moukahfiha") ou bien "La voix du Front de Libération nationale s'adresse à vous, du coeur de l'Algérie" . L'inauguration a été faitte par M'hamed Yazid et Sâad Dahleb.
Cette période est caractérisée par l'émergence d'une "voix", symbole de la Révolution algérienne, celle de Aissa Messaoudi (Voir Fiche documentaire/ in Guerre de libération nationale/ Sawt El Djazair) , devenu , en peu de temps , une légende tant sa voix et ses propos constituaient "une arme plus forte que l'arsenal militaire mis en branle par la caste coloniale" (Franz Fanon, An V de la Révolution algérienne) .
Le premier émetteur, d'une faible capacité, pas plus de 300 watts, fut détruit par l'armée française. On put acquérir deux appareils de transmission de 15 000 watts chacun, mais non appropriés à la diffusion radiophonique car appartenant aux Marines américains, ce qui amena Abderrahmane Laghouati à les modifier à Casablanca (Maroc) et à les transporter au siège de la radio clandestine , à Nador.
Laghouati et les 25 techniciens qu'il a formés, ont pris en main, par la suite, le fonctionnement de la radio -télévision algérienne au lendemain de l'Indépendance, le 28 octobre 1962, au moment où la France espérait continuer sa présence par le biais de ses propres techniciens.