HISTOIRE-
BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN MOHAMED BENCHICOU- « LA
PARFUMEUSE... »
La
parfumeuse. La vie occultée de madame Messali Hadj…….Roman de Mohamed Benchicou. . Koukou Editions, Alger , 2012 . 257
pages, 650 dinars
L’auteur de
ce roman, à mi-chemin entre la fiction
et la réalité, un roman historique en vérité ou, peut-être, une histoire réelle
romancée, est, désormais, bien connu des amoureux des belles-lettres.
Journaliste, ancien directeur du quotidien Le Matin…on savait qu’il
était un redoutable (et redouté, ce qui lui a causé bien des problèmes et lui a
même valu de la prison ) essayiste, qu’il était aussi
poète (les épreuves traversées ont aiguisé ses vers et sa verve) . Le voilà
donc consacré romancier
. Il est vrai que son premier roman, Le Mensonge de Dieu , une grosse
œuvre au titre trompeur (pour les bigots et les gens de mauvaise foi…et pour
les ignorants) , était à mi-chemin de l’essai et du roman , ce qui l’avait
rendu difficile à lire et encore plus à comprendre (par les bigots et les
lecteurs de mauvaise foi…et par les ignorants).
La
parfumeuse, c’est
tout simplement l’histoire d’une de ces femmes d’origine européenne qui, bien
avant bien de nos compatriotes d’antan, se sont engagées …….auprès de leur
époux (pour la plupart d’entre-elles ) aux côtés du
peuple algérien et de la nation
algérienne…et du combat pour l’indépendance. Il s’agit
, içi, de Mme Messali
Hadj, Emilie Busquant , dite Emma… « la
guerrière des faubourgs de Paris », « la justicière de la
Casbah », « la madone du Ppa »,
« Emma la louve, Emma la mère du peuple algérien, fille du pays de la mine
et des grèves…. ». Qui a abandonné ses rêves de jeune fille (elle voulait
suivre les traces de Coco Chanel) . Qui est tombée
amoureuse d’un jeune arabe perdu dans Paris , Hadji,un jeune affamé de justice sociale …….et de chocolat.
Qui n’a plus cessé de « militer » (en digne fille d’un ouvrier mineur
anarcho-syndicaliste qui vivait dans le souvenir des Communards) et de courir les prisons ,
couffins à la main , messages dans le pain et limes dans le chignon , où était enfermé son mari . Et
qui, décédée en Algérie le vendredi 2 octobre 1953, a vu des milliers
d’hommes et de femmes défiler devant son cercueil alors déposé au foyer civique
d’Alger , recouvert du drapeau algérien qu’elle avait – nous détaille l’auteur
– conçu et confectionné dans les années trente, Rue du repos , dans le 20è
arrondissement de Paris. Il avait été présenté pour la première fois comme
emblème national aux huit cents personnes réunies en Ag de l’Etoile
nord-africaine en août 1934 à Levallois Perret.
Phrase relevée , à méditer, par l’auteur y compris ( p.
77) :
« …La politique est une affaire d’habiles croupiers ; tout est dans
l’art de manier le râteau»
Avis : Passionnant ! A lire , même si on
n’est pas d’accord avec la fin de parcours de Messali
Hadj, saisi par le « zaïmisme ». Même si on
n’est pas d’accord avec certaines approches, de la vie politique d’alors, par
l’auteur. Ce n’est pas qu’un roman . Il faut croire
l’auteur quand il dit que « les faits historiques rapportés sont réels et
que seuls quelques épisodes ont été romancés…. ». Bien sûr, certaines
parties de la famille révolutionnaire ne vont pas apprécier cette manière
d’écrire l’histoire), mais il est certain que le simple citoyen-lecteur aimera
…l’héroïne et ses sacrifices pour l’indépendance du pays. Il faut se dire
que……peut-être……si Emma n’était pas tombée malade en mai 52 (paralysie), et
malgré tous les « machos » qui commencaient à
pulluler au sein du parti et autour de Messali Hadj,
le cours de l’Histoire aurait certainement pris un autre sens.