POPULATION- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN LAURENT MAUVIGNIER –
« DES HOMMES »
Des hommes. Un roman de Laurent Mauvignier. Barzakh Editions . Alger 2010 (Les
Editions de Minuit, France, 2009) . 232 pages, 800 dinars
L’Histoire de « petites gens » de la
« France profonde », la rurale et du gros rouge qui tache , des jeunes
hommes « mineurs, pas bons pour voter, mais déjà bons pour les
djebels » qui sont appelés à participer à ce que l’on n’appelait pas
encore le Guerre d’Algérie, mais des « évènements ». « Ce ne
sera pas Verdun » leur dirent les vieux piliers de bar du coin….dont
beaucoup ne savaient même pas où se trouvait très exactement l’Algérie et par
qui elle était habitée. Si ! des Indigènes et des
« mouquères »
Les jeunes appelés découvrirent très vite une
véritable guerre avec toutes ses horreurs et ses drames. Et, des Arabes ,
« des chiens , rien que des chiens » , tous des « fellaghas », tout juste bons à « regrouper »
ou à torturer et à éliminer (en les
tuant bien sûr, puis en faisant disparaître les corps)….Et, de gros colons…qui
s’en mettent « plein les poches »
Beaucoup d’appelés. Peu d’élus qui en
réchappèrent ? Beaucoup d’entre-eux ne s’en
relevèrent jamais et finiront traumatisés, déséquilibrés, hantés …Des fous , quoi ! enfermés soit dans des silences lourds de
sens , soit dans des réactions quasi-criminelles
contre toute ce qui leur rappelle leur passé….quand ils étaient encore pris
dans la naiveté de la jeunesse.
Avis :Un roman au rythme haletant se déroulant dans
des « mouchoirs de poche » (lieux d’affectation -village d’origine) ,
avec très peu de personnages. Des remontées dans le temps avec un va et vient
incessant présent-passé. Une écriture cassée, déroutante… qui se met à la
hauteur du niveau intellectuel des « héros ». A lire par ceux qui
voudraient connaître les dérives passées et les états présents des « français » de
métropole en uniforme militaire durant
la guerre de libération nationale
Phrases à méditer : « Il n’est pas seul à être
seul, ils sont seuls tous ensemble » (p. 134) et « On est là
maintenant à se regarder vieillir et ne pas comprendre…avec une mémoire si
vieille, et une haine si vieille aussi que tous les mots qu’on pourrait dire ne
peuvent pas grand-chose » (p.223)