VIE
POLITIQUE- DOCUMENTS POLITIQUES- CONSEIL DES MINISTRES 9/9/2019
Le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, a présidé, lundi 9
septembre 2019, à Alger, une réunion du
Conseil des ministres, a indiqué un communiqué de la présidence de la
République.
A l’ouverture des travaux du Conseil, M.
Bensalah a prononcé une allocution, suivie d’une communication du vice-ministre
de la Défense nationale, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, le
général de corps d’Armée, Ahmed Gaïd Salah, et d’une communication du Premier
ministre, Noureddine Bedoui, sur l’activité gouvernementale. Le Conseil des
ministres a entamé ses travaux par l’examen et l’adoption du projet de loi
organique relatif à l’Autorité électorale nationale indépendante, présenté par
le ministre de la Justice, garde des Sceaux.
Ce projet de loi organique, qui a pour objet la
création d’une Autorité nationale indépendante des élections, a été élaboré sur
la base des suggestions présentées par l’Instance nationale de dialogue et de
médiation, ayant couronné le processus de dialogue entamé avec les partis
politiques, les personnalités nationales et les représentants de la société
civile. Il assigne à l’Autorité nationale indépendante d’organisation des
élections, les missions d’organisation des élections étaient dévolues jusque-là
à l’administration. A ce titre, cette Autorité aura en charge de mener toutes
les opérations liées aux élections depuis la convocation du corps électoral
jusqu’à la proclamation provisoire ou définitive, selon le cas, des résultats.
Dans ce cadre, elle aura notamment la responsabilité de tenir le fichier
électoral et d’organiser toutes les opérations qui y sont liées. Toutes les
commissions électorales seront placées sous l’autorité de cette instance
indépendante, qui annoncera également les résultats provisoires de l’élection
présidentielle en lieu et place de l’administration de l’Intérieur. L’Autorité
sera appelée à intervenir sur tout le territoire national à travers des
démembrements au niveau des wilayas, des communes et des circonscriptions
électorales de notre communauté à l’étranger. Elle disposera d’un budget de
fonctionnement propre et assurera l’élaboration et l’exécution du budget des
élections, comme elle disposera d’une administration autonome dans son
organisation, son fonctionnement et le statut de ses personnels. Par ailleurs,
la composition humaine de l’Autorité nationale indépendante d’organisation des
élections, permettra d’asseoir une autonomie totale à cette nouvelle
institution et une parfaite indépendance, à travers le mode de sélection de ses
membres, représentant la société civile, les corporations
socioprofessionnelles, les magistrats et les auxiliaires de justice, qui repose
sur l’élection par les pairs, comme règle générale. Par ailleurs, et afin
d’assurer le lancement du processus de création de cette instance indépendante,
une personnalité nationale indépendante et consensuelle aura pour mission
exclusive la mise en place de cette institution. Sa mission prendra fin dès
l’achèvement du processus d’installation de l’Autorité. Ce choix de sélection,
renforcé par des conditions d’éligibilité garantissant une totale neutralité
des membres, permettra aux membres de cette instance d’exercer pleinement les
larges prérogatives qui leur sont dévolues, pendant toutes les phases du
processus électoral.
Autorité électorale indépendante :
une réponse concrète aux aspirations de notre peuple
Intervenant à l’issue de l’adoption de ce projet de loi organique par le
Conseil des ministres, le chef de l’Etat a souligné que la création de cette
nouvelle Autorité nationale constitue une réponse concrète aux aspirations de
notre peuple qui a revendiqué, pacifiquement, un changement profond de notre
système de gouvernance, fondé sur de nouvelles règles d’impartialité, de
transparence et d’équité. Elle vise également à satisfaire une demande
récurrente de la classe politique concernant la mise en place de nouvelles
règles à même de garantir la transparence des élections et de consacrer le
processus démocratique, afin de permettre au peuple de se prononcer en toute liberté
et souveraineté lors de la prochaine consultation électorale, pour élire le
président de la République et barrer ainsi la route à l’aventurisme et à ses
augures. Le chef de l’Etat a saisi cette occasion pour lancer un appel aux
forces politiques, aux représentants de la société civile et aux personnalités
nationales pour poursuivre le dialogue et les concertations, pour la mise en
place de l’Autorité. II a indiqué notamment que cette mesure de première
importance, permettra l’organisation, dans les délais convenus, de l’élection
présidentielle, seule à même de permettre au pays de sortir de l’instabilité
politique et institutionnelle et de déjouer les dangers du vide institutionnel.
