RELATIONS INTERNATIONALES- FRANCE-
PACTE D’AMITIE-JACQUES CHIRAC
Chirac et l’Algérie : Le pacte d’amitié algéro-français,
un dessein non abouti
(c) El Watan/N.B,
(samedi 28 septembre 2019)
Le
rapprochement amical de Jacques Chirac (décédé jeudi 26 septembre 2019, à l’âge
de 86 ans) avec le président Bouteflika avait laissé entrevoir la perspective
d’une refondation des relations bilatérales, qualifiées de «privilégiées», d’où
l’annonce, à la faveur de sa visite d’Etat en mars 2003 en Algérie, de la
signature d’un pacte d’amitié entre les deux pays.
Mais
l’article 4 de la loi du 23 février 2005 relatif à l’enseignement des aspects
positifs de la colonisation, bien qu’abrogé par la suite, à sa demande, par le
Conseil constitutionnel après une levée de boucliers tant en Algérie qu’en
France, avait coupé court à cette perspective.
«Vous pouvez
compter sur le plein soutien de la France et de l’Union européenne», «je tiens
à vous assurer de notre entière disponibilité, si vous le souhaitez», «la
France peut vous aider à relever de nombreux défis», «la France restera votre
meilleur avocat auprès des institutions financières internationales…», avait déclaré le président Chirac devant les élus de la nation
lors de sa visite d’Etat en Algérie début mars 2003, exprimant la volonté de
construire un «partenariat d’exception».
«La
signature, en 2005, d’un traité d’amitié avec l’Algérie posera les fondations
d’une relation forte et ambitieuse, tournée vers l’avenir», réaffirmait le président Chirac lors de la clôture de la 12e conférence
annuelle des ambassadeurs le 28 août 2004.
«Appelant de
ses vœux un Maghreb plus uni et solidaire, elle (la France, ndlr) s’emploie à
renforcer ses liens avec chacune de ses composantes», a souligné le président Chirac. Et d’ajouter : «Ainsi travaillons-nous, avec l’Algérie, à un traité d’amitié qui
illustrera cette ambition.
Il y va de
la prospérité, de la sécurité et de la stabilité de la région.» Auparavant, le chef de l’Etat français avait indiqué que «la politique européenne de voisinage doit être l’occasion
d’affirmer une nouvelle solidarité entre les deux rives de la Méditerranée,
pour que celle-ci devienne un ensemble économique et social plus cohérent, un
ensemble dans lequel puisse s’approfondir notre dialogue politique et engager
enfin un dialogue interculturel entre les différents mondes qui se partagent
cet espace.
La France
jouera tout son rôle pour que s’affirme cette grande ambition.» A la faveur de la publication de Mon combat pour la paix et Mon combat pour la France, deux
recueils de ses discours de chef d’Etat (aux éditions Odile Jacob), Jacques
Chirac était revenu sur le traité d’amitié entre l’Algérie et la France. «Les circonstances n’ont pas permis qu’il soit immédiatement
conclu, malgré la qualité des relations avec le président Bouteflika.»
«C’est
pourtant là qu’il conviendra de traiter de la question difficile, souvent
douloureuse, de la mémoire des relations entre nos peuples.» «C’est là aussi
qu’il faudra instaurer les dispositifs de dialogue et de coopération que
justifie notre proximité.»
«Le
principal obstacle (du pacte d’amitié,
ndlr) viendra de l’acte de repentance que
le gouvernement algérien nous demanda quelques mois plus tard de faire figurer
dans le préambule, acte par lequel la France exprimerait ses regrets pour les
»torts portés à l’Algérie durant la période coloniale ».
Il me paraît
utile et même salutaire, comme je l’ai indiqué dans mon discours de l’Unesco à
l’automne 2001, qu’un peuple s’impose à lui-même un effort de lucidité sur sa
propre histoire. Mais ce qu’exigent de nous les autorités d’Alger n’est rien
d’autre que la reconnaissance officielle d’une culpabilité. Je ne l’ai
naturellement pas accepté, consentant tout au plus à souligner, dans une
déclaration parallèle et distincte du traité, »les épreuves et les
tourments » que l’histoire avait imposés à nos deux pays. C’est le maximum
de ce que je pouvais faire.
Il n’était
pas davantage question pour moi de célébrer, comme certains parlementaires UMP
m’y invitaient, le bilan positif de notre héritage colonial. C’eût été tout
aussi excessif et injustifié, pour ne pas dire indécent», écrivait Jacques Chirac pages 434 et 435 du Temps présidentiel (deuxième
tome de ses mémoires, NIL éditions). Jacques Chirac avait quitté l’Elysée sans
aller jusqu’au bout de cette exigence.
Ainsi le
projet de traité d’amitié tourna court avec le vote par une poignée de députés
de la loi du 23 février 2005 à laquelle avait été ajouté en dernière instance
l’article 4 qui disposait que «les programmes scolaires reconnaissent en
particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en
Afrique du Nord». Le mal était fait et le président Chirac, qui avait signé la
loi du 23 février 2005, n’avait saisi qu’un an après le Conseil constitutionnel
sur l’abrogation de l’article 4.