TRANSPORTS-
MER- PHARES D’ALGERIE- HISTOIRE
En Algérie, ils sont 25 sur 1200 km de côte. Pour les
non-initiés, il serait très difficile de comprendre comment les bateaux
arrivent à se repérer, à l’approche de la côte, la nuit sans percuter de la
roche ou se tromper de point d’accostage.
Si aujourd’hui, dans certains pays, il y a des systèmes de
guidage par satellite qui peuvent guider les bateaux au millimètre près, rien
ne pourra, pour autant, remplacer les phares, qui sont les indicateurs
principaux pour les commandants de bord, dès qu’ils s’approchent des côtes.Quelques exemples :
Cap Carbon, le plus haut du monde
Le cap est une tête insulaire et toute en protubérances, qui
tend dans l’eau une sorte de cou hérissé de roches blanches, de pins maritimes
et de maquis. Le dôme aux pans abrupts, dressé en avant de la côte comme né
d’une poussée sous-marine, penche dans l’autre sens puis monte en direction du
Parc national de Gouraya dont il est le prolongement.
Sa base, que fouette l’écume, est percée de part et d’autre par
des arches qui fixent l’un des traits naturels caractéristiques de la région
sur les bonnes vieilles cartes postales. «Peu d’endroits de la mer Méditerranée
sont d’un effet aussi surprenant, aussi beau que la vue sur l’extrémité du Cap Carbon», écrit Luis Salvator De Hasbourg,
archiduc d’Autriche dans son livre Bougie, "La perle de l’Afrique du
Nord", réédité par L’Harmattan en 1999.
Difficile quand même de croire que, bien des lustres après
l’érection par Ptolémée II du fameux phare sur l’île de Pharos dans l’ancienne
Egypte (285 av. J.-C.), l’antique Saldae, où tous les
temps s’étaient conjugués avec l’activité navale, pas seulement dans
l’imaginaire prolixe de la postérité, n’a pas eu sa sentinelle lumineuse, ou
une ancêtre équivalente, en des âges autrement plus précoces.
Bien avant les Français, les Béjaouis
se sont distingués parmi les corsaires les plus redoutés, rapporte l’illustre
Ibn Khaldoun. Pedro Navaro,
un nom aux consonnes prédestinées, a conduit les compagnies espagnoles, pour
l’installation de comptoirs coloniaux. Le roi Charles Quint, conquérant parmi
les conquérants, au nom de la Monarchie universelle, lui venait en renfort en
cette citadelle tant convoitée. Puis les attaques turques conduites par le
mythique Arroudj…
Autant de monde qui, à une étape donnée de l’histoire, a pris la
mer pour prendre Béjaïa. Les techniciens de l’Office
national de signalisation maritime (ONSM) apprennent donc que l’érection du
phare a été amorcée vers 1870, en cette même période où le port de Béjaïa fut érigé en port de guerre, par une administration
française qui n’a pas hésité à exploiter des autochtones et qui comptait bien
amarrer le sud de la Méditerranée au destin de la métropole.
Le phare de Ras El Afia
Communément appelé Grand phare, il a été construit en 1867.
«C’est un rocher illuminé par l’homme et les oiseaux». C’est par
ces quelques mots consignés dans le Livre d’or du phare qu’un
architecte-paysagiste a résumé ses impressions après son passage en ce lieu
incontournable pour tout visiteur de la région. Ras El Afia,
l’enchanteur, à l’ouest de Jijel.
Phare de l’îlot d’Arzew
Il est situé sue le côté ouest du golfe d’Arzew, au nord-est du
port, sur le point culminant de l’îlot. C’est une tour cylindrique en
maçonnerie lisse formant un groupe avec des bâtiments de service.
Le phare de Cherchell
C’est un monument qui jaillit au milieu d’un îlot. Le phare de
Cherchell ne peut pas échapper aux regards. Sa construction remonte à 1881.
La maçonnerie, qui a façonné ce phare d’une hauteur de 28,60 m à
partir du sol, démontre tout le génie de ses concepteurs. Partir de cette
hauteur, la portée lumineuse de ce magnifique phare avoisine 50 km, plus
exactement 25 milles nautiques.
L’écueil de la Salamandre
C’est sur la pointe rocheuse ouest de Leghrifat
du cap Afia, une langue de terre qui avance en Y dans
la mer que fut construit en 1867 le phare de Ras El Afia,
communément appelé Grand phare, pour avertir les navires de la présence de
l’écueil de la salamandre à quelques milles nautiques au nord.
