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POLITIQUE – DOCUMENTS POLITIQUES- ELECTION PRESIDENTIELLE 12/12/2019- DEBAT
TELEVISE- DETAILS TECHNIQUES
Débat télévisé: Dans les coulisses du
«face-à-face»
(c) par Ghania Oukazi/Le Quotidien d’Oran,
dimanche 8 décembre 2019
Une première en Algérie, le face-à-face qui a
opposé les 5 candidats à la magistrature suprême a été pratiquement plombé par
des instructions strictes de respect du principe de l'équité et de
l'impartialité.
En effet, des consignes fermes ont été données en particulier aux quatre
journalistes qui ont modéré le face-à-face qui a réuni vendredi dernier les 5
candidats au CIC. Consignes pour ne faire «aucun geste» qui risquerait de
remettre en cause le principe en question dans cette «première» politique et
médiatique qui a marqué un contexte national où tout peut être considéré comme
un parti pris.
Dans les coulisses de ce premier face-à-face qui s'est déroulé dans une Algérie
houleuse, les nerfs étaient à vif. C'était le cas en évidence de l'équipe
technique qui s'est occupée de mettre tout en œuvre en un temps record. Selon
les professionnels de la scène et des studios de ce genre d'émission, «tout a
été fait selon les normes universelles». L'un d'entre eux -un Tunisien-
concerné par la préparation de l'événement l'affirmait aux journalistes
auxquels ils devaient expliquer la feuille de route de l'émission. «Nous, en
Tunisie, nous avons préparé le face-à-face avec les deux candidats en plusieurs
jours, les Algériens l'ont fait en à peine 8 jours, c'est un véritable
exploit», a-t-il dit.
Les quatre journalistes devaient faire très attention à leur gestuelle, leurs
mimiques et leur manière de poser les questions jusqu'à s'empêcher même de
sourire pour ne laisser aucun doute sur l'impartialité et l'équité qui ont été
imposées comme règle majeure de ce «jeu» électoral des temps modernes. Face aux
5 candidats qui étaient debout derrière leur pupitre et derrière les quatre
journalistes assis deux par deux (télévision et presse écrite), avaient pris
place le président de l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE)
ainsi que plusieurs de ses membres.
L'œil scrutateur de l'ANIE et de l'huissier de justice
Tous suivaient de très près le moindre détail de l'émission, soutenus dans
cette tâche par un «scrutateur» incarné par un huissier de justice. Tous
suivaient en direct et de l'intérieur du studio le «bon» déroulement de
l'émission.
Les journalistes devaient s'astreindre à un règlement qui leur a été remis par
écrit un jour avant la tenue du face-à-face. Intitulé «Règlement fixant les
modalités du débat télévisé prévu avant le premier tour entre les candidats aux
élections à la présidence de la République du 12 décembre 2019», l'«objet»
précise que «le débat télévisé qui était organisé par l'Autorité Nationale
Indépendante des Elections (ANIE) est prévu avant le premier tour entre les
candidats aux élections à la présidence de la République du 12 décembre 2019».
Dans le détail, le règlement en question impose que « Le dit débat télévisé
organisé au CIC consiste en une émission télévisée qui sera diffusée en direct
et aura pour intitulé: « » ou «La voie vers le changement». Il est retransmis
par tous les médias audiovisuels nationaux autorisées à exercer.
A propos du «Contenu du débat télévisé», il est souligné que «Lors de cette
émission quatre (04) thèmes seront déclinés sous forme de 13 questions
adressées aux candidats. Pour chaque question, le candidat disposera d'un temps
de réponse de deux minutes. Une quatorzième et dernière question portera sur
les attentes du peuple algérien. Le temps de réponse à cette dernière question
est de 03 minutes ». Les thèmes abordés porteront sur les volets suivants : le
domaine politique (gouvernance, libertés publiques et individuelles), les
domaines social et économique, les domaines de l'éducation, de l'enseignement
et de la santé, le domaine de la politique étrangère. Au titre du principe de
«régulation du débat», il est souligné que «les options techniques et artistiques
adoptées pour ce débat respectent le principe d'égalité entre les candidats ».
