HISTOIRE-
BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- MÉMOIRES MOSTEFA BOUDINA- « RESCAPÉ DE LA
GUILLOTINE »
Rescapé de la guillotine . Mémoires de Mostefa Boudina. Editions ANEP. Alger
2008, 160 pages, 360 dinars.
C’est vrai,
nos héros ont « pris de la bidoche » dans leurs fauteuils de sénateurs , et on avait, peu à peu, oublié leurs prouesses ou leurs sacrifices de
moudjahidine, allant parfois, sinon souvent, jusqu’à les les
« descendre en flammes » , sans autre forme de procès, pour leurs
prestations après l’Indépendance. A tort ou
raison !
Des
« pas de chance » ? Non, tout simplement, à mon sens, parce
qu’ils n’ont pas su (ou voulu, ou pu) raconter leur vie d’avant.
Heureusement,
les choses sont en train de se remettre, tout doucement, mais sûrement, en place,
et l’Histoire de la lutte de libération nationale se (re-)
construit grâce, notamment, à des œuvres
telles que les mémoires, les témoignages et les souvenirs de tous ceux qui y ont, peu ou
prou, joué un certain rôle ou un rôle
certain.
L’œuvre (préfacée
par Ali Haroun qui n’est plus à présenter et qui la valide plus qu’il n’en
faut) de Mostefa Boudina est de celles-ci.
Condamné à
mort (deux fois), poursuivi pour une troisième accusation, il relate son séjour –après l’emprisonnement
et les tortures - dans le couloir de la mort lyonnais, en attendant
« d’avoir la gorge tranchée » .
Horrible
séjour, émouvants souvenirs…qui, à un certain moment, surtout celui où il
raconte le martyre des frères emmenés, à l’aube, brusquement, à la guillotine,
amène des larmes aux yeux …et vous pousse, quel que soit votre niveau
intellectuel, votre pacifisme et votre
envie de « réconciliation », à devenir haineux pour tout ce qui
touche au fait colonial et à ses ultras…ainsi qu’à leurs héritiers
d’aujourd’hui. Bref, passons !
Il faut que
tous le sachent et l’auteur fait très bien de nous le rappeler : Les
tribunaux militaires ont condamné à mort 2010 patriotes algériens (sans parler
des condamnés à mort par contumace). 215 ont été graciés, MAIS
, 210 ont été guillotinés
et une dizaine ont été fusillés ou brûlés vifs. Les listes sont
publiées en annexe du livre et devraient figurer sur un monument aux morts,
peut-être le plus symbolique…qui reste à
élever. Le nombre des rescapés de la
machine criminelle s’élève à 1795. Mais,
peut- on vraiment parler de rescapés après un passage –toujours long,
trop long - au « couloir de
la mort » colonial. On en sort vivant, mais à moitié éteint, la joie
ayant déserté à jamais les cœurs.
Ceci explique , peut-être, cela !
Avis : Doit
obligatoirement être lu. Toutes vos dérives vous seront pardonnées. Et,
pour les « fainéants » des méninges, il se lit d’un seul trait,
tant il est prenant par son style simple et direct, et émouvant à travers les
sacrifices (et les guillotinés) racontés. En espérant voir, un jour, de
larges extraits intégrés dans les livres
scolaires d’histoire.
Phrase
à méditer :
« Aujourd’hui, le dialogue est impossible entre les victimes et leurs boureaux (…).C’est à la fin de leur vie que nos bourreaux
sont en train de succomber au poids de leurs crimes (……).Nous n’avons que faire
de la repentance d’un bourreau (…..). Il suffit qu’ils se dénoncent eux-mêmes
devant le peuple français comme étant des bourreaux et non comme des
héros »