DEFENSE-
ARMES- ANP- FABRICATION
© El Moudjahid/Neila Benrahal, mercredi 25 décembre 2019
Désormais, l’Algérie fabrique ses
propres armes et assure une autosuffisance en la matière. Outre les drones de
fabrication locale, «Eljazair 54» et «Eljazair 55», le Haut Commandement de l’ANP assure la
fabrication de ses propres armes, à l’instar des pistolets-mitrailleurs de type
Kalachnikov ou encore les pièces détachées des armes.
A la foire de la
production nationale (décembre 2019) , les stands du
ministère de la Défense nationale (MDN) dédiés à l’industrie militaire suscitent
l’engouement, mais également la curiosité des visiteurs. «C’est l’Armée qui
produit ces armes ? C’est une production nationale ? Ce sont des armes
algériennes ?»… Les questions fusaient de partout face aux armes, modèles de
camions, bus et autres véhicules destinés à usages militaire et civil. L’ANP
est présente en force avec ses 15 entreprises industrielles qui activent dans
des domaines aussi variés que le montage de véhicules, l’industrie mécanique,
la rénovation des matériels aéronautiques, la construction d’infrastructures,
la construction navale, le textile, l’armement léger, la fabrication de
munitions petits calibres et grenades à main, les systèmes de vidéosurveillance
ainsi que l’étalonnage. «Cette participation traduit l’importance
qu’accorde l’ANP à l’industrie pour répondre aux besoins militaires, mais
également économiques», a indiqué le capitaine Mehdi Amine de la Direction de
la Communication, de l’Information et de l’Orientation (DCIO) de l’état-major
de l’ANP, rencontré hier. Le développement de l'industrie militaire est un
impératif catégorique pour l’ANP qui aspire à arriver à l'autosuffisance en
fabriquant elle-même ses armements tout en contribuant au développement
industriel de l'Algérie.
Des ingénieurs militaires algériens
pour une industrie «High Tech»
L’Armée
algérienne est autonome. Elle produit ses tenues, ses armes et ses véhicules.
«L’ANP ne procède à aucune importation en matière d’armement léger. La
fabrication de l’Armement est assurée par les unités de l’ANP, à savoir la fabrication
mécanique, les outillages, les pièces de rechanges. Tout est localement
fabriqué», s’est félicité de son côté le capitaine Abdessalem
Bouamria, représentant de l’Etablissement de
Construction Mécanique de l’ANP à Khenchela. Les
éléments de l’ANP sont équipés de matériel produit localement par l’Armée.
«Toute la chaîne de production dans le domaine de fabrication de l’armement
léger en général est locale. Nous fabriquons les pistolets automatiques (PA) et
les RPK, les kalachnikovs, de même pour les détecteurs d’explosifs et de métal,
ils sont tous algériens à 100% et fabriqués par des ingénieurs militaires
algériens», a précisé l’officier de l’ANP. Il a précisé que cette production a
permis la réduction de la facture de l’importation et la contribution au
développement de l’économie nationale ainsi que la création de nouveaux postes
d’emplois et l’absorption du chômage. «Cet Etablissement assure actuellement
1.700 postes d’emplois pour des civils», a-t-il fait savoir, relevant une
«indépendance réelle» en matière d’armement léger.
L’institution
militaire a également pris en charge les grands projets «sensibles» dans le
cadre de la préservation de la souveraineté de l’Algérie. Il s’agit entre
autres, de l’installation des caméras de vidéosurveillance dans les lieux
stratégiques. Ces projets ont été confiés à l’Etablissement de
réalisation de systèmes de vidéosurveillance (ERSV) du MDN. Selon le capitaine
Mohamed Hachou, représentant de cet Etablissement, la
mission principale est la conception, le développement et l’installation de
systèmes de vidéosurveillance. «L’ERSV assure l’audit, l’étude, la fourniture
et la mise en service de différents systèmes de sécurité au niveau de toutes
les infrastructures étatiques. De même, il assure la maintenance et la mise en
service des systèmes de sécurité intégrés ainsi que le service après-vente.
Nous allons procéder très prochainement à la fabrication», a assuré l’officier
de l’ANP.
L’ANP se charge des projets de
vidéosurveillance pour préserver la souveraineté
Le
capitaine Hachou, a cité le système «anti-intrusion»
qui permet la détection et la notification des intrusions doté d’une caméra et
d’une alarme. Ce système est mis en place notamment au niveau des frontières,
permettant une sécurisation «efficace». De même pour le système contrôle
d’accès, qui comporte plusieurs types d’équipements, notamment les lecteurs de
badges pour tourniquets. Cet établissement relevant de la direction des
Fabrications militaires est le fournisseur des services de sécurité, à l’exemple
du système «LAPI», destiné à la reconnaissance et la lecture des plaques
d’immatriculation des véhicules chargés de la sécurité routière de la police.
En outre, les systèmes de vidéosurveillance installés au niveau des autoroutes
dans la capitale et plusieurs wilayas ont été mis en place par cet
établissement qui a procédé également à l’installation du système de
surveillance du siège de la wilaya d’Alger. Dans le souci de la
préservation de la souveraineté et la sécurité du pays, le projet de l’installation
des systèmes de vidéosurveillance au niveau de la Grande mosquée d’Alger a été
confié à cet Etablissement militaire avec 800 caméras de surveillance mises en
place par l’ERSV.
Par ailleurs,
outre les usines de fabrication, l’ANP s’est dotée d’un laboratoire
d’étalonnage qui est un organisme d’évaluation de la conformité,
spécialisé dans l’étalonnage des instruments dans les grandeurs (fréquence,
électricité, température, humidité, pression et pesage). «La maîtrise de toutes
les chaînes d’étalonnage permet au laboratoire de proposer à ses clients une
offre de produits et services répondant à tous les besoins selon les normes
internationales», a indiqué le lieutenant-colonel Abdelkrim Laïb
de la Direction Centrale du Matériel.
Il est à
rappeler que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune,
a mis en avant l’industrie militaire et déclaré lors de l’inauguration de la
28e édition de la FPA que les opérateurs industriels «devraient s’inspirer» de
l’industrie militaire en matière de taux d’intégration nationale. «Il s’agit de
la seule industrie mécanique en Algérie», a-t-il reconnu, appelant à
«s’inspirer du patriotisme, de l’engagement et du sérieux» du secteur militaire
dans le processus de redressement industriel.