Des consignes strictes
Concernant les candidats: le débat est soumis au tirage au sort pour déterminer
la disposition des candidats sur le plateau et le premier candidat à prendre la
parole pour la première question ; il sera suivi des autres candidats selon
disposition de droite à gauche, et il en résultera également une détermination
des premiers à prendre la parole lors des autres questions. Par ailleurs, la
dernière question au débat sera soumise à un tirage au sort déterminant l'ordre
de réponse des candidats. Les candidats s'engagent durant le débat à respecter
l'ensemble des règles édictées par la charte éthique des pratiques électorales,
qu'ils ont approuvée. Le débat commence à l'heure prévue, chaque candidat
devant se présenter sur les lieux une heure et demie avant le début de
l'émission. Aucun candidat ne peut accéder au plateau après le démarrage de
l'émission. Le même accueil sera réservé à l'arrivée et à la sortie pour tous
les candidats (pas de selfie, etc.). Chaque candidat peut être accompagné de 10
personnes de son choix.
Un espace d'accueil et de suivi du programme et de concertation avec les
candidats leur est réservé à proximité du studio. Les membres du dispositif de
sécurité rattaché aux candidats ne sont pas autorisés à accéder aux locaux
abritant l'évènement.
L'ensemble des personnes prenant part à l'émission doivent se séparer de leurs
téléphones portables lorsqu'ils accèdent au studio, y compris les candidats.
Des vestiaires sont dédiés à cet effet. Concernant les modérateurs : le débat
sera modéré par quatre (04) journalistes sélectionnés par l'Autorité nationale
indépendante des élections relevant d'une chaîne TV publique , une chaîne TV privée, un quotidien national
arabophone (nte : El Khabar) et un quotidien national francophone . Un
journaliste de l'EPTV, un journaliste de la chaîne de télévision El Bilad, un
journaliste du quotidien arabophone El Khabar, un journaliste du quotidien
francophone Le Quotidien d'Oran (note : Ghania Oukazi) .
Quand le ton libre s'impose la rigidité
Les modérateurs auront pour seul rôle de poser les questions dans le temps
imparti qui ne doit pas excéder 30 secondes par question. Les modérateurs sont
tenus à la stricte neutralité dans la manière d'adresser les questions et de
mener le débat, jusque et y compris les formes non linguistiques, comme les
gestes et les expressions du visage. Ils sont tenus de se conformer aux
questions sélectionnées par l'autorité indépendante sur la base des différentes
propositions formulées par un panel de journalistes, préalablement consultés,
qui leur sont remises une demi-heure avant l'entame du débat. Ils éviteront par
ailleurs de polémiquer avec les candidats ou de commenter leurs réponses.
Le déroulement du débat: à l'entame de l'émission, les
règles du débat seront explicitées par deux modérateurs.
Un signal sonore est prévu pour aider le candidat à connaître la durée restante
de son temps de parole lorsqu'il ne lui reste plus que 10 secondes et un signal
sonore plus intense lorsque le temps de parole du candidat est dépassé. Un
huissier de justice est préalablement requis par le président de l'Autorité
indépendante afin de superviser l'opération de tirage au sort en présence des
représentants des candidats, et veiller au respect des règles édictées dans le
présent règlement. L'huissier de justice sera accompagné d'un représentant de
l'ANIE.» Les spécialistes algériens de la Com n'avaient de cesse de répéter aux
journalistes jusqu'à la dernière minute avant le direct « aucun sourire, aucun
geste vers un candidat, restez sobre même austère, répétez les questions sur le
même ton, lisez-les lentement, n'approuvez de la tête aucune réponse d'aucun
candidat, ce sont les règles de l'équité».
Le stress n'a pas manqué. Il pesait notamment sur des journalistes au ton
habituel libre et vif qui s'imposaient le temps d'un face-à-face une rectitude
sans pareille. Il fallait qu'ils tiennent ainsi 3 longues heures et 16 minutes,
le tout en direct. Pour une première, ça en a été une à tous les niveaux et
dans les sens. Dont acte.