VIE POLITIQUE- POINTS DE VUE ET OPINIONS- AMMAR BELHIMER/CHAINE
III
L’émission de la Radio-Chaîne III,
«L’Invité de la rédaction», a accueilli, mardi 17 décembre 2019, , l’enseignant
universitaire et journaliste, Ammar Belhimer,
qui a évoqué, dans son intervention, les grands faits de l’actualité, tout en
faisant une analyse succincte des leçons apprises de la crise que traverse le
pays depuis plusieurs mois. (Synthèse El Moudjahid)
Parmi les points abordés, figure
celui de la disqualification des partis politiques par les jeunes, la crise
aiguë des modes de régulation politique et sociale et les alliances entre les
courants politiques.
Au sujet de la crise politique, celui qui était membre de l’Instance nationale
de dialogue et de médiation a précisé qu’il en tire deux leçons principales de
la crise politique que traverse le pays. «La première est la disqualification
des partis politiques dans notre pays et la crise aiguë des modes de régulation
politique et sociale qui repose sur l’échange de la rente contre la paix
sociale. Le deuxième enseignement s’articule autour des modèles de démocratie
représentative placés sous haute surveillance policière qui a prévalu jusqu'au
22 février, date du début du mouvement populaire», a-t-il expliqué.
Développant son point de vue concernant la disqualification des partis
politiques et la crise des modes de régulation politique et sociale,
l’universitaire estime que l’Algérie s’inscrit dans une trame universelle dans
la mesure où nous assistons partout, selon lui, à une implosion de confiance
qui touche quatre institutions dans le monde, plus particulièrement dans notre
pays. «Nous constatons que certaines institutions sont décriées dans le monde,
à l’instar des gouvernements, les médias et même les ONG», a-t-il noté.
Se basant sur un sondage effectué par le Rassemblement action jeunesse (RAJ)
dans 41 wilayas effectué sur une frange de 1.500 jeunes, il a fait observer que
ce dernier a démontré d’une façon «inquiétante», la désaffection des jeunes par
rapport à la classe politique et aux partis, alors que ces derniers ont une
opinion plutôt favorable en ce qui concerne les associations et les syndicats.
Selon M. Amar Belhimer, le sondage a démontré
également que 1% seulement des jeunes dans notre pays se déclarent adhérants à une formation politique et 3% indiquent avoir
partagé une activité partisane. «De même que 43% des jeunes ont une opinion
négative sur les partis politiques et 63% ont un avis positif sur les
associations et les syndicats», a révélé encore M. Belhimer.
Interrogé sur la reconfiguration de la scène politique, «L’invité de la
rédaction» a indiqué que «la médiation politique en Algérie a été construite
sur des bases qui ne paraissent pas efficaces, le système ayant prévalu jusqu’à
présent est un système d’autorisation préalable sous haute surveillance, ce que
le défunt Mehri appelé la maison de l’obéissance».
«De ce constat, je peux vous dire que le modèle de représentation politique
totalitaire, qui a prévalu jusqu’alors, est amené à disparaître
inévitablement», a-t-il prédit. Scindant les «blocs» présents sur la scène
politiques entre démocrates, nationalistes et islamistes, il a assuré que des
alliances entre les courant nationaliste et islamistes modérés peuvent se nouer
à l’avenir pour la simple raison, a-t-il relevé, de l’inexistence d’autres
courants qui soient «tolérables» de nos jours dans un jeu politique «sain». M. Belhimer a soutenu, par ailleurs, qu’il existe toujours une
multitude de «partis de façade et factices» et regretté le « trop de
manipulation» pour que l’on puisse encore parler de «matrice de société
politique» en Algérie. «Pour déboucher sur l’émergence d’une Société civile, il
faut, au préalable, passer par la création d’associations libres et la
formation d’un mouvement associatif puissant», a-t-il considéré. Mais pour y
arriver, l’enseignant universitaire juge qu’il faut d'abord mettre un terme à
la crise de la «démocratie représentative» et combler l’absence des espaces et
des institutions de médiation politique et sociale par des associations et des
syndicats libres de leurs mouvements.
«Il y a une plus forte demande de liberté, de droits individuels que de
démocratie. C’est un constat qui a été fait suite aux slogans relatifs au rejet
des élections malgré la garantie donnée par le panel et le rejet du suffrage
universel par peur que s’installe une démocratie libérale, ce qui dénote le
caractère social du Hirak dans les réseaux sociaux»,
a-t-il conclu.