HABITAT- REGION- ANNABA-
REPORTAGE W. BAHRI/L’EXPRESSION
(c) W.Bahri/L’Expression, dimanche 1er septembre 2019
Fondée
en 1295 av. J.-C., une des plus anciennes cités du pays, la coquette est connue
sous les noms successifs d’Ubon, Hippo Regius, Hippone, Bouna, Bled El Aneb,
Bône et enfin, Annaba.
Au fil des siècles Annaba
était le parfait exemple des contrastes et des paradoxes. Cette ville dite
cosmopolite était autrefois, le périmètre du premier homme préhistorique.
L’Homo erectus aurait vécu dans cette région depuis le Paléolithique supérieur,
soit -1,8 million d’années à -100 000 ans. L’homme est apparu dans le périmètre
de Ras-Al-Hamra (cap de Garde). En témoignent les découvertes archéologiques
effectuées dans cette wilaya, dont les silex taillés ou polis, menhirs,
cromlechs, dolmens, à Chapuis, l’Edough, cap de Fer, cap de Garde, les collines
de Bou Hamra, la région ouest de Annaba, entre autres.
Ancien comptoir phénicien fondé durant l’extension de la civilisation
phénicienne au-delà de ses frontières originelles, Annaba avait permis aux
Phéniciens, d’exceller dans la navigation maritime, car ils avaient compris que
la prospérité, la fructification de la richesse et le développement économique
ne pouvaient provenir qu’au-delà des limites marines. Ce qui a poussé les
Phéniciens à établir des comptoirs commerciaux, dans la ville de Annaba. Son rôle de port qui assure les liaisons entre
l’arrière-pays et la Méditerranée, l’avait transformée au fil de l’histoire, en
ville commerciale par excellence, ce qui lui avait valu par conséquent une
succession de civilisations. Depuis les Phéniciens, les Numides, les Romains,
jusqu’aux Ottomans et le colonialisme français, en passant par, les Vandales et
les Byzantins, Annaba, la province numide garde encore les traces de ces
civilisations. Annaba a vécu toutes les particularités de l’histoire sans se
soumettre, jusqu’à l’indépendance de l’Algérie et, était restée un centre du
rayonnement culturel, économique à ce jour.
La ville devint la capitale commerciale, la perle de l’Est du pays et maîtresse
de toute l’Afrique du Nord. Bône gravissant les échelons du développement,
s’est transformée en une ville aux mille et un contrastes où le développement
socio- économique important, faisait d’elle une région très prospère, grâce à
son agriculture, industrie et tourisme.
L’industrie se développe aussi largement, avec une usine de traitement des
phosphates, plusieurs coopératives agricoles prospères, le développement du
port marchand, équipé du plus récent matériel de manutention. Depuis ce port
partent les différents minerais originaires du djebel Kouif et de l’Ouenza vers
le complexe Sider d’El Hadjar, mais également y arrivaient toutes les
importations.
Quatrième ville de l’Algérie, Annaba joue un rôle prépondérant dans le
développement de plusieurs secteurs économiques du pays.
Les structures de base, qu’elles soient industrielles, agricoles, de santé ou
autres, sont, entre autres ressources de rente à la wilaya. Sa politique de
développement multidimensionnel, notamment dans le secteur des équipements
techniques, mécaniques, chimiques et agricoles, lui a valu le statut de
fournisseur, pour plusieurs régions Est du pays. L’ensemble des ressources
humaines et des investissements ont, également, fait d’Annaba l’une des riches
villes d’Algérie. En effet, Annaba dispose d’une gare ferroviaire située à
proximité du port, lui assurant un tissu de lignes de transport important, pour
l’acheminement des minerais vers les entités économiques de type industriel, El
Hadjar et Asmidal entre autres. Faisant partie des 10 ports marchands
algériens, avec également des bateaux qui assurent le transport des voyageurs.
Outre, la nouvelle aérogare, la wilaya de Annaba verra
bientôt la mise en service, d’une nouvelle gare maritime, en cours de
construction. C’est dire qu’en matière d’industrie, Annaba est en pole
position, notamment le secteur privé qui se concentre dans l’agroalimentaire,
la transformation métallique, le bois et ses dérivés, le BTP.
