ECONOMIE-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ETUDES REVUE NAQD- « CORRUPTION ET PRÉDATION »
Corruption & Prédation. Des analyses d’universitaires et de spécialistes algériens et
étrangers. NAQD, Revue d’études et de critique sociale, n°23. Alger,
automne-hiver 2008 . 335 pages (en français :209
pages et en arabe:126 pages en un seul
volume. Textes et résumés), 400 dinars.
Les
premières phrases de la première analyse présentée résument, à elles seules,
toute la problématique du contenu…..déjà visible au niveau du titre lui-même:
Corruption & Prédation, l’une n’allant pas sans l’autre, la première
entraînant immanquablement la seconde. Deux fléaux de la société contemporaine
qui nous touchent de plein fouet, les subissant et/ou les générant. Ne
sommes-nous pas “bien” classés sur les tablettes de Transparency
InternationaI (TI) et ce depuis déjà plusieurs
années?
“La
corruption est un phénomène universel qui ne connaît ni frontières politiques
ni idéologies, seules ses expressions et sa conception varient..” et, il ne faut “plus voir la corruption sous l’angle de
“déviances” mais , au contraire, d’accepter le caractère systémique qu’elle
peut prendre dans beaucoup , voire dans la majorité, des pays émergents…”.
Des phrases
qui peuvent amener certains de nos décideurs à très vite trouver un alibi pour
excuser leur complicité, ou leur culpabilité, ou leur silence, ou leur
incapacité à éradiquer le mal. Heureusement (sic!), il y a cet aspect
systémique, inévitable, qui pousse la
quasi-totalité des analystes qui suivent à proposer , à peu près, les mêmes
solutions…car toutes les réformes entreprises et les opérations “mains propres”
n’étant que cautère sur une jambe de bois : construction de la légitimité
politique, construction et développement d’un Etat de droit et d’un Etat fiscal-redistributeur, rupture avec le néo-patrimonialisme,
instauration de pouvoirs indépendants et d’institutions stables garantes de la
démocratie, création d’une bureaucratie légale, rationnelle et d’institutions
publiques légitimes, cautions de l’intérêt général et de l’égalité de tous..…
Pas facile,
tout ça ! Surtout lorsqu’on est en présence de société sans culture de la
séparation entre ordre politique et société civile et autonome...
Avis : Ce n’est pas seulement ce numéro qu’il
faut acheter et lire (s’il n’est pas déjà épuisé!), mais bien tous les numéros
de la revue.
Créée en
pleine tourmente politique et délire
idéologique, par un intellectuel –vrai, Said Chikhi, décédé prématurément , le
titre a, désormais, sa place, et quelle place,
dans l’univers national et international
de la réflexion , de la pensée et de la critique sociale.
Ses études et ses analyses produisent toujours
du sens. Du scientifique. Du lourd. Du vrai. De l’utile. A imiter. Inch’Allah !
Phrases à
méditer : « Le
capitalisme algérien est une transformation accélérée du pouvoir politique en
actifs du marché » (El Kadi Ihsane , p.157) et « Trois gisements « d’affaires » ont
génétiquement enfanté la nouvelle classe possédante : la signature des grands
et moins grands contrats d’équipement avec les firmes étrangères, la
distribution des terrains et des appartements, l’octroi de crédits bancaires
d’investissement » (p158)