HISTOIRE-
BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ROMAN YASMINA KHADRA – « CE QUE LE JOUR DOIT À LA
NUIT »
Ce que le jour doit à la nuit. Roman de
Yasmina Khadra. Editions SEDIA, collection Mosaique, Alger 2008 (1ère édition, Julliard, Paris, 2008).518 pages, 950 dinars.
On pensait
que la Réconciliation nationale était limitée dans le temps et dans l’espace.
En fait, c’est une philosophie assez simple, qui est de tous les temps et de
tous les lieux. C’est aussi une pratique
politique……. Efficace….. lorsque en face il y a, bien
entendu, des repentis sincères.
Voilà! c’est fait. Ce
que les politiques, d’ici et d’ailleurs, sauf en Afrique du Sud, n’ont pas réussi à imaginer, notre Yasmina Khadra international
l’a réalisé (et, au passage, succès
impose, décroché des prix littéraires
étrangers).
Son livre ,
“Ce que le jour (l’Algérie indépendante , je pense) doit à la nuit
(coloniale, je re-pense)”, qui a connu un énooooooorme succès en France où il a été d’abord édité,
retrace la vie d’un (beau) jeune homme
aux yeux bleus d’origine algérienne (Younès) , élevé au
sein de la communauté coloniale (avec le prénom de Jonas), dans un village de
rêve de l’Oranie (Rio Salado), par son oncle (un pharmacien), un bon musulman,
nationaliste sans excés, moderniste, tolérant,
“intégré” sans être assimilé, marié à une gentille dame d’origine européenne ,
catholique pratiquante de surcroît mais respectueuse des croyances d’autrui.Un coktail qui
passe !
La guerre de
libération arrive brusquement , déchirant le beau voile couvrant la vie
paisible d’une population qui croyait être içi pour
encore des siècles, tout en ignorant ou en exploitant une population musulmane vivant dans la
misère la plus noire et parfois sous les coups de cravache et la répression. La
guerre oblige, aussi, à faire, une bonne fois pour toutes, le choix. Pas facile
surtout lorsqu’elle est loin ! Ce sont donc les évènements – et les combattants
- qui vont forcer l’engagement.
Heureusement,
tout est bien qui finit bien…..sauf la belle mais imposible
amour entre la belle petite pied-noir et le beau bougnoule…qui ne la retrouvera
(ainsi que les amis d’enfance avec qui il fêtera , à Aix en Provence, pas très
loin de “chez nous”, l’ancienne amitié revisitée, avec l’incontournable
harki…qui se fait un “sang d’encre” pour son pays d’origine qui s’entre-déchire
durant les années 90) que plusieurs décennies après l’Indépendance en allant se
recueillir sur sa tombe.
La morale de
l’histoire: Au fond, n’eût été la tragédie de la période Oas,
suivie de la “fuite” éperdue vers la
« mère-patrie » des populations européenes,
on aurait (presque ) continué à vivre ensemble …comme
“au bon vieux temps”.
Avis : Il est évident que ce chef-d’oeuvre de la littérature Khadréienne
(une écriture pure comme un diamant…et Yasmina Khadra,
qui est maintenant un vrai germanopratin et déjà officier des Arts et des
Lettres et chevalier de la Légion d’honneur…..pour ne citer que ces deux distinctions, n’est plus très loin d’une Académie) est
beaucoup plus destiné à un certain public , là où il a
connu les meilleures ventes. Normal. Il a reconstitué quasi-fidèlement la vie
(ô combien heureuse,et
ce presque jusqu’à la fin de la guerre:
ambiance, odeurs, senteurs, humeurs, tout y est ) de la communauté coloniale en
Algérie. Les papis et les mamis pieds-noirs, “nostalgériques”, ont donc retrouvé avec plaisir le pays perdu
; une lecture qui débouche sur l’espoir
de revenir visiter librement les lieux de leur jeunesse et de leurs folies (pas
les erreurs, car elles sont oubliées!) , avec leurs enfants ou leurs petits-enfants.
Les
recettes du tourisme n’ont pas connu, avec ce livre, un “boom”. On espérait
tant “booster” les recettes hors hydrocabures.
Quant
aux lecteurs algériens, voilà un livre
qui intéressera surtout les sexagénaires….des villes…et les zazous de l’époque.
Faut-il
le lire ? C’est votre choix !