CULTURE- MUSIQUE- BOUALEM TITICHE/ZORNADJI
Boualem Titiche, Boualem Mansouri de son vrai nom,
était le plus célèbre instrumentiste de zornadjia, un
style musical hérité de l’époque ottomane. Il est à la zorna,
ou ghaïta, Mustapha Skandrani
est au piano, Abdelghani Belkaïd-Ahmed
au violon, ou encore Alilou (Debbah
Ali) à la derbouka. Il se faisait un point d’honneur de perpétuer la zorna, portée par la ghaïta, les tbilett et le tbel, habillé en
costume traditionnel algérois : «serwal testifa» (pantalon traditionnel), «bediaa»
(gilet brodé), chechia stamboul
(le couvre-chef propre aux citadins) et babouches aux pieds, devenant ainsi
l’ambassadeur d’une tenue vestimentaire en perdition. Ce costume deviendra plus
tard un habit de fête pour les enfants et sera repris sous plusieurs
déclinaisons dans les spectacles, notamment ceux du ballet national.
Dès son
jeune âge, Boualem, né en 1908 à El Biar (Alger), accompagnait son père Hadj Ahmed à la
percussion (tbilette). Hadj Ahmed, lui-même maître zornadji, devait léguer à son fils l’amour de cette
musique, la rigueur dans l’interprétation, l’importance accordée au costume,
mais aussi le pseudonyme Titiche.
Son
souffle exceptionnel, Boualem le mettra également au
service du sport, en rejoignant la section course à pied du Mouloudia
d’Alger. En 1932, Boualem Titiche
crée son propre orchestre, se rapproche des associations de musique andalouse,
El Mossilia et El Djazaïria,
et remporte, la même année, le cross de rue organisé entre Bologhine
et Aïn Benian. Après
l’indépendance, il commence à animer des spectacles et accompagner des
chanteurs à succès de l’époque. Boualem Titiche se consacrera, par la suite, à l’enseignement de la
zorna -musique à l’origine militaire jouée en plein
air- au conservatoire de son quartier à El Biar.
Nombre de
maîtres zornadji formés par les soins de Boualem Titiche créeront à leur
tour des orchestres de zorna reconnus, à l’image de
la troupe Nouba, qui essaimeront à l’étranger pour animer les fêtes
d’Algériens. Mariages, baptêmes et autres cérémonies familiales, la
traditionnelle zornadjia s’invite à toutes les réjouissances,
malgré la brève apparition d’orchestres plus contemporains ces dernières
années. Et cet engouement n’a rien d’un effet de mode. La zernadjia s’est même trouvée un
allié sûr et c’est à travers internet que les troupes, qui se comptent par
dizaines, proposent leurs services pour animer les fêtes familiales, dans le
strict respect de la tradition musicale et vestimentaire.
Tout en
s’autorisant quelques adaptations, ces orchestres se revendiquent souvent comme
élèves de Boualem Titiche,
principal argument des prestations qu’ils proposent. Trente ans après la
disparition de Boualem Titiche,
disparu en décembre 1989, la zornadjia s’impose de
plus en plus comme la musique de réjouissance par excellence. Dans les fêtes
familiales, mais aussi dans des cérémonies et événements officiels, et les
spectacles de rue à Alger. A noter que la zorna (ou
El Ghaita) s t pratiquée dans plsuieurs
régions (surtout rurales) du pays