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Amar El Achab

Date de création: 22-09-2019 17:41
Dernière mise à jour: 22-09-2019 17:41
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CULTURE – MUSIQUE-  AMAR El ACHAB

 

 Le chaâbi algérois est une musique traditionnelle d'Alger, formalisée par El-Hadj M'Hamed El-Anka. Apparu à la fin du 19e siècle, le chaâbi algérois est originaire de La Casbah, inspiré par les traditions vocales de la musique andalouse arabe. Le mot chaâbi signifie «populaire» en arabe dialectal. Les thèmes chantés sont l'amour, la perte, l'exil, l'amitié et la trahison. Le chaâbi fait partie d'une tradition profondément conservatrice et ses paroles sont souvent porteuses d'un message moral très fort.

Les grands maîtres du chaâbi «chouyoukh» se comptent sur les doigts d’une seule main, en l’occurrence Hadj El-Anka, Khélifa Belkacem, Hadj M'rizek, H'Sissen, Hadj Menouar, Cheikh El-Hasnaoui, Dahmane El-Harrachi, Hadj Boudjemaâ El-Ankis, Hadj Hachemi Guerouabi, Amar Ezzahi, Maâzouz Bouadjadj et Amar El-Achab.

Amar Em Achab est né le 31 juillet 1932 à Alger. Il fut l'une des figures de la chanson chaâbi des années cinquante et soixante, avant de quitter Alger pour la France, où il vit toujours.

Jeune coursier d'une teinturerie de Belcourt, il ne cessait de fredonner des chansons. C'est qu'à l'époque, il avait un grand ami poissonnier de son état, au demeurant chef d'orchestre réputé sur la place, Mouloud Bahri, qui l'avait pris en sympathie, car il est le premier à avoir découvert avec quel talent Amar El-Achab donnait des gages de ses possibilités musicales.

La carrière du chanteur s'amorçait. Pendant un an, Amar joua de la derbouka, à l'occasion des fêtes et de mariages, acquérant les connaissances de son premier maître et les rudiments d'une technique nécessaire à l'exercice du métier auquel il se destinait. C’est durant cette année qu'il apprît Alla R'Soul El-Hadi, qui devait être suivie par Moulat Et-tadj. Dès lors, invité à son tour, il vole de ses propres ailes et s'améliore sans cesse au contact de cheikh Namous et Sid Ali Snitra qui lui dispensèrent leurs conseils. Il commençait à se faire un nom. C'était en 1952, date à laquelle la radio le sollicite pour une émission en direct de trois quarts d'heure. Surmontant son trac, il chante. C'est un pas décisif pour le succès,  concrétisé quinze jours plus tard par une seconde convocation de la radio qui le confronte au public en compagnie de l'orchestre de Skandrani. Son interprétation de Brahim El-Khalil lui ouvre des perspectives nouvelles en lui donnant conscience de sa propre valeur artistique. Dounia, une prestigieuse maison d'édition, lui enregistre, en 1953, sur 78 T, une chanson, Mellah Ana Berkani, dont il est l'auteur. Trois ans plus tard, il signe, chez Pathé Marconi, Ya Bélaredj, un titre qu'il interprète sur le mode hawzi. Le texte, dont on ignore l'auteur, connaît un grand succès et suscite même une controverse en raison de son substrat érotique que laisse suggérer le refrain. La chanson sera d'ailleurs reprise avec autant de succès par la grande chanteuse Fadèla Dziria, avec laquelle Amar El-Achab se lie d'amitié et pour laquelle il écrit de nombreux morceaux. En 1966, ayant toujours le souci de se perfectionner, il décide d'aller apprendre le solfège au Conservatoire. Lachab poursuit sa percée avec des chants remarquables par le verbe pur, traduisant directement les maux d'amour et de société, et leurs mélodies blues sur le fond, dansantes sur la forme. Celui qui a un fort penchant pour le malouf constantinois, l'auteur de Ya laïm lech tloumni et Masbarni la Tihane opte pour l'exil volontaire en France, en l976. Il y donna de nombreux concerts et enregistra, entre autres, un 33 T comprenant six chansons, dont Qoulouli ya nais, Triq elli détni, Hiya eli trodni, et des reprises, Zoudj h'djoub, Sghier wana chibani. Lachab possède en outre un bon répertoire de chansonnettes courtes et rythmées qu'il exécute surtout lors des mariages. Son dernier enregistrement à la télévision algérienne date de 1980. Il dispose de 33 enregistrements inscrits à la discothèque centrale de la radio algérienne, mais seulement quelques-uns à la télévision. Toutefois, sa discographie est importante, elle comporte plus d'une soixantaine de microsillons 45 T et cassettes audit. L'écoute de son œuvre laisse apparaître un penchant pour le verbe pur, classique, moralisateur. Que dire de cet homme qui fut, de l’avis général des gens de sa génération, où même de ses fanes, qu’il est l’un des meilleurs chanteurs de chaâbi. Un artiste qui a beaucoup compté et qui a apporté énormément à la chanson algéroise.

Amar El-Achab est peut-être assez méconnu de la part de la jeune génération, mais son empreinte n’est pas près de s’éteindre, et son relatif retrait de la scène musicale et son exil en France ne sont pas parvenus à estomper cet artiste.

Amar El-Achab fut et demeure ce gentleman distingué et aimable, un chanteur au goût solide et un serviteur authentique de la culture populaire