SPORTS- REGION- TIARET/JSMT – FRERES BANUS (4)
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Amellal Fawzi /El Watan, dimanche 1er septembre 2019
Mai 2014.
Le tout-Tiaret sportif avait rendez-vous au parc omnisports Kaïd Ahmed avec le
jubilé des quatre frères Braïk, alias les frères Banus.
Un
événement sportif majeur dans la région du Sersou, plus de quinze ans après que
les Benaïssa, Mohamed, Kadi et Zoheir avaient déjà raccroché les crampons. Qui
plus est, intervenant dans un stade qui revêtait ses beaux atours, doté
d’éclairage pour un nocturne inédit et avec au menu un plateau royal où
beaucoup d’anciennes stars et gratins du football national étaient conviés.
Pour avoir
fait les beaux jours de la JSMT durant la période 50/90, soit près de quarante
années d’exercice footballistique, les amoureux de la balle ronde, anciens
comme nouveaux, ont investi l’arène pour se remémorer la belle époque et
oublier les vicissitudes du temps et les péripéties ayant périclité ce club
cher au cœur des Tiarétis dans les profondeurs de la hiérarchie, après avoir
fait partie du gotha national. Dans son domicile «terrain Boumediène», au cœur
de la ville de Tiaret où il réside, Mohamed, ou «Banus 2», s’est prêté de bonne
grâce pour nous restituer certaines facettes de ce que fut cette saga, loin
d’être unique chez ce club mythique qu’on surnomme affectueusement «Ezzerga».
Avant les
Banus, -un qualificatif qui provient d’une déformation phonétique de Benaïssa-,
il y eut les frères Mehenni, les Skander et les Kadda. L’aîné des quatre
frères, Benaïssa, né en 1946, débuta sa carrière à la fin des années 50 aux
côtés de feu Krimo, Tahar, Souidi et Mayouti comme défenseur. Un autre
coéquipier a été évoqué, il s’agit de Okat, toujours en vie, contrairement aux
rumeurs le donnant pour décédé, lui qui vit entouré de
sa famille et ses enfants.
Très
athlétique par rapport à ses trois autres frères, Banus1 était à côté de
Benferhat Tahar, un rempart infranchissable. Une muraille, comme dirait
l’autre, qui menait la vie dure aux attaquants de race de l’époque. Benaïssa,
de par sa classe et sa prestance, fut d’ailleurs sélectionné pour faire partie
de l’équipe d’Oranie et tenta quoique pour une courte durée une virée dans
l’Hexagone. Benaïssa, élève brillant, dut toutefois sacrifier ses études et
intégrer la vie professionnelle si tôt pour aider sa famille.
Benaïssa
fut d’ailleurs cadre de la jeunesse et des sports. Sa longue carrière a été
auréolée d’un poste d’entraîneur dans l’équipe du cœur et assuma avec brio la
mission de directeur technique de wilaya pour le compte de la ligue de wilaya
de football jusqu’à son départ à la retraite.
Il reste
jusqu’à nos jours branché sur tout ce qui touche au football, étant un lecteur
assidu de la presse nationale et même internationale. Braïk Mohamed, ou Banus
2, reste un personnage atypique. Sportif accompli, éduqué, il est resté jusqu’à
nos jours accroché au football.
Né en
1949, Banus 2 aura été un régal pour la galerie locale. Ses longues échappées,
ses dribbles déroutants et son allant ont été des atouts majeurs pour le club
local. Sa vista lui a valu sa convocation en équipe nationale sous l’ère des
Saïd Amara, Mekhloufi et Hamid Zouba. Ils auront été trois joueurs (Krimo, Thar
et Braïk Mohamed) à intégrer l’équipe nationale d’Algérie. Mohamed a fait ses
grands débuts sous les encouragements de Abdelkader
Zitouni, Zakour Nourredine, Hamid Skander et Krimo. Mohamed, à l’instar de
beaucoup de talents en herbe, est passé par ce que les Tiarétis appellent le
«stade de la SAS».
Un passage
obligé pour le recrutement dans les équipes de la ville, et surtout un
réservoir naturel pour la JSMT. Mohamed se rappelle bien de ses débuts qui
l’ont été aussi grâce au concours d’hommes de l’ombre, comme Lahcen Djelloul
(Tchach pour les intimes), Boudali Hadj Ahmed et Bouali Mahmoud. Avant d’aller
en Belgique pour les besoins d’un stage professionnel où il a parfait son
cursus avec en poche un TS en planification, Mohamed était à deux doigts de
signer dans une équipe de Bruxelles, mais l’appel du pays était si fort qu’il
est revenu y travailler et jouer sous une ambiance folle.
Avec un
diplôme d’infirmier d’Etat, Mohamed a aussi sillonné l’Oranie avec les équipes
médicales, où ont sévi deux grandes épidémies. Il confessa «ne jamais oublier
mon premier poste d’entraîneur sans l’aide de l’ex- président Yahia Rabah»,
«son engagement à la barre technique de la JSMT au côté de Fellan, le
kinésithérapeute de l’équipe nationale et en prime une accession en division
une», son implication dans la prise en main d’équipes de la région comme la
fameuse IRB Sougueur, le FCB Frenda, Djelfa et tant d’autres équipes dont il ne
garde que de bons souvenirs.
Avec
Mohamed, l’on ne peut s’empêcher de penser à cette grande mésaventure vécue par
la JSMT, alors que l’équipe livrait un match héroïque fac à l’AS Marsa. «Venu
demander des explications à l’arbitre sur l’expulsion de son frère Kadi qui eut
une brève altercation avec le joueur Bouhadji, Benaïssa s’est vu à son tour
expulsé et à Mohamed de clore cette série d’expulsions, trois dans la même
partie». Plutôt «un scandale qui n’a pas laissé insensible et l’entraîneur de
l’époque, le Yougoslave Stevanovitch, et la Lofa, qui a vite fait de rétablir
la JSMT dans son droit. Un scénario qui a valu le lendemain à la presse
régionale de belles manchettes.
Enfin de
ses souvenirs impérissables, Mohamed garde celui de sa participation contre le
Brésil de Pelé et contre le Mali. Banus 3, plus connu à Tiaret sous le
diminutif de Kadi, c’est de la classe. Un demi offensif, dont les anciens se
souviendront toujours, lui qui a su débloquer des situations difficiles. Né en
1966, Abdelkader fait partie de la génération des Tas Abed, Madjid Oulbachir,
Abdelkader Gharbi, Kharoubi Belkacem dit Japon, Dahou Mohamed. Du fait de son
service militaire à Alger, Kadi fera les beaux jours de l’USM Koléa. Une
sérieuse blessure l’éloigna prématurément des terrains, au grand dam de ses
nombreux fans.
Qui ne se
souvient pas de ces petites fiestas qu’on organisait chez lui à chaque fin de
match à l’ex-rue Bugeaud (actuelle rue Emir Abdelkader). Hadja Meriem, la mama
tiarétienne, aujourd’hui âgée de 107 ans, se souvient toujours de cette joie
immense qu’ont su tisser ses enfants avec la population de Tiaret. Banus 3, à
l’exemple de son devancier, a, lui aussi, fait partie
de la sélection nationale junior du temps d’Ali Fergani, sous la houlette des
Amar Rouaï et Soukhane.
Le dernier
des mohicans, Zoheir, ou Banus 4, a été, lui aussi, un défenseur intraitable
qui joua un rôle-clé durant la saison 1979/1980, avec à la clef une accession
en division deux sous la férule de feu Laribi Abdelkrim (Krimo). Zoheir a été
lui aussi un capé de l’équipe nationale cadette.