Les zones industrielles occupent quant à elles près de 400 ha entre Pont
Bouchet, Meboudja, Berrahal, Kherraza. Des zones d’activités sont situées dans
la banlieue de la ville, à Sidi Salem, El-Eulma et Oued El-Aneb.
L’extension de la zone industrielle de Annaba est
associée à la construction de la nouvelle ville de Draâ Errich, distante de 20
km.
L’aéroport de Annaba de Rabah Bitat, à 9 km au sud de la ville, joue également,
un rôle important tant dans le domaine économique que touristique. Doté
d’équipements de dernière génération, l’infrastructure aérienne assure des
vols, par les compagnies Air Algérie et Aigle Azur sur des liaisons nationales
et internationales.
Comme n’importe quelle wilaya du pays, Annaba vit la crise du logement qui lui
a occasionné une anarchie endémique, dans son tissu urbain. Il y a quelques
années, Annaba la Coquette était la seule carte postale de l’Algérie,
aujourd’hui, elle est la plaie puante d’une politique de développement urbain.
Objet d’un laisser-aller bien caractérisé et distingué, la ville a perdu de sa
coquetterie. Transformée, ses terres et terrains agressés au grand jour par le
bradage et la mauvaise répartition des constructions, la ville, voire toute la
wilaya, s’est transformée en cités-dortoirs. Voulant contrecarrer la crise du
logement, la construction de celui-ci n’est autre que du béton sans âme ni
cœur. Tel le cas de la nouvelle-ville, et les nouveaux pôles urbains. Pour une
population de 650.000 habitants les cinq programmes quinquennaux totalisant
plus de 120 000 logements, tous segments confondus, ne sont pas parvenus à
résoudre cette énigmatique crise en la matière.
D’autant que Draâ Errich est destinée à abriter 200.000 habitants en y
intégrant des structures adaptées et des lieux de loisirs. Plus de 12 000
logements ont été déjà lancés dont 2500 unités relevant de la formule
location-vente gérée par l’Agence nationale d’amélioration et de développement
du logement (Aadl). Dans le pôle urbain de Kalitoussa, 6800 logements, tous
segments confondus, ont presque été achevées, comme dans d’autres pôles
urbains.
Ces derniers sont implantés à El Bouni, El Hadjar et Sidi Amar, entre autres
communes qui formaient jadis une véritable couronne autour de la ville de Annaba et dont les liens avec cette dernière étaient plus
denses. Aujourd’hui, et depuis l’implantation du complexe sidérurgique d’El
Hadjar qui a drainé la main-d’œuvre de toute la région, la wilaya s’est
considérablement développée, mais s’est transformée en un bidonville à ciel
ouvert, de par l’exode, des populations des wilayas limitrophes. Hormis le
Cours de la révolution (ex-cours Bertagna), Annaba est en phase de s’effacer si
rien n’est fait.... Car, elle est en proie à beaucoup d’actes et agissements
malveillants.
Néanmoins, cet état de fait, n’a en aucun cas diminué de la réputation de cette
ville cosmopolite, puisqu’elle trône toujours sur le royaume en tant que ville
touristique par excellence.
En dépit de tous les aléas socio-économiques, la wilaya de Annaba
reste la première destination touristique des vacanciers et touristes.
Un statut qu’elle détient grâce à son relief côtier, montagneux, mais surtout à
l’hospitalité de ses habitants.
La ville de Annaba a vu la mise en place d’un plan
d’aménagement touristique qui sera destiné à promouvoir ce secteur dans les
années à venir, elle dispose d’immenses plaines longeant des montagnes, telles
que les monts de l’Edough. La ville ainsi que son agglomération sont bordées
par près de 40 kilomètres de côtes, ses plages ont drainé cet été des milliers
de touristes nationaux et internationaux.
La ville abrite plusieurs plages : Sidi Salem, Joino, le lever de l’Aurore
(Vedro), Saint-Cloud, Chapuis, La Caroube, Toche, Aïn Achir. Et aussi plusieurs
hôtels et complexes dont la prestation de service a fait un boom en matière de
qualité.
Ainsi, la wilaya cosmopolite vit au rythme d’une réelle transformation sans
précédent, donnant tantôt au chef-lieu l’air d’une ville de rêves et tantôt
celle de la peur, mais aussi bien l’une que l’autre, elles contribuent à sa
spécificité de ville rebelle et du farniente.