ECONOMIE- ENTREPRISE- ENTREPREUNARIAT FÉMININ- INDICE
MASTERCARD, MIWE 2019
En dépit des efforts déployés par les
pouvoirs publics pour donner aux femmes l’opportunité d’accéder au monde des
affaires à travers la création de leurs propres entreprises, les chiffres
montrent que le nombre de femmes managers reste en deçà de la norme, même s’il
a enregistré « une évolution positive « de 25% durant les cinq dernières
années, selon les statistiques de l’association des femmes chefs d’entreprise
Savoir et vouloir entreprendre (SEVE). Selon ces dernières, notre pays
comptait, en 2018, quelques 150 000 femmes chefs d’entreprises (hors
professions libérales et activités agricoles), sur un total de plus de 1,96
million de chefs d’entreprises, soit 7,6% de la population d’affaires. Cette
faiblesse dans les performances vient d’être mise en avant dans les récents
indicateurs de l’Indice Mastercard de l’entreprenariat féminin (MIWE) 2019 qui
précisent que « seulement 7,3% du total des entreprises en Algérie sont détenues
par des femmes. Les données publiées mercredi, soulignent que le taux de femmes
propriétaires d’entreprises, dans notre pays, est considéré parmi les plus
faibles dans le monde, bien que devançant des pays comme l’Iran, l’Egypte le ou
encore l’Arabie saoudite. Selon le classement, l’Algérie intervient derrière
l’Inde (7,4%), les Emirats Arabes Unis (7,7%), la Turquie (9,2%) et la Tunisie
(10,9%). En fait, plusieurs contraintes et blocages auxquels font face les
femmes sont à l’origine de ce résultat qui est loin de refléter le potentiel
intellectuel féminin ou encore ses capacités en matière de management
d’entreprises. Outre les difficultés inhérentes essentiellement aux procédures
administratives, au manque de formation dans les procédures managériales, et à
la problématique d’accès au financement, il est également question de
considérations sociales qui font que la femme rencontre des obstacles à son
épanouissement économique. D’autres enquêtes réalisées sur l’entrepreneuriat
féminin en Algérie, notamment par la Fondation des femmes de l’Euro-méditerranée, ressortent une multitude de facteurs qui
limitent les possibilités des femmes algériennes à entreprendre. «Les plus
grands défis auxquels font face les femmes désirant créer une entreprise sont la
peur de se lancer lié à l’image négative des femmes entrepreneures dans la
société, les faibles moyens financiers et le manque de soutien de l’entourage.
Outre le contexte social et culturel qui, en général, n’encourage pas
l’autonomisation des femmes, il y a un manque de formation en gestion
d’entreprise qui conduit à des difficultés pour fidéliser la clientèle», relève
l’analyse publiée le 25 janvier 2019. Dans le même contexte, le Centre de
recherche en économie appliquée pour le développement (Cread)
a publié récemment un document consacré à «l’entrepreneuriat féminin en
Algérie», dans lequel il souligne que l’analyse de cette question «soulève des
questions contradictoires». L’analyse qui se base sur des enquêtes menées par
le Cread, ainsi que des données de l’Office national
des statistiques (ONS) et de celles du Global Entrepreneur Monitor (GEM)
indique que les femmes représentaient 17,8% de la population occupée totale,
mais leur poids dans le chômage est de 32,4% (ONS 2018). «Rapporté au nombre global
d’entrepreneurs du pays, l’entrepreneuriat féminin a représenté le taux de
13,4% en 2003 pour atteindre 20,1% en 2004 et retomber de manière irrégulière
au taux de 11,4% en 2018», relève le Cread. Aussi,
l’année 2018 a enregistré le taux le plus faible en matière d’entrepreneuriat
féminin au cours des deux dernières décennies». Il s’agira par conséquent, de
développer la recherche sur l’entrepreneuriat féminin, faciliter l’accès des
femmes entrepreneures aux sources de financement, encourager les femmes
d’affaires à développer leurs activités, consolider les dispositifs
d’accompagnements pour favoriser l’émergence de ces femmes dans le monde des
affaires et la sphère économique en général, et enfin faire de sorte que
l’accompagnement de ces femmes entrepreneures se fasse en amont et en aval du
projet.