AGRICULTURE- FORÊT- FEUX DE FORÊTS 2019
Dans un
contexte climatique mondial marqué par la canicule, l’année 2019 se présente
jusqu’au mois d’août comme une année «normale» en termes de feux de forêt,
malgré les 9.000 hectares partis en fumée, a indiqué à l’APS le directeur
général des forêts (DGF), Ali Mahmoudi. Dans un
entretien accordé à l’APS, M. Mahmoudi a précisé que
l’Algérie avait enregistré, au cours des vingt dernières années, une moyenne
globale de 32.000 hectares/an de superficies ravagées par les feux de forêt,
soulignant le caractère «exceptionnel» de la campagne 2018, durant laquelle
seulement une surface de 2.300 hectares a été détruite par les feux. Il a
signalé que le contexte climatique mondial est marqué par la canicule, le mois
de juin ayant été le plus chaud enregistré à l’échelle mondiale depuis le
siècle dernier, sans parler de la forte baisse de la pluviométrie cette année,
à l’origine de l’assèchement du couvert végétal à travers le monde et le
déclenchement de nombreux incendies dans des pays comme le Portugal, la Chine,
l’Espagne et les Etats-Unis d’Amérique. En Algérie, les feux de forêts ont
détruit, jusqu’au mois d’août 2019, plusieurs types d’arbres, notamment le pin
d’Alep et le chêne-liège, deux espèces résilientes du fait de leurs capacités
de régénération. 1.246 foyers d’incendie ont été enregistrés depuis le 1er juin
2019, anéantissant 2.363 hectares de forêts (26%), 2.530 hectares de maquis
(28%) et 4.111 hectares de broussaille (46%).
Le responsable a tenu à assurer que les arbres et les animaux en voie
d’extinction n’ont pas été ravagés par les incendies, puisque seulement onze
(11) cèdres de l’Atlas ont été détruits dans les parcs nationaux du Djurdjura
et de Theniet el-Had et
seuls cinq (5) singes magots ont péri dans le parc national du Djurdjura
(wilaya de Bouira). À ce jour, le mois de juillet a
connu le plus de pertes puisque 27 foyers de feu ont dévasté 5.940 hectares de
forêts, soit 66% du bilan annuel d’incendies, a fait savoir le responsable. Les
wilayas de Tizi Ouzou, Aïn Defla, Tissemssilt
et Béjaïa sont les plus touchées avec 53% des incendies
de forêts recensées entre le 1er juin et le 4 août 2019, soit une superficie
totale de 4.769 hectares ravagés, selon M. Mahmoudi.
Concernant les techniques utilisées pour venir à bout des feux, le responsable
a indiqué que le Direction générale des forêts (DGF) avait eu recours aux
moyens disponibles, notamment les 48 colonnes mobiles relevant des services de
la Protection civile, lesquelles ont permis de limiter les superficies
endommagées par les feux, a-t-il dit, ajoutant que les techniques aériennes de
lutte contre les incendies sont appelées à se développer à l’horizon 2020.
Partenariat avec la FAO et
l’ambassade du Japon pour prévenir les feux de forêt
M. Mahmoudi a, par ailleurs, affirmé que les causes
de 85% de ces feux restaient inconnues, d’où les projets de partenariat lancé,
le 17 juin 2019 à Alger, par la Direction générale des forêts avec
l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et
l’ambassade du Japon en matière d’enquête sur les causes des incendies de
forêts et les techniques de lutte contre ces feux. La DGF a également signé des
conventions avec les services de la Gendarmerie nationale et des Douanes en
matière d’enquête en cas d’incendie volontaire, a-t-il précisé, ajoutant que
d’autres conventions devraient suivre avec les services de la Sûreté nationale.
Selon M. Mahmoudi, la vigilance des citoyens et des
agents de protection des forêts ont permis d’éviter des départs de feux.
Pour le responsable, les déchets en verre et autres résidus contenant des
matières inflammables laissés par les citoyens dans les forêts et les décharges
anarchiques figurent parmi les principales causes de ces feux, réfutant
l’existence d’incendies volontaires dans le but d’obtenir du charbon ou de
s’approprier un terrain. «Scientifiquement parlant, le bois brulé perd son
pouvoir calorifique en présence d’oxygène, d’où l’impossible exploitation du
charbon à partir des feux de forêts», a expliqué le responsable, soutenant que
«des procédures bien réglementées régissent la propriété foncière et il ne
suffit pas de brûler la partie d’une forêt pour se l’approprier».
Il a, à cet égard, affirmé que l’Algérie dispose d’unités de production de
charbon dont les autorisations sont délivrées par la Direction générale des
forêts après un appel d’offres. En 2019, les services des forêts ont enregistré
la production de près de 9.000 quintaux de charbon à travers 34 unités
industrielles spécialisées dans les wilayas de Mascara, Oum El-Bouaghi, Constantine, Jijel, Aïn Defla, Blida et Chlef. Une
quantité de 402 kg de charbon produite de façon illicite a été saisie durant la
même année.
Par ailleurs, le recensement des pertes a été confié à des commissions ad hoc
présidées par les walis et comprenant les directeurs des services agricoles,
les directeurs des forêts des wilayas, les président de daïras et de communes
et les services de la Protection civile. Quant aux indemnisations, M. Mahmoudi a fait savoir qu’il existait des mesures
d’assurances des biens agricoles et privés en amont. Le directeur général des
forêts a enfin invité les citoyens à appeler le numéro vert de la DGF (7010) et
celui de la Protection civile (1021) en cas d’incendie.
A signaler que 21 incendies se sont déclarés durant la journée de mercredi à
travers différentes localités de la wilaya de Tizi-Ouzou sans faire de victime,
a-t-on appris auprès de la protection civile. Les principaux foyers de feu ont
été enregistrés dans les localités de Frikat (50 km
au Sud de Tizi-Ouzou) le matin à 2 heures, d’Aït Abdelmoumène
(30 km au Sud de Tizi Ouzou)
dès le début de matinée et d’Iflissen (50 km au Nord
de Tizi Ouzou) vers la
mi-journée. A Ait Abdelmoumène, les flammes ont
atteint les limites du village «poussée par un vent fort qui soufflait sur la
région, mais la situation a été maîtrisée», a affirmé le colonel Kamel Bouchakor, communicant de ce corps. A Iflissen,
les flammes ont endommagé des installations électriques de moyenne tension
provoquant une coupure d’électricité au niveau de la commune d’Iflissen, quelques lotissements du centre de Tigzirt et Azzefoun.
Le reste, comme à Souamaâ, Sahel, dans la commune de Bouzguene, ou à Abizar, sont des
départs de feu favorisés par la forte chaleur qui sévit «mais qui sont vite
maîtrisés dès qu’ils sont signalés», a expliqué le colonel Bouchakor
saluant «la vigilance et l’aide de la population». Il a assuré, en outre, que
«les éléments de la protection civile font le maximum pour venir à bout des
incendies et veiller à sécuriser les habitations et éviter toute perte humaine»
dont aucune n’a été enregistrée pour le moment au niveau de la wilaya. Bouchakor a, par ailleurs, déploré «les pertes enregistrées
au niveau de la couverture végétale», indiquant qu’elle est également «une
priorité» à sauvegarder pour la Protection civile.