Le chef de l’Etat a, enfin, instruit le gouvernement à l’effet de mettre à la
disposition de cette nouvelle Autorité indépendante tous les moyens matériels
et logistiques et de lui apporter toutes les formes de soutien, lui permettant
l’organisation de la prochaine consultation électorale, dans les meilleures
conditions.
Modification de la loi organique relative
au régime électoral
Le Conseil des ministres a poursuivi ses travaux par
l’examen et l’adoption du projet de loi organique modifiant et complétant la
loi organique n°16-10 du 22 Dhou El Kaâda 1437, correspondant au 25 août 2016
relative au régime électoral. Cette révision législative qui vise à intégrer les
différentes propositions et suggestions, formulées par la classe politique, les
personnalités nationales et les représentants de la société civile, recueillies
par l’Instance nationale de dialogue et de médiation, vient adapter en
conséquence, le dispositif législatif relatif au régime électoral avec les
nouvelles dispositions du projet de loi organique relatif à l’Autorité
nationale indépendante des élections, et introduire toutes les garanties, à
même de conférer au régime électoral toutes les exigences d’impartialité, de
régularité et de transparence. Parmi les principaux amendements contenus dans
ce projet de loi organique, figure la création du fichier national des
électeurs qui sera tenu exclusivement par la nouvelle Autorité Indépendante des
élections.
Cette instance aura également la charge de la tenue et de la révision
périodique des listes électorales communales et des circonscriptions
diplomatiques ou consulaires, à travers des commissions de révision des listes
électorales placées sous son autorité et dont les membres sont désignés par
elle. L’Autorité indépendante aura aussi la charge d’établir et de distribuer
l’ensemble des documents électoraux, y compris les cartes d’électeurs. Elle
aura également la prérogative de répartir les électeurs sur les bureaux de
vote, la création des centres de vote ainsi que de désigner les membres des
centres et bureaux de vote. L’amendement prévoit désormais que le scrutin sera
ouvert à huit heures du matin et clos le même jour à dix-neuf heures,
sans aucune possibilité de retarder l’heure d’ouverture ou de clôture. Le
président de l’Autorité indépendante disposera du pouvoir réglementaire dans le
cadre de son domaine de compétence et du pouvoir de solliciter, lors du
déroulement des opérations électorales et en cas de besoin, la réquisition de
la force publique.
Allégement des conditions de participation
aux élections présidentielles
Le projet de loi organique comporte également des mesures visant
l’allégement des conditions de participation aux élections présidentielles,
notamment la suppression de la condition liée au parrainage d’un minimum de 600
élus, ainsi que la réduction du nombre de signatures individuelles d’électeurs
à recueillir par le candidat à l’élection présidentielle, qui passe de 60.000
signatures à 50.000 signatures à travers au moins 25 wilayas tout en réduisant
le nombre minimal de signatures exigées pour chacune des wilayas concernées de
1.500 à 1.200 signatures. Par ailleurs, les candidats à l’élection
présidentielle sont désormais tenus de présenter un diplôme
universitaire.
