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Désobéissance civile

Date de création: 08-08-2019 18:50
Dernière mise à jour: 08-08-2019 18:50
Lu: 1134 fois


VIE POLITIQUE- OPINIONS ET POINTS DE VUE- DÉSOBÉISSANCE CIVILE

 

(c) Liberté/Souhila Hammadi, dimanche 4 août 2019

Historique et consistance

Dans sa définition basique, la désobéissance civile est “une forme de résistance passive qui consiste à refuser d’obéir aux lois ou aux jugements d'ordre civil injustes, pour une cause légitime, en faisant de ce refus une arme de combat pacifique”. Ce mode de lutte sans violence est utilisé pour la première fois aux États-Unis dans le milieu du XIXe siècle par Henry David Thoreau, qui a incité au refus de payer une taxe à l’État pour protester contre son caractère esclavagiste et son projet de guerre contre le Mexique.

Il a développé la réflexion autour de son expérience dans un essai (La Désobéissance civile) paru en 1866. L’ouvrage a grandement inspiré des leaders de révolutions pacifiques comme Mahatma Gandhi, Nelson Mandela ou encore Martin Luther King. Tous les trois ont décidé de ne recourir à aucune forme de violence dans leurs combats contre les ségrégations raciales et les injustices sociales et politiques.

Gandhi a appelé à une violation de la loi réservant au colonisateur britannique le monopole de la commercialisation du sel. Il a parcouru à pied, en sus de cette action, 390 km pour acheter le produit ailleurs que chez les Anglais. Militant pour les droits civiques des Noirs, Martin Luther King a multiplié les actions pacifiques, dont le boycott des bus à Montgomery en 1963. Plus proches de nous, l’éclatement du bloc soviétique et la chute du mur de Berlin résultent de la dissidence citoyenne, notamment dans l’Europe de l’Est dont la révolution de Velours dans l’ex-Tchécoslovaquie.

En 1980, en Pologne, une grève générale de plusieurs semaines a conduit le gouvernement communiste à autoriser, pour la première fois, des syndicats autonomes. Le 25 juillet 2004, à Merville (France), des centaines de personnes arrachent chacune un épi de maïs transgénique, en signe d’opposition à l’usage des OGM… À vrai dire, la désobéissance civile est devenue une démarche commune des défenseurs des droits humains et de l’environnement.

Les rassemblements citoyens pour empêcher l’expulsion de sans-abri sont une forme de désobéissance civile, tout comme les dénonciations des abus policiers, les marches contre des lois scélérates, le boycott d’articles dont les fabricants emploient des enfants ou exploitent les salariés, ne pas consommer des produits génétiquement modifiés... En clair, les manifestations de rue, les rassemblements, les grèves d’activité ou de la faim, le boycott, le refus de payer des taxes ou des factures, la décision de ne pas voter… sont autant d’actes de désobéissance civile.

La révolution citoyenne a déjà à son actif,  depuis le 22 février dernier, nombre d’entre eux.  “Une action de désobéissance civile contient une part d’illégalité, mais en révélant une situation d’injustice plus générale, elle relève en fait d’une démarche civique qui place les citoyens dans un rôle actif et constructif pour la démocratie”, estiment Sandra Laugier, professeure de philosophie à l’université Paris-I, et Laurence Blisson, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature en France, dans un écrit datant de 2017.