La presqu’île qui abrite le phare et où l’on note la présence de
matériels lithiques préhistoriques de différentes époques est longée à l’est
par une magnifique plage avec son sable rouge caractéristique et à l’ouest, une
anse très prisée par les pêcheurs invétérés.
Le coin qu’on désigne par Leghrifat
(chambrettes) serait probablement une allusion à l’emplacement dont subsistent,
au sommet d’une colline plus au sud, les ruines d’un campement romain.
Quant à Afia, bien que l’origine ne
soit pas bien établie, on soupçonne une vraisemblable corruption par l’arabe du
mot afia (lumière) du berbère ancien en référence à
un sémaphore antique qui s’élevait dans le campement, indiquant la proximité d’Igilgilis Colonia (Jijel).
Avant de longer les trois palmiers qui balisent le chemin menant
vers l’escalier en pierre qui zigzague jusqu’à la porte d’accès au phare, nous
rencontrons Mourad Azzoune, un des gardiens du phare,
qui s’est fait une joie de nous faire visiter cette merveille.
Le phare de Cap Caxine à Baïnem
Porté au sommet d’une tour, le phare reste un instrument de
haute fiabilité plus ou moins puissant destiné à guider les navires durant la
nuit. Ce dispositif de sécurité, que les maîtres de phare aiment appeler «œil
du navire», borde les côtes. Les 1200 km de côtes algériennes sont jalonnées de
26 phares dont 10 permettant de renforcer la sécurité de la navigation
maritime.
Cap Rosa à l’ouest d’El Kala
A une vingtaine de kilomètres à l’ouest d’El Kala,
le cap Rosa s’impose dans le paysage. C’est un éperon rocheux qui s’avance
franchement dans la Méditerranée. Haut de près de 120 m et massif, il domine le
littoral de l’extrême est où il marque la limite entre le golfe de Annaba et
celui d’El Kala.
Il fallait une journée entière pour aller à El Kala et revenir par les sentiers à travers la forêt. Il y
avait une règle intransgressible : en toute circonstance, le phare devait
s’allumer à la fin du jour et briller toute la nuit pour lancer deux éclats
vers la terre et deux éclats vers la mer.
Pourtant, le 10 février 1956, le feu qui porte à 20 milles
nautiques s’éteint. Il est la cible d’une attaque d’un groupe de combattants de
l’ALN, commandé par feu Laïssani. Le phare est
détruit et l’un des gardiens français du nom de Tortora, présent sur les lieux
cette nuit-là, est égorgé. Le lendemain, l’armée française prend possession des
lieux que sont contraints de quitter Mazouz et sa
famille pour s’installer à El Kala.
Le phare restera éteint plus d’un mois, jusqu’au retour du
second gardien français placé sous la protection de l’armée française. Le phare
est rallumé mais restera fixe.
La lanterne fonctionnait avec du pétrole que l’on faisait venir avec le
ravitaillement et la relève des gardiens, qui se faisait hebdomadairement, avec
des ânes jusqu’à l’affection d’une jeep Willis à la fin de la Seconde Guerre
mondiale.
Elle le restera jusqu’en 1968, date à laquelle on installe une
nouvelle optique clignotante qui fonctionne au gaz. A partir de 1971, on a
installé un mécanisme d’horlogerie qui alternait toutes les 6 heures l’allumage
et l’extinction de la lanterne. Avant, il fallait monter le soir pour l’allumer
et le matin pour l’éteindre. Le phare est bien resté en panne quelquefois à
cause des pénuries de gaz de cette époque alors, nous dit encore Ammi Mazouz. Et d’ajouter : «J’allumais une lampe tempête et
même une bougie parce que le phare ne devait pas s’éteindre coûte que coûte».
La route ne sera ouverte qu’à la fin des années 1970 et elle ouvrira la voie
aux premiers visiteurs et campeurs.
L’électricité n’arrivera qu’en 1988 avec l’installation à
proximité du phare d’un poste de surveillance de la marine nationale.
Aujourd’hui, des gardiens qui se relayent tous les 10 jours à l’entretien du
phare. Ils occupent les deux logements. En hiver, le cap Rosa, qui est ouvert à
tous les vents, fait face à de terribles tempêtes. Les conditions de vie sont
insupportables.
Les eaux ruissellent jusqu’à l’intérieur des pièces du bâtiment.
Ce sont les restes de ce qui a été un beau bâtiment, comme on les faisait à
l’ancienne. Une tour cylindrique
de 15 m en maçonnerie de pierres apparente, faisant corps avec un bâtiment
rectangulaire qui abrite deux logements.
