VIE POLITIQUE- OPINIONS ET POINTS DE
VUE- DÉSOBÉISSANCE CIVILE
(c) Liberté/Souhila Hammadi,
dimanche 4 août 2019
Historique et
consistance
Dans sa
définition basique, la désobéissance civile est “une forme de résistance
passive qui consiste à refuser d’obéir aux lois ou aux jugements d'ordre civil
injustes, pour une cause légitime, en faisant de ce refus une arme de combat
pacifique”. Ce mode de lutte sans violence est utilisé pour la première fois
aux États-Unis dans le milieu du XIXe siècle par Henry David Thoreau, qui a
incité au refus de payer une taxe à l’État pour protester contre son caractère
esclavagiste et son projet de guerre contre le Mexique.
Il a développé la réflexion autour de
son expérience dans un essai (La Désobéissance civile) paru en 1866. L’ouvrage
a grandement inspiré des leaders de révolutions pacifiques comme Mahatma
Gandhi, Nelson Mandela ou encore Martin Luther King. Tous les trois ont décidé
de ne recourir à aucune forme de violence dans leurs combats contre les ségrégations
raciales et les injustices sociales et politiques.
Gandhi
a appelé à une violation de la loi réservant au colonisateur britannique le
monopole de la commercialisation du sel. Il a parcouru à pied, en sus de cette
action, 390 km pour acheter le produit ailleurs que chez les Anglais. Militant
pour les droits civiques des Noirs, Martin Luther King a multiplié les actions
pacifiques, dont le boycott des bus à Montgomery en 1963. Plus proches de nous,
l’éclatement du bloc soviétique et la chute du mur de Berlin résultent de la
dissidence citoyenne, notamment dans l’Europe de l’Est dont la révolution de
Velours dans l’ex-Tchécoslovaquie.
En 1980, en Pologne, une grève
générale de plusieurs semaines a conduit le gouvernement communiste à
autoriser, pour la première fois, des syndicats autonomes. Le 25 juillet 2004,
à Merville (France), des centaines de personnes arrachent chacune un épi de
maïs transgénique, en signe d’opposition à l’usage des OGM… À vrai dire, la
désobéissance civile est devenue une démarche commune des défenseurs des droits
humains et de l’environnement.
Les
rassemblements citoyens pour empêcher l’expulsion de sans-abri sont une forme
de désobéissance civile, tout comme les dénonciations des abus policiers, les
marches contre des lois scélérates, le boycott d’articles dont les fabricants
emploient des enfants ou exploitent les salariés, ne pas consommer des produits
génétiquement modifiés... En clair, les manifestations de rue, les
rassemblements, les grèves d’activité ou de la faim, le boycott, le refus de
payer des taxes ou des factures, la décision de ne pas voter… sont autant
d’actes de désobéissance civile.
La révolution citoyenne a déjà à son
actif, depuis le 22 février dernier, nombre d’entre eux. “Une
action de désobéissance civile contient une part d’illégalité, mais en révélant
une situation d’injustice plus générale, elle relève en fait d’une démarche
civique qui place les citoyens dans un rôle actif et constructif pour la
démocratie”, estiment Sandra Laugier, professeure de philosophie à l’université
Paris-I, et Laurence Blisson, secrétaire générale du
Syndicat de la magistrature en France, dans un écrit datant de 2017.