VIE POLITIQUE-
PERSONNALITES- ABDELKADER BENSALAH- PRESIDENT PAR INTERIM
Date de première création: 10-04-2019
12:32
Dernière mise à jour: 10-04-2019 12:32
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Synthèse presse dont Ap , avril 2019
Il a été nommé, mardi 9 avril 2019, président par
intérim, pour 90 jours, lors d'une réunion du Parlement algérien (il y demeurera jusqu’au
jeudi 19 décembre 2019, date de la prestation de serment du nouveau Président
de la République, élu le 12/12/2019, Abdelmadjid Tebbpune) Longtemps resté dans l'ombre, mais
dévoué au système algérien, le président du Conseil de la Nation, Abdelkader Bensalah, remplace temporairement Abdelaziz Bouteflika à
la tête de l'Algérie, une semaine après la démission du président au pouvoir
depuis vingt ans. Au cours de ces trois mois, il aura la lourde charge
d'organiser une nouvelle élection présidentielle, à laquelle il ne pourra pas
participer. "Je vais travailler à concrétiser les intérêts du
peuple", a promis Abdelkader Bensalah devant
le Parlement. Que sait-on de cet homme ?
Un pur produit du régime algérien
et fidèle d'Abdelaziz Bouteflika
Député, ambassadeur, haut fonctionnaire ministériel, sénateur…
Abdelkader Bensalah a multiplié les fonctions
et présidé les deux chambres du Parlement, sans jamais devenir ministre.
Il est président du Conseil de la Nation, chambre haute du Parlement
algérien et équivalent du Sénat en France, depuis 2002, soit trois ans à
peine après le début de la présidence Bouteflika. Son mandat se termine en
2021. Cette fonction lui confère le droit d'assurer l'intérim en cas de décès,
démission ou "empêchement" du président de la République du fait
d'une maladie grave et durable. La décision de le désigner comme
président par intérim est donc conforme à ce que prévoit la Constitution
algérienne.
Cet homme de taille moyenne, au visage rond et à la chevelure
argentée, représentait souvent ces dernières années, en Algérie ou à
l'étranger, Abdelaziz Bouteflika, depuis son AVC en 2013. C'est lui qui
occupait le siège de l'Algérie lors du sommet de la Ligue arabe à Tunis le
31 mars. Il "fait partie intégrante du régime depuis
plus de vingt ans et avait soutenu avec insistance, ces dernières semaines, la
cinquième candidature contestée d’Abdelaziz Bouteflika. Âgé de 77 ans,
il est membre de longue date du Rassemblement national démocratique (RND)
de l'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia,
principal allié du Front de libération nationale (FLN) de l'ex-président
Abdelaziz Bouteflika", détaille LCI.
Sans talent oratoire particulier, c'est un bon serviteur du
système, décrit à l'AFP un homme politique ayant travaillé avec lui, qui
attribue à sa discrétion, entretenue jusqu'à frôler l'effacement, sa longévité
dans les allées du pouvoir. "Se rendre utile au moment
opportun, c'est ce qu'il sait faire, lui qui ne s'exprime que rarement sur des
questions liées à la gestion des affaires de l'Etat",
écrivait de lui le quotidien francophone El Watan en 2015.
Une personnalité rejetée par la rue
"Dégage Bensalah !" et "Système
dégage" : à Alger, des milliers d'étudiants sont descendus dans la
rue mardi. Ils ont scandé ces slogans devant la Grande poste, avant d'être
dispersés par les forces de l'ordre à l'aide de gaz lacrymogène. Car les
Algériens continuent massivement à manifester pour réclamer le départ de
l'ensemble du "système" Bouteflika, dont Abdelkader Bensalah est
issu.
C'est la raison pour laquelle les partis d'opposition ont
boycotté la réunion du Parlement et refusé de valider la nomination
d'Abdelkader Bensalah, mardi. "Cette
personnalité (...) n'est pas tolérée par le mouvement citoyen, qui exige son
départ immédiat, mais aussi par l'opposition et une partie des représentants
des formations politiques de la majorité des deux chambres du Parlement", écrit
dans un éditorial El Moudjahid,
le quotidien gouvernemental, traditionnel vecteur de messages du
pouvoir.
Un journaliste et ambassadeur avant de s'engager en
politique
Abdelkader Bensalah a 18 ans à
peine quand il rejoint les rangs de l'Armée de libération nationale (ALN), qui
combat depuis 1954 l'armée coloniale française. A l'indépendance en 1962, il
obtient une bourse et part étudier le droit à Damas (Syrie), avant de rentrer
en Algérie où il intègre en 1967 la rédaction du quotidien national arabophone El Chaab (Le Peuple), à
une époque où l'Etat détient le monopole de la presse et des médias.
Après
une carrière dans la presse d'Etat, notamment comme correspondant à l'étranger,
il est élu député en 1977. Réélu deux fois, il préside pendant dix ans la Commission
des Affaires étrangères de l'Assemblée populaire nationale. Ambassadeur
d'Algérie en Arabie saoudite de 1989 à 1993, il est ensuite porte-parole du
ministère des Affaires étrangères.
Il fait l'objet d'une polémique sur sa nationalité
Certains de ses détracteurs accusent Abdelkader Bensalah d'être
marocain de naissance et d'avoir été naturalisé algérien dans les années 1960,
ce qui l'empêcherait d'assurer les fonctions présidentielles, même de façon
intérimaire. "La condition pour qu’un responsable occupe le poste de
président de la République est qu’il possède la nationalité algérienne
d’origine. Et lui avait une autre nationalité jusqu’en 1964, année durant
laquelle il a obtenu la nationalité algérienne. Il avait la nationalité
marocaine, ce qui pose un problème", a récemment
estimé Lakhdar Benkhalaf,
député du Front de la justice et du développement (FJD), parti islamiste
d'opposition, cité par LCI.
Né le 24 novembre 1941 dans la région de Tlemcen, près de la
frontière marocaine, Abdelkader Bensalah a
toujours catégoriquement démenti cette vieille rumeur. Car cette polémique
sur ses origines était déjà apparue dans plusieurs médias, dont Le Figaro, en 2013, lors de la
longue hospitalisation à Paris d'Abdelaziz Bouteflika après son AVC.
L'hypothèse d'un intérim avait été évoquée à ce moment-là sans être
concrétisée. "Si vous voulez savoir qui je suis, allez au village
de Mahrez, daïra
de Fellaoucène, ouvrez
les registres de l’état civil de la commune et interrogez ceux que vous
voulez", avait lancé Abdelkader Bensalah à El Watan en
2013. Des propos que le quotidien vient d'exhumer.