FINANCES – FINANCES PUBLIQUES - COUR DES COMPTES- RAPPORT 2019 (SYNTHESE
PRESSE)
Tel que le lui permettent ses
attributions, et après avoir été littéralement «empêchée» de publier ses
rapports pendant 20 ans, la Cour des comptes a recouvré son droit de rendre
publics les chiffres relatifs à la gestion des deniers de l’Etat.
C’est un rapport en principe incontournable tant il synthétise les principaux
constats, les observations et les principales recommandations relatifs à la
gestion des deniers et du patrimoine de l’Etat que la Cour des comptes se doit
d’établir pour ensuite les adresser aux autorités du pays. Un rapport annuel
qui doit être rendu public, comme mentionné dans l’article 16 de l’ordonnance
de la Cour des comptes, mais il se trouve que ce rapport n’a été porté à
l’attention du public que deux fois dans l’histoire de la Cour des comptes, et
les deux publications l’ont été antérieurement à l’arrivée de Bouteflika au
pouvoir en 1999, lors du court règne de Liamine Zeroual, pour être plus précis.
Quoi qu’il en soit, il y a quelques mois, lorsque les langues se sont mises à
se délier, après la destitution de Bouteflika, le président de la Cour des
comptes reconnaissait sans trop se faire prier que la non-publication des
rapports annuels est un état de fait qui a eu comme effet de «couper une
relation importante pour la Cour : la relation avec le citoyen qu’elle informe
par le biais de ce rapport annuel». Ainsi, conformément aux dispositions de
l’article 54 de l’ordonnance n° 95-20 du 17 juillet 1995, modifiée et
complétée, relative à la Cour des comptes et de l’article 66 du décret
présidentiel n° 95-377 du 20 novembre 1995, complété, fixant le règlement
intérieur de la Cour des comptes, le rapport annuel a été adopté en date du 9
juin 2019, par le comité des programmes et des rapports présidé par Abdelkader Benmarouf, le président de la Cour des comptes, et
désormais publiés dans le Journal officiel n°75 daté du 4 de ce mois. Précision
de taille : le rapport en question s’est attelé à décortiquer sous toutes ses
coutures l’exercice 2017.
Il ressort de ce que la Cour des comptes appelle «l’exécution de programme de
contrôle 2017» que cela s’est traduit par l’établissement de 936 rapports de
contrôle, contre 1137 en 2016, qui se répartissent entre 144 rapports de
contrôle portant sur la qualité de la gestion, 792 rapports à fin d’apurement
des comptes de gestion des comptables publics. Ceci en plus de 1528 actes
rendus, relevant et de ses attributions administratives et de ses compétences
juridictionnelles. Parmi cette somme d’actes, il est fait état de 51 rapports
circonstanciés en vue de la saisine de la Chambre de discipline budgétaire et
financière (CDBF), provenant en majorité des chambres territoriales de la Cour.
Les infractions les plus récurrentes, note le rapport, concernent la violation
par les ordonnateurs des budgets de fonctionnement et d’équipement, des
dispositions législatives et réglementaires régissant l’utilisation et la
gestion des fonds et des moyens matériels publics. Autre révélation notable :
il est fait état de 33 rapports circonstanciés consignant des faits
susceptibles de qualification pénale, destinés à être transmis aux procureurs
généraux territorialement compétents.
Le contenu du rapport annuel 2019, que la Cour des comptes adresse au président
de la République, au président du Conseil de la Nation, au président de
l’Assemblée populaire nationale et au Premier ministre, conformément aux
dispositions de l’article 192 de la Constitution, comprend 18 notes d’insertion
reprenant les principaux résultats des travaux d’investigation réalisés en
exécution de son programme de contrôle de 2017. Ces notes, nous apprend le
rapport, mettent en exergue les constatations, les observations et les
appréciations les plus significatives portant sur les conditions de gestion des
ressources financières, moyens matériels et fonds publics par les entités
contrôlées. Ces dernières englobent des administrations centrales et des
services déconcentrés de l’Etat, des collectivités locales et des organismes et
établissements publics de différents statuts juridiques.
Les notes d’insertion ont mis en évidence de nombreux dysfonctionnements, manquements
et carences qui entachent la gestion des entités contrôlées et qui ne sont pas
sans conséquences sur la réalisation de leurs missions et l’atteinte des
objectifs qui leur sont assignés.
Ont été également relevées des insuffisances dans la conception et des
défaillances dans la mise en œuvre des programmes d’équipements publics à
l’instar des projets de mobilisation des ressources en eau et ceux relatifs à
la réalisation des infrastructures et équipements destinés à la Protection
civile ainsi que le programme de formation des enseignants des cycles primaire
et moyen de l’éducation nationale. En outre, ce rapport, riche de plus de 400
pages, n’a pas manqué de réitérer les constatations et recommandations
signalées dans les rapports annuels précédents de la Cour des comptes,
particulièrement en matière de gestion, par les collectivités locales, du
patrimoine immobilier productif de revenus, du service public de gestion des
déchets ménagers et assimilés et d’informatisation de l’état civil, nous apprend
la Cour des comptes dans son rapport 2019. Rapport, doit-on le mettre en
exergue, structuré en quatre parties, trois consacrées respectivement au budget
et aux administrations de l’Etat, aux collectivités territoriales, aux
établissements et entreprises publics, et une quatrième partie réservée aux
données relatives aux moyens financiers et aux ressources humaines de la Cour
des comptes, à la coopération internationale, ainsi qu’aux activités majeures
qui ont marqué la vie de l’institution durant cette période.