VIE POLITIQUE- OPINIONS ET POINTS
DE VUE- HIRAK- ALI HADJ TAHAR
© Quo vadis
XII (samedi 2 novembre
2019/ in Facebook)
“La
majorité écrasante du Hirak II se compose de la
classe moyenne et de la classe aisée. Évidemment en son sein il y a plein de
FIS, de MAK, de protestants évangéliques, de gens sincères qui ne savent pas si
Marx est protestant ou catholique, si Rousseau est psychiatre, si Spinoza est
un cosmonaute, plein aussi de révolutionnaires "romantiques", de
révolutionnaires de la 25e heure, d’agents de la 3issaba qui ne veulent pas d’apaisement
ni de calme afin de ne pas être touchés par la justice, ou afin d’influer sur
la justice… Tous vendredisent la main dans la main,
du moins côte à côte, dans un compagnonnage étrange, au point qu’Einstein
perdrait ses maths à cause d’une association de forces aussi opposées et
contradictoires… Et même Marx, qui a souvent su concilier les forces ―
comme le prolétariat et la bourgeoisie contre la monarchie et l'État féodal,
par exemple ― y verrait une hérésie.
Le but des gens sincères parmi ceux-là est d'instaurer la
"démocratie". Noble. Mais ils ne disent pas quelle démocratie, car
ils ne savent pas qu'il y a autant de démocraties que de pays démocratiques ou
désignés comme tels. Celle des riches ou celle des pauvres ? Car en dehors des anciennes
démocraties populaires à Cuba et en Chine, il y a deux types de démocraties
dans le monde occidental, celle de l’État-providence qui protège un tant soi
peu le faible, et celle qui laisse la machine capitaliste broyer les démunis.
Beaucoup veulent une démocratie à l’américaine, à la française, celle que
l’opposition vénézuélienne veut imposer à Maduro,
celle du néolibéralisme qui fait que 1% de la population mondiale est plus
riche que les 99% restants (rapport de l'Oxfam, 2016). C’est pour cela que le Hirak parle d’islam, du FIS, du MAK, de berbérisme, de
drapeau amazigh, de séparatisme, de laïcité, de liberté de religion, de dégagisme mais il ne parle jamais des droits des
travailleurs, de l’appartenance étatique des richesses du sous-sol, de droits
sociaux, du droit aux soins et à l’éducation gratuits… Ce sont là les
caractéristiques des révolutions de couleurs, les révolutions de Soros et de la CIA.
Et des professeurs d’université, certains de sciences politiques, font partie
de ces dégagistes, de ces yetnahaw
ga3, en exigeant une démocratie en urgence. Ces professeurs croient qu’on peut
avoir une démocratie d’un claquement de doigts, juste avec une constituante ou
en renversant la table du pouvoir pour mettre de nouvelles têtes. Ils ne
connaissent ni Ralf Dahrendorf ni les scientifiques
qui ont traité de la démocratie et des étapes de la transition dont la durée
prend des décennies, à une vitesse variant selon les domaines. Dahrendorf explique que « si, en principe, on peut achever
l’établissement des bases et institutions primaires de la démocratie politique
et effectuer le passage à l’économie de marché en six ans, la (ré)émergence d’une société civile indispensable pour le
fonctionnement efficace de la démocratie prend toute une génération,
c’est-à-dire soixante ans » (M. Heiki Sibul).
Nos spécialistes algériens (dont des sociologues!!!) réinventent le concept
d’"État civil" car ils ne connaissent ni Samuel P. Huntington ni les
autres spécialistes de la sociologie militaire qui traitent de la relation
civils-militaires en politique, et du Civilian
control of the military. Il est logique qu’Ali
Belhadj ne connaisse pas le concept de Contrôle civil du militaire (inventé par
Huntington en… 1957) et qu'il refuse d’utiliser le terme de démocratie qui
n’est pas compatible avec la dawla islamiyya et la choura. Il a alors donné un nouveau sens au
terme "État civil"... Mais que des professeurs d’université le
suivent…
Le fait que des profs de journalisme, de sociologie et de sciences politiques
ne connaissent pas le concept de "Contrôle civil du militaire" et
parlent d'"État civil" est désespérant! »
Note : Samuel P. Huntington,
The Soldier and the State: The Theory and Politics of Civil-Military Relations,
1957.
Mon
livre, "L'Algérie sans Boutef", sera prêt
dans un mois, j'espère. Un truc lourd, comme d'hab.