Le projet de loi organique prévoit que le dépôt des dossiers de candidature
pour l’élection présidentielle, s’effectue désormais auprès de l’Autorité
indépendante des élections qui statue sur les candidatures avant de transmettre
ses décisions au Conseil constitutionnel pour validation finale de la liste des
candidats. L’amendement législatif place les commissions électorales communales
et de wilaya sous l’autorité directe de la nouvelle instance indépendante des
élections qui désigne en outre la quasi-totalité de leurs membres. Par
ailleurs, l’Autorité indépendante est investie de larges missions en matière de
régulation de la campagne électorale, notamment en matière de répartition
équitable des temps de passage dans les différents médias audiovisuels, et doit
veiller à ce titre, en relation avec l’Autorité de régulation de
l’audiovisuelle, au respect des dispositions législatives y afférentes.
A l’issue de l’adoption de ce projet de loi organique par le Conseil
des ministres, le chef de l’Etat a tenu à réitéré ses vifs remerciements aux
membres de l’Instance nationale de dialogue et de médiation pour le travail de
consultation et de concertation accompli, souvent dans des conditions
difficiles, lequel a abouti à la consolidation et la mise en forme d’un
ensemble d’amendements visant à réviser et à adapter notre régime électoral
pour permettre la tenue d’une élection présidentielle répondant aux conditions
et normes d’objectivité, d’impartialité et de transparence. Ces propositions
qui ont été intégrées dans les deux projets de lois organiques que le Conseil
des ministres vient d’adopter, sans en apporter aucune modification majeure,
hormis celles devant les mettre en conformité avec la loi fondamentale du
pays.
Le chef de l’Etat a souligné également qu’avec ces deux textes, les
pouvoirs publics et l’ensemble des acteurs de la scène nationale devront se
mobiliser pour organiser l’élection présidentielle dans les délais requis, avec
comme priorité absolue l’installation sans délai de l’Autorité nationale
indépendante des élections, dès l’adoption des projets de lois organiques,
conformément aux procédures constitutionnelles en vigueur.
Le chef de l’Etat a exprimé sa conviction que ces deux projets de lois
organiques, permettront d’entourer le prochain scrutin des garanties requises
pour l’organisation dans les délais convenus, dans un climat empreint de
sérénité et d’entente, une élection présidentielle incontestable, unique voie
constitutionnelle et seule solution démocratique raisonnable pour permettre au
pays de sortir de cette crise. Il a enfin ajouté qu’ils constituent une
première réponse aux aspirations légitimes de notre peuple, afin qu’il
choisisse en toute souveraineté, liberté et transparence, la personnalité à qui
il souhaite confier le mandat de conduire le changement et de satisfaire le
reste des revendications populaires légitimes. Le Conseil des ministres a achevé
l’examen de son ordre du jour par l’adoption de décisions individuelles
relatives à des emplois et fonctions supérieures de l’Etat. A la fin des
travaux du Conseil des ministres, M. Bensalah a prononcé un discours de clôture
dans lequel il a adressé ses remerciements aux membres du gouvernement pour
leurs contributions et observations, qui ont enrichi notre débat.
En adoptant les deux textes de loi, nous avons atteint une étape cruciale
du processus politique qui, à son tour, aplanira la voie à l’organisation d’une
élection présidentielle, remplissant les conditions de transparence et de
régularité, de manière à répondre à l’une des revendications essentielles du
peuple algérien.
De ce fait, j’estime que la conjoncture est favorable à la conjugaison des efforts,
en prélude au rendez-vous du peuple avec une échéance nationale décisive, qui
lui permettra d’élire un président remplissant les critères de compétence et de
légitimité, indispensables à la réalisation de ses aspirations au changement, à
la satisfaction de ses revendications légitimes, et à la concrétisation des
réformes escomptées, qu’il n’a eues de cesse de revendiquer, a-t-il
indiqué.
Dans ce contexte, j’exhorte tous les responsables à poursuivre leurs
actions, à redoubler d’efforts et à faire montre de la vigilance exigée lors de
la prochaine étape, en vue de garantir le bon déroulement du processus
électoral, qui permettra à notre pays de rétablir l’autorité de l’Etat et de
conférer toute la légitimité nécessaire à ses institutions.