TELECOMMUNICATIONS- ENQUETES ET REPORTAGES- OOREDOO- CHANGEMENTS
MI 2019
(c) www.algeriepart/ Ryad Hamadi 6
septembre 2019
Depuis
l’arrivée du nouveau DG d’Ooredoo, Nikolai Beckers, la direction des
ressources humaines de l’opérateur de téléphonie mobile est en train d’opérer
de grands changements dans les effectifs de l’entreprise.Nikolai BECKERS, né le 5 mai 1964, est diplômé de l’université de Cologne en
Allemagne. Il a entamé sa carrière professionnelle au tout début des années 90
à la Deutsche Bank en qualité de chargé de compte, Il grimpe laborieusement les
échelons pour prendre le poste de contrôleur financier de la filiale de
l’opérateur allemand Deutsche Telekom en Indonésie, entre 1995 et 2000, avant
d’être nommé responsable la filiale du même opérateur allemand aux Philippines
au début des années 2000.En 2001, celui qui est membre du conseil
d’administration d’Imperial Tobacco Macedonia, est
nommé Directeur Financier de Deutsche Telecom France puis après 2 années il en
prend la présidence jusqu’à Septembre 2007.Nikolai Beckers, qui maitrise parfaitement l’Allemand, l’anglais et
le Français, passe par la présidence de plusieurs opérateurs en
Europe dont le groupe allemand Deutsche Telecom détient des parts : Makedonski Telekom, T-systems
France, Telekom Romania et Bakcell en Azerbaïdjan
avant de se retrouver en Algérie à la tête de l’opérateur Qatari en Aout 2019.Le
nouveau patron d’Ooredoo arrive dans un contexte
marqué par des problèmes de management et de mauvais résultats de l’opérateur algérien.Le 31 juillet 2019, Ooredoo
avait rendu public les résultats financiers du premier semestre 2019.Un
communiqué émanant des services de communication de l’ex Nedjma,
indiquait que les revenus d’Ooredoo avaient atteint
41,1 milliards de dinars au premier semestre 2019 pour un parc clients estimé à
13,6 millions d’abonnés à fin juin 2019.Le même communiqué faisait part de
résultat avant intérêts, impôts et taxes, dotations aux amortissements et
provisions sur immobilisations (Ebitda) ayant atteint
15 milliards de dinars au premier semestre 2019.Enfin, en termes
d’investissements durant le premier semestre 2019, Ooredoo
Algérie déclarait avoir consacré une enveloppe de près de 11 milliards de
dinars pour le renforcement et la modernisation de son réseau de couverture.Présentés ainsi sans comparaison, ces chiffres
ne reflètent pas la réalité du désastre commercial chez Ooredoo
Algérie.En effet, il faut savoir que les revenus
n’ont cessé de continuellement baisser, passant de 22,5 Milliards de Dinars au
troisième trimestre 2018 à 21,6 au 4éme trimestre 2018 puis encore à 22
Milliards au premier trimestre 2019 avant d’atteindre 20,1 Milliards au second
trimestre 2019…Il aurait été plus honnête et plus loyal vis-à-vis de l’opinion
publique de déclarer que si les revenus d’Ooredoo
avaient atteint 41,1 milliards de dinars au premier semestre 2019, ils étaient
en fait en baisse de 3,1 Milliards de DA par rapport aux revenus du premier
semestre 2018 !Ce même pour l’Ebitda, si
celui-ci a atteint 15 Milliards de Dinars les 6 premiers mois de l’année en
cours, il eut fallu dire que c’étaient 2 ,5 milliards de Dinars en moins
que durant les 6 premiers mois de l’année 2018…C’est certainement ce qui a valu
sa place au Directeur commercial exécutif, l’Espagnol Jose Nazario
Dominguez Gonzalez-Seco,
vite remplacé par Mlle Isabelle Hajri, responsable
marketing d’Ooredoo. De 2011 à 2017, Jose Nazario avait occupé le poste de Directeur Stratégie puis
celui de Directeur commercial depuis décembre 2016, cumulant ainsi 11 années de
services au sein de l’opérateur algérien, comme il aura par ailleurs été membre
du conseil d’administration de la société Monetix,
dans laquelle Ooredoo est actionnaire aux côtés d’une
certain…Noah Kouninef.
