ENVIRONNEMENT- ETRANGER- COMMUNICATION CLIMATIQUE- ACTIONS ANNEE 2019
– ETUDE AGENCE SCIENCE PRESSE
(c) Pascal Lapointe/ www.sciencepresse.qc.ca/20-12-2019
Les études sur le climat ont leur importance, mais la communication des
changements climatiques est fondamentale pour que des changements se
produisent. Et en 2019, quelque chose s’est passé, au point où même
l’Encyclopédie Britannica a décrété « global warming » son
sujet de l’année.
Bien sûr, il
y a eu les grèves scolaires pour le climat, chaque vendredi (Fridays for Future) lancées par une adolescente de Suède qui n’avait que 15 ans en 2018,
et qui ont été suivies par des marches atteignant, dans certaines villes, des
records de popularité. En tout, des millions de personnes dans 150 pays ont
participé à la « grève mondiale pour le
climat » en septembre.
Ce mouvement
international « a changé la conversation de façon utile », commente,
pour le site Yale
Climate Connections, l’océanographe Jeff Severinghaus, de
l’Institut Scripps, en Californie. « Au lieu
d’ambitions nationales sans conviction, l’attention se porte à présent sur
l’échec spectaculaire des adultes d’aujourd’hui pour résoudre un problème qui
aura avant tout un impact sur le futur des enfants d’aujourd’hui. »
C’est aussi
l’année où des médias, d’ordinaire très prudents avec le langage qu’ils
utilisent, ont accepté d’employer l’expression « crise climatique »
—le quotidien The
Guardian s’en
est expliqué auprès de ses lecteurs en mai dernier,
allant pour sa part jusqu’à l’expression, plus forte, « urgence
climatique ». Laquelle a été nommée quelques mois plus tard « mot de
l’année » par les Dictionnaires
Oxford.
Le Guardian a par
ailleurs été l’un des chefs de file d’une initiative internationale, Covering Climate Now, par laquelle, en septembre, 350 médias
(dont l’Agence Science-Presse) ont accepté de partager leurs reportages et
analyses avec les autres, dans un contexte où la couverture médiatique des
changements climatiques est
traditionnellement complexe, coûteuse et peu attrayante pour le lecteur ou le
spectateur.
En terme de
communication de cette urgence climatique qui pointe à l’horizon, la décision
du Canada de créer une taxe sur le carbone a eu peu d’impacts à
l’international, mais celle
de la Norvège, en mars, de désengager
progressivement son fonds de pension national des compagnies pétrolières et
gazières a davantage frappé l’imagination —sachant que le pétrole représente
19% des revenus du gouvernement norvégien.
L’Irlande est
pour sa part devenu cette année le premier pays du monde à avoir
complètement retiré ses fonds des carburants fossiles.
Il reste à
prouver que l’accumulation des études cette
année ainsi que les catastrophes
météorologiques, auront un impact durable sur l’opinion publique —en
particulier celle qui, aux États-Unis, reste dépendante de l’attitude
dogmatique du parti républicain. Mais en attendant, un autre phénomène a pris
corps cet automne: deux poursuites en justice ont été déposées devant des
tribunaux de l’Alaska et de Colombie-Britannique, par des groupes de jeunes militants environnementaux, afin d'attirer
l’attention sur leurs gouvernements respectifs qui, disent-ils, ne respectent
pas leurs droits à une vie en santé en continuant d’encourager l’extraction des
carburants fossiles. Une
poursuite similaire au Québec a été
rejetée par le tribunal en juillet et les plaignants iront
en appel.
Plusieurs
centaines de poursuites similaires ont été
déposées dans plusieurs pays,
certaines par des villes contre leur propre gouvernement. La plupart sont encore à l’étape
préliminaire d’attendre une autorisation d’un tribunal supérieur. Ainsi, aux
États-Unis, la Cour suprême a décrété en novembre qu’une poursuite intentée il y a quatre ans par 21 jeunes devant un
tribunal de l’Oregon pouvait aller de l'avant. Par contre, en
2015, un tribunal des Pays-Bas avait donné raison
au groupe environnemental Urgenda qui réclamait
du gouvernement qu’il accélère la réduction de ses émissions de gaz à
effet de serre (GES). Le gouvernement avait fait appel et la Cour suprême avait
accepté d'entendre la cause en mai dernier. Elle a rendu jugement le 20
décembre 2019: les citoyens
ont gagné et le gouvernement néerlandais devra se
conformer à l'obligation de réduire de 25% d'ici 2020 ses émissions de GES, par
rapport à leurs niveaux de 1990. Le jugement était encore chaud qu'il
était déjà
salué comme une inspiration par des groupes
environnementaux à travers le monde.