Une cour intérieure au Sud sépare cet ensemble des pièces de
service et de rangement. Une clôture ceint le tout à 117 m d’altitude.
«Grâce à la marine, on a de l’électricité, sinon le phare
s’éteindrait». Sur la terrasse du bâtiment, il y a des panneaux solaires reliés
à une batterie d’accumulateurs installés au rez-de-chaussée.
Le phare du cap Rosa, continue de briller avec un petit soutien
de l’Office national de la signalisation maritime à Skikda.
Cet organisme doit subir les effets conjugués des progrès de la
navigation maritime qui progressivement se dispense des feux côtiers et des
coups de boutoir des réformes économiques qui laminent les services publics de
cette nature.
Quelques bribes d’information collectées çà et là nous ont
appris que le phare du cap Rosa a commencé à être érigé en 1860 et est entré en
activité vers la fin du siècle. C’est un édifice original qui a marqué son
temps et qui est partie intégrante de notre patrimoine de la mer. Comme le
Sphinx, il regarde impassible le désert d’eau à ses pieds. Il connaît tous les
secrets et les rumeurs que portent les vagues de la Méditerranée.
Comme le Sphinx, il nous interroge : est-il destiné à une
disparition certaine par abandon de famille ou va-t-il renaître et être placé
comme c’est son rang au centre de ce pôle touristique dont on parle depuis plus
de 20 ans ?
Le phare Bengut de Dellys
On ne peut parler de Dellys sans citer
son phare à feu fixe qui domine la baie et signale aux navigateurs l’entrée du
port. La vieille ville de Dellys, située sur un
promontoire escarpé (Cap Bengut), offre un riche
mélange de potentialités naturelles, culturelles, historiques et touristiques
avec plusieurs vestiges qui sont le témoignage des différentes civilisations,
datant des époques punique, romaine et turque.
Le phare Bengut situé à une centaine
de kilomètres à l’est d’Alger n’a pas été épargné par les actes terroristes
puisque une bombe artisanale de forte intensité l’a sérieusement endommagé le
22 février 1994 à 20h 40.
Ce monument historique, de grande importance pour la navigation maritime, a été
opérationnel depuis 1881.
Le phare Bungut considéré comme l’un
des plus vieux phares d’Algérie, comme l’appellent les gens de Dellys «Bordj Fnar», a nécessité
plus de six ans de travaux pour sa remise en service dans l’intérêt de la
navigation aérienne et maritime. Les pêcheurs ont été les premiers à être
rassurés par les rayons lumineux qui durent 17 secondes et peuvent atteindre
jusqu’à 95 km. Ces derniers sont visibles de la ville d’Azeffoun,
60 km à l’est de Dellys et jusqu’aux hauteurs d’Alger
à l’ouest.
Le phare a été construit six ans après celui d’Aïn Benian, dit Caxine en 1845 par Bengut qui, indique-t-on,
a découvert ce site qui présente toutes les conditions pour son implantation.
Le phare composé de 36 tours a été bâti sur une parcelle de terre la plus
élevée et la plus avancée au niveau de la mer dans la zone appelée la Djena au centre, entre le port à l’est et le château fort à
l’ouest.
Ce monument a été réalisé pendant la période coloniale où la
ville de Dellys a connu un épanouissement. Les
autorités coloniales de l’époque n’ont pas lésiné sur les moyens pour que la
ville de Dellys devienne une capitale administrative
de la basse Kabylie.
Ce gigantesque phare portant le nom de son concepteur dispose
d’une tour avec un minaret abritant l’ensemble de l’appareillage composé d’un
ensemble de feux de secours, d’un capteur électrique, d’un soubassement
tournant sur cuve à mercure, d’un contrôleur de rotation, d’une platine
d’alimentation de la lampe, d’une lampe aux allogènes avec chargeur de lampe,
d’une optique à éclats, d’une cellule d’allumage du feu de secours et une
machine de rotation des moteurs dont un de secours.
Une girouette indiquant la direction des vents et la pointe de
choc du paratonnerre servent à la protection de l’édifice des effets de la
foudre.
Si cet édifice de grande importance pour la navigation aérienne
et maritime a été épargné durant les deux guerres mondiales, il n’a pas échappé
à la horde intégriste en 1994, à la nature, où le séisme du 21 mai 2003 a été
terrible pour le phare Bengut qui reste encore
debout, mais complètement délabré et fissuré.