HISTOIRE-BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- MEMOIRES MOHAMED
MECHATI- « PARCOURS D’UN MILITANT »
Parcours
d’un militant. Un ouvrage
mémoriel de Mohamed Mechati (avec une préface de Daho
Djerbal et une
post-face de Boubekeur Hamidechi). Chihab Editions,
Alger 2009.237 pages, 550 dinars
On a attendu
ses mémoires de combattant durant si longtemps. Encore que…Car, durant
plusieurs années , il n’avait pas manqué -
un des cinq membres encore en vie qui ont pris part à la réunion…………des
« 22 » ( « 21 » selon lui) en juin 1954, à Alger - chaque
fois que cela lui paraissait nécessaire, d’intervenir publiquement pour dire
son mot, exprimer ses idées, rétablir la vérité ou tout simplement dire son
fait sur des situations particulièrement délicates alors que beaucoup de
“matamores” se taisaient ou se terraient.
Franchement,
directement, mais jamais brutalement. Et, dans le champ clos ,depuis juillet
1962, de l’expression , de la famille révolutionnaire, il “rattrapait” , par son propos , et par ses
comportements quotidiens d’ une honnêteté et d’une modestie désarmantes, aussi bien auprès de ceux de son âge
qu’auprès de bien plus jeunes, tous les silences , toutes les contre-vérités et
tous les évitements.
Le livre
est, donc , disponible , en attendant de voir
sur le marché national son dernier-né, « Militants de l’indépendance
algérienne –mémoires 1921-2000 », récemment édité aux éditions Tribord et
qu’il a présenté au CCA de Paris, fin février 2013 :
- Une première
partie faite de “confessions” : l’enfance,
la vie militaire, durant la deuxième guerre mondiale et la prise de
conscience, le militantisme au sein du PPA, la période de “chef de zone de
l’OS”, les divergences de vue et les discordes sur le déclenchement de la lutte
armée” (point très important, car il éclaire sur la mise à l’écart du groupe
de Constantine-ville qui ne fut pas mis au courant de la date du
déclenchement de la Révolution armée…..ce qui causa aux militants bien des
déboires: connus et fichés par la police
coloniale, les anciens éléments de l’OS
de la région furent tous arrêtés,
torturés et condamnés. Après avoir purgé leur peine, ils rejoignirent le
maquis…. ” où
ils subiront, pour certains d’entre-eux, le même sort
que Abane Ramdane”). De ce fait, on comprend les reproches faits à
Boudiaf…qui, lui-même, reprochait aux “Constantinois” d’avoir été quelque peu
compréhensifs avec les “messalistes” de passage à Constantine
. Il conte le passage au sein de
la Fédération du FLN de France, les années de prison et……….la suite bien amère
puisqu’il s’est même retrouvé “accusé de vol” lors de son passage à l’ambassade
d’Algérie en Allemagne , esté
en justice à son retour au pays…juste après le coup d’Etat du 19 juin 1965, et
emprisonné à El Harrach durant cinq jours et cinq nuits…..: “Les avatars d’une
révolution” . Ce n’est qu’en 1967 qu’il reprit sa carrière diplomatique…et même
après, il ne fut nommé …que durant une seule année ambassadeur en Hongrie. On
lui faisait payer assez cher son comportement de gêneur ,
à l’endroit “du pouvoir et de ses services” , et son “peu de goût pour la
complaisance envers les puissants”.
Une autre
partie, toute aussi importante , reprend les écrits et
les interventions : “les articles de combat” comme il est précisé. Des articles
qui, en leur temps, diffusés quasi-clandestinement ou publiés, avaient permis,
alors, de garder l’espoir d’une Algérie
digne du combat de ses chouhadas.
Avis : A lire, bien sûr.En
attendant de voir sur le marché national son dernier-né.
Phrase
à méditer :
« Oui,
ce sont bien toutes ces tares : populisme et zaimisme
surtout, qui continuent de tirer le pays vers l’arrière. Elles ont produit
l’arrivisme, la prise du pouvoir réel par des opportunistes…. » ( p.124)