HISTOIRE- PERSONNALITÉS- TAZOUGAGHETH FATMA
Date de première création in
Histoire/Résistance : 24-05-2008 14:30
Dernière mise à jour: 21-07-2008 17:56
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Selon la légende aurassienne, Tazougagheth Fatma est née aux environs de 1530 et est
morte en 1605.
A Ticherchiouine, localité située dans la commune de Taxlent, dans la daira de Merouana, à 80 kilomètres de la capitale des Aurès , Batna,
son petit fort , aujourd'hui délabré, subsiste encore.
La reine possédait des refuges en pleine montagne et aurait vécu aux alentours
de la fameuse grotte Ouchtouh. Elle a donné son nom à
la tribu des Ouled Fatma. Descendante d'Imouren, un noble général ayant servi dans l'armée de Tarek
Ibn Ziad, cette femme aurait possédé
, entre autres, un lion, un cheval blanc et un loup blanc.
Prêtresse, guerrière (elle a remporté une victoire sur le roi marocain Dordj H'Mam et son nom est
mentionné dans les poèmes du poète marocain El Majdoub),
poétesse, elle aurait initiée la danse chaouie . La chanteuse aurasienne Lala Zeka Zikouna (Khoukha
Boudjenit), née en 1880 et décédée en 1963, a loué
dans une de ses chansons berbères, Fatma Tazougaghet
("Jadis, il y avait une femme, elle s'appelait Fatma Tazougaghet,
son cheval était blanc, elle tissait un burnous pour son fils…" " Zik Thela Tamethouth, Ismeness Fatma Fatma Tazougagheth, Netath Chemali is amelal, Thela naalaou
nimemiss Oudani Tazridh Amokrane Theroual Outhbaadas").
Mère de 17 enfants, récitant le Coran par cœur, elle savait aussi
guérir les maladies par l'usage des herbes sauvages dont elle reçut le secret
de sa mère.
ARTICLE COMPLEMENTAIRE
(c) Kamel Bouslama/El Moudjahid, samedi 23/11/2019
«Douceur de lune
/ Brise des montagnes / Dites à Fatma la rousse / De sortir égayer / Le silence
des nuits» (Poème populaire chanté en hommage à Fatma Tazoughert).
Pourquoi Fatma
la rousse ? Parce que L’existence de cette femme, en l’occurrence
guerrière redoutable (1544-1641), est révélée par la tradition orale qui
l’affuble du surnom de Tazoughert, lequel signifie
«la rousse».D’ailleurs la poétesse populaire Khoukha Boudjenit, morte en 1963, dont les paroles sont toujours
chantées par les «Rahaba» (groupes folkloriques aurésiens) évoque, avec une immense vénération, cette reine
prêtresse pour laquelle «L’azrif» (L’argent) a été
travaillé» et dont «les réserves ont été remplies d’orge, d’huile d’olive, de
miel et de blé». Le poème en question a été conservé dans «l’anthologie de la
littérature algérienne d’expression amazighe», œuvre collective publiée sous la
direction de l’écrivain et chercheur Lounès
Abderrahmane.
La vie de Fatma Tazoughert est ainsi relatée à travers des poèmes et des
chansons du terroir chaoui qui font d’elle une reine
«rousse et belle». Selon la tradition orale de la tribu des Ouled
Fatma de Merouana, elle serait née en 1544 et morte
en1641 dans la montagne de Hitaouine (Belezma, dans les Aurès). Prêtresse et reine d’une
confédération tribale des Aurès, elle réussit, sous son règne, non seulement à
unir plusieurs groupes berbéro-arabes, mais à perpétuer le matriarcat en
désignant uniquement des femmes au sein du conseil des sages.
Descendante d’Imouren, un général berbère ayant servi en qualité de
lieutenant de Tarek Ibn Ziyad, fondateur de
l’Andalousie, c’est aussi la trisaïeule de Bouthaàlaweth,
l’inventeur du canon léger en bois de chêne (1908), et de H’ména
Zéqun, fabricant des tromblons et fusils à clous
(...). Elle entretenait des relations commerciales avec les chrétiens et les
juifs et tissait les tapis, les burnous (Ajridi) avec
habileté, grâce et adresse. Fatma Tazoughert aurait
même, entre autres, possédé un lion, un cheval blanc et un loup blanc, ou «ouchen amallal». Selon la
légende, ce dernier, ayant senti venir la mort de sa maitresse, la pleura toute
la nuit en émettant de tristes et stridents hurlements.
Une habile cavalière et une redoutable
guerrière
Dompteuse
de lions, tout comme Sidi Boumédiène, Fatma Tazoughert aurait été une habile cavalière et une
redoutable guerrière, dont la victoire -à la tète de son armée- sur le non
moins mythique roi marocain Dordj H’mam
est mentionné dans les vers du grand poète marocain El Medjdoub,
selon l’auteur du livre «L’histoire, les Aurès et les hommes». Mère de dix-sept
enfants, cette femme fière et altière, récitait le coran par cœur et savait
guérir les maladies par l’usage des herbes sauvages -la phytothérapie-, dont
elle reçut de sa mère les secrets. Cette dernière -Adhfella-
l’avait en effet initiée à la sélection des plantes et aux soins à prodiguer
aux malades et blessés. Ce qui n’empêcha pas Fatma Tazoughert
d’être une bonne mère : elle eut, dit-on, dix-huit enfants.
Unique femme,
dit-on aussi, qui, bien des siècles après la Kahina,
ait régné avec majorité sur les Aurès et perpétué le matriarcat, on la retrouve
partout dans les «Rahabas» et les contes. Aimante
pour ceux qui lui obéissaient, guerrière redoutable et sans cœur pour ceux qui
n’obtempéraient pas à ses ordres, cette reine, pour exalter le respect de la
discipline, alla même jusqu’ à sacrifier ses deux frères. Elle fit, en effet,
exécuter son frère Zoltan et poussa à l’exil Sellam son
cadet, qui contestèrent certaines de ses décisions (...) Guerrière redoutable,
ne cesse-t-on de souligner, elle avait un sens de l’organisation et du
commandement à la tète de ses troupes (...).
Fatma Tazoughert restait ainsi libre tout en dirigeant la
multitude et avait un incontestable ascendant sur le grand Aurès,
jusqu’aux confins de M’sila, au sud-ouest et Tébessa
au nord-est. Sa forte personnalité et son instruction avaient fait d’elle une
femme crainte, prêtresse admirée, jouissant d’un grand prestige grâce à
sa culture ancestrale. Selon certaines sources orales, elle serait l’ancêtre de
la tribu des Ouled Fatma, habitant jusqu’à
présent les régions de Merouana, Ras Tayoun, N’gaous et Taxlent. Toutefois, d’autres versions issues de la tradition
orale font remonter la lignée de cette tribu aux Fatimides, dont la dynastie
doit sa fondation au concours des tribus berbères de l’Est algérien.
En dépit des
affres du temps et grâce à la mémoire collective et à la poésie populaire, son
souvenir s’est immortalisé et a pu voyager à travers les siècles. Ainsi, en lui
tissant contes et poèmes, ses héritiers pérennisent à ce jour et sauvent de
l’oubli cette figure o combien emblématique à l’échelle nationale, voire
nord-africaine.