SCIENCES - DÉCOUVERTE- GÉNOME ARABE/MAGHREB-ÉTUDE ADN
Le « Genographic project » a été lancé en 2005 par le généticien
Spencer Wells. L’étude analyse les tendances historiques des ADN des
sujets répartis à travers le monde afin de comprendre nos racines génétiques.
Les chercheurs ont donc collecté des échantillons d’ADN de tous les continents.
Ce long travail de prélèvement permet de décortiquer les mouvements de
populations à travers l’histoire et les origines de 60 groupes ethniques.
L’étude a révélé des surprises dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord
(MENA).
1- Le génome arabe n’est pas dominant en Afrique du Nord
Le Maghreb et l’Afrique du Nord sont souvent désignés comme
faisant partie du « monde arabe ». Pourtant, les résultats montrent
que le génome arabe est minoritaire en Tunisie, qui a une population similaire
au reste du Maghreb. Seulement 4% du génome des Tunisiens est arabe, contre 88%
de génome d’Afrique du Nord. « La
composante arabe est arrivée en deux vagues: d’abord avec l’arrivée de
l’agriculture venue du Moyen-Orient il y a 8 000 ans, puis lors de la conquête
islamique au VIIe siècle« ,
expliquent les chercheurs. L’Égypte, présentée comme étant le pays de la
civilisation arabe, n’a que 17% de génome arabe, contre 68% de génome venu
d’Afrique du Nord et 4% de la diaspora juive.
TUNISIE
2- Le génome arabe ne s’est pas autant répandu dans les pays
voisins d’Europe
Alors qu’historiquement la conquête arabe est allée jusqu’en
Europe, très peu de traces du génome de cette ethnie ont été retrouvées dans
l’ADN des populations du vieux continent. On n’en relève par exemple
aucune en France, en Italie, en Espagne ou au Portugal. En revanche, le génome
d’Afrique du Nord est présent dans 9% des échantillons de population espagnole
et portugaise. Sa teneur est de 2% chez les Italiens et les Français. « Les composantes nord-africaines
représentent les migrations historiques de populations par le détroit de
Gibraltar vers la péninsule ibérique les 2 000 dernières années« , expliquent encore les scientifiques.
3- Le génome d’Afrique du Nord présent à des endroits inattendus
Le « Genographic project » révèle que les populations d’Afrique du Nord
seraient allées bien plus loin que ce qu’on imaginait. Des traces de leur
génome ont été retrouvées jusqu’en… Amérique du Sud! Au Pérou, 3% du génome de
la population vient d’Afrique du Nord, tout comme à Porto Rico
(3%), contre 6% en Colombie. Les initiateurs du projet expliquent sur leur site
que la présence du génome nord-africain dans ces zones est due « au commerce des esclaves du XVIe au
XIXe siècle, qui a eu une influence significative sur les modèles génétiques
locaux« .
COLOMBIE
4- Les Iraniens ont un ADN majoritairement arabe
En Iran, l’ADN des habitants est à 56% composé du génome arabe,
et à 24% du bagage génétique originaire d’Asie du sud. Ces génomes sont issus
des populations qui ont migré d’Afrique en passant par l’Asie du Sud-ouest pour
aller vers le reste de l’Eurasie. Restées au Moyen-Orient, elles ont développé
un génome unique.
IRAN
Le pays où le génome arabe est le plus présent est le Koweït
(84%). Le bagage génétique des populations de cette zone comprend aussi 7%
d’Asie mineure, 4% d’Afrique du Nord et 3% d’Afrique de l’Est. « La petite composante d’Afrique du Nord
reflète la proximité du Koweït avec l’Afrique, et pourrait avoir été augmenté
par le commerce arabe des esclaves entre le VIIIe et XIXe siècle« , détaille le site de la National Geographic.
La population libanaise présente aussi un ratio important du
génome arabe (44%). Le pourcentage restant est très hétéroclite, avec 14% de
diaspora juive, 2% d’Afrique de l’Est, 11 % d’Afrique du Nord, 10% d’Asie
mineure et 5% du sud de l’Europe.