Certains employés d’Ooredoo Algérie
auraient-ils participé à un puissant lobbying de la part d’hommes d’affaires,
de politiques et de puissants distributeurs locaux au détriment des propres
intérêts de leur employeur ?Certainement nous
assurent nos sources. »L’impunité qui règne et l’appât d’un gain
facile étaient tels, que beaucoup avaient oublié la charte de loyauté qu’ils
avaient pourtant signé ». Nous y reviendrons !Les problèmes d’Ooredoo ne sont
pas uniquement d’ordre commerciaux. En effet, le 18 Aout 2019, le réseau d’Ooredoo a connu une grande panne au niveau national,
causant des désagréments aux utilisateurs algériens qui avaient signalé leur
mécontentement suite à ces problèmes récurrents.Même
le consulat général de France à Alger avait alors indiqué que le traitement des
demandes de visas était fortement perturbé à cause des problèmes techniques
répétés sur le réseau Internet, avec comme conséquence un rallongement du délai
d’instruction de quelques jours. Une catastrophe économique et sociale !Il
faut savoir que ce genre de pannes généralisées qui interviennent sur le réseau
viole les obligations du cahier des charges en matière de continuité, qualité
et disponibilité des services.L’Autorité de
régulation de la poste et des communications électroniques (ARPCE) avait alors
sommé Ooredoo de s’expliquer sur les
dysfonctionnements enregistrés engendrant « une interruption des services Voix
et Internet, causant ainsi d’importants désagréments pour les usagers ».Celle-ci
a commencé par une panne à la station de base de Birkhadem
à l’aube de la journée du 18 Août, l’intervention des services techniques n’a
eu lieu qu’à partir de 8 heures, en vain car le système de secours (redondant)
n’a pu démarrer. Par effet dominos, les autres régions sont tombées en pannes
en en raison de la saturation de la demande en réseau, provoquant un black-out
national. A cause de problèmes de logistiques, ce n’est que vers 14 Heures que
la panne a pu être fixée et le système redémarrer vers 17 heures…Imad Soussou,
le responsable technique du troisième opérateur de téléphonie mobile en Algérie
a payé les frais de cette gigantesque panne.Des
agents de sécurité ont fait irruption dans le bureau d’Imad Soussou pour
l’escorter jusqu’aux portes de l’entreprise…Nikolai Beckers reconnait lui même, dans un document interne,
l’effondrement du réseau, la baisse de revenus et de la rentabilité de
l’entreprise, comme vous pouvez le voir ci après.Triste
constat, quand on connait le potentiel du marché algérien et l’état désastreux
du secteur des télécommunications dominé par des incompétences et des parvenus.
C’est à cause de ce système, qui ne connait que la captation de la rente
pétrolière et pour lequel le concept de la création de richesse est étranger,
que l’Algérie s’est classée à la 135ème place
sur 137 pays par rapport à la vitesse de la connexion internet mobile, et à la
173ème position sur 177 pays testés concernant l’internet
fixe… Mais revenons à Ooredoo.Ramdane Djazairi, le désormais ex-Directeur opérationnel des
relations publiques et médias, a lui aussi été limogé de son poste. Nous
reviendrons dans nos prochaines éditions sur les accusations de corruption et
d’abus de pouvoir dont il fait l’objet de la part de de
nombreux collègues et sous-traitants. Ramdane, qui a
utilisé le chantage de la manne publicitaire pour mettre au pas la plupart des
médias, s’est récemment distingué par des coups bas en direction de l’opérateur
Mobilis.Lors de la dernière Coupe d’Afrique des
Nations, il n’avait pas hésité à associer illégalement l’image d’Ooredoo à celle de l’équipe de football d’Algérie, alors
que les verts étaient en contrat exclusif avec l’opérateur Mobilis,
à travers l’organisation le 14 Juillet 2019 d’un événement public au stade du 5
Juillet. Du jamais vu ! et cela avec la
complicité de l’ex Directeur Général d’Ooredoo Abdullatif Hamad Dafallah ! Peu
déontologique. Nos sources nous assurent que plusieurs dizaines de cadres sont
visés par cette campagne de licenciements qui a d’ores et déjà touché Aref Soltani manager des ventes,
Abdelkader Haffaf Directeur des ventes, Adel Boumeddad responsable
juridique d’Ooredoo.Mais il y a lieu de signaler le
départ de Salim Debri, responsable de la sécurité
électronique et qui serait, selon les mêmes sources, en maladie et absent du
territoire national.Debri a été licencié après la
transmission de plusieurs convocations de contre-expertises médicales
auxquelles il ne s’est pas présenté.Interface des
services de sécurité pour tout ce qui concerne les réquisitions judiciaires, en
matière d’écoutes et de géolocalisations de cartes
Sim, Salim Debri aurait, selon nos informations,
procédé à des écoutes et identifications de porteurs de numéros téléphoniques
ainsi qu’a des transcriptions d’appels et de SMS au profit d’intermédiaires et
hauts cadres de l’état, contre une protection et des avantages, et ce sans
passer par une autorisation de Justice… Comment est-ce possible ?Le nettoyage qui a déjà commencé chez Ooredoo
sera long et le chemin vers une stabilisation de l’entreprise certainement
jonché d’embuches, mais il semble que les qataris soient prêts à tous les
sacrifices pour une plus grande transparence dans leur filiale algérienne et
l’installation de compétences à tous les niveaux. Tout le monde aura à y
gagner. Affaire suivre…