VIE POLITIQUE- PERSONNALITES-
BOUDIAF MOHAMED
Mohamed Boudiaf est né le 23 juin 1919 à Ouled Madi dans l'actuelle wilaya de M'Sila en Algérie. Après avoir effectué ses études à M'sila,
il devient fonctionnaire dans l'administration1. Adjudant dans l'armée
française en 1942 pendant la Seconde
Guerre mondiale, il est commis au service des contributions
à Djileli
, puis est envoyé sur le front
en Italie où il participa à la bataille de Monte Cassino. Après les massacres de Sétif de 1945, il s'engage dans le
mouvement nationaliste , et adhère au Parti du peuple algérien (PPA) ,puis participe à la création de l’Organisation spéciale (OS), branche armée
secrète du Mouvement pour le triomphe des
libertés démocratiques (MTLD)1. Vers la fin de 1947, il en
constitue une cellule pour le département de Constantine. L'OS est démantelée par
la police
française en
1950, et avec les autres membres dirigeants de l'organisation, il est jugé et
condamné par contumace pour ses activités militantes. En 1952, il est muté en France par
le MTLD où il milite au sein de
la communauté algérienne.
Il rentre en Algérie en mars 1954 et crée,
avec d’autres militants, qui devinrent les « chefs historiques du
FLN », avec pour objectif l'indépendance de
l'Algérie par la lutte armée, le Comité révolutionnaire d'unité et
d'action (CRUA) dont il est élu président lors
de la réunion qui s'est tenue dans une modeste villa
du Clos
Salambier appartenant à Lyès Deriche
Par la suite, il fait partie,
une nouvelle fois comme coordonnateur général du « groupe des 22 »,
qui organise la préparation de la lutte armée désormais certaine. Titulaire de
la carte no 1 du Front de libération nationale (FLN), créé pour rassembler dans la lutte les différentes forces
nationalistes, il est décidé comme date du déclenchement des
« hostilités » le 1er novembre 1954 — date qui marque le début de la guerre d'Algérie.
À l'issue du Congrès de la Soummam, en août 1956
il devient membre du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA). Le 22 octobre 1956, il est arrêté, avec d'autres chefs du
FLN, par l'armée française à la suite du
détournement de l’avion civil marocain qui le menait vers la Tunisie. Il dirige alors depuis sa
prison la fédération de France du FLN et est nommé en 1958 ministre d’État
du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), à sa création, puis vice-Président
en 1961. Il est libéré le 18 mars 1962 après les accords d'Évian.
À l'indépendance en juillet 1962, il
entre en désaccord avec Ben Bella, soutenu par le commandement
de l'Armée de libération nationale (ALN) de l'extérieur, qui crée un bureau politique du FLN pour
remplacer le GPRA. Le 20 septembre 1962, alors que le bureau politique
constitue la première assemblée nationale algérienne, Mohamed Boudiaf fonde en
opposition son propre parti, le Parti de la révolution socialiste (PRS). Le 23 juin 1963, il est arrêté puis séquestré à Tsabit dans le Sud algérien où
il entame une grève de la faim avec ses compagnons de cellule. Il sera détenu
avec 3 autres prisonniers durant plusieurs semaines avant d'être transféré
vers Saïda. Il réussit à faire passer une
lettre à sa famille où il dénonce sa séquestration ; l'affaire est
médiatisée. Il est transféré une dernière fois près de Sidi Bel Abbes. L'exil vers la Suisse lui est
proposé mais il refuse. Il prend position contre la nouvelle constitution et la
politique du régime. Condamné à mort en 1964 par le régime Ben Bella, il quitte
l'Algérie et rejoint la France puis le Maroc. Il œuvre au sein de son parti, et
anime à partir de 1972 entre la France et le Maroc plusieurs conférences où il
expose son projet politique pour l'Algérie, et anime une revue
. Son livre Où va l'Algérie, qui livre un témoignage sur
l'après-indépendance et la prise du pouvoir par les militaires, résume ses
propositions politiques. En 1979, après la mort de Houari Boumedienne, il dissout le PRS et va se consacrer à ses activités professionnelles
en dirigeant à Kénitra au Maroc une briqueterie.
Le 16 janvier 1992, après la démission du
président Chadli Bendjedid (au soir du 11 janvier), il revient en Algérie. Alors que le FIS, parti islamiste, emporte une large majorité
au 1er tour des élections législatives, Chadli Bendjedid, après avoir dissous l'Assemblée nationale et
laissé un vide constitutionnel, démissionne et le Haut conseil de sécurité (HCS)
annule les élections. Mohamed Boudiaf est rappelé en Algérie pour devenir le
président du Haut Comité d’État, en charge
provisoire des pouvoirs de chef de l'État. Par son long exil, il apparaissait
en effet paradoxalement comme un homme neuf, non impliqué dans les tribulations
du régime algérien et donc susceptible de sortir le pays de l’impasse.
Souhaitant une Algérie démocratique tournée vers la modernité, il disait
vouloir mettre fin à la corruption qui gangrenait l'État.
En juin 1992, il lance un nouveau
parti politique, le Rassemblement patriotique national7. Au même moment, il envisage
de limoger certains caciques et de lancer une purge anticorruption.
Le 29 juin 1992, Mohamed Boudiaf est assassiné au cours d'une conférence
des cadres qu'il tenait dans la ville d'Annaba . Un sous-lieutenant
du Groupement d'intervention spécial (GIS), Lambarek Boumaarafi, jeta une grenade pour faire diversion et tira à bout portant sur le
président le tuant sur le coup. La motivation de son assassinat est sujette à
controverse, entre la piste d’une action isolée commise par un militaire ayant
des sympathies islamistes et celle d’un complot plus vaste impliquant des
généraux de l'armée.