CULTURE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH-
ESSAI AZIZ MOUATS- « TIGDITT,QUAND LE THÉÂTRE S’EMBALLE..... »
Tigditt,
quand le théâtre s’emballe. Epopée du Festival national du théâtre amateur de
Mostaganem. Essai de Aziz Mouats
(Préface de Kamel Bendimered). Apic
Editions , 288 pages, 700 dinars, Alger 2014
A la base :Un
quartier populaire de Mosta, Tigditt
Un homme, ancien scout, au caractère trempé et « toujours prêt » pour accomplir
la bonne action autour de lui, ancien poissonnier, ancien cantonnier en chef,mais d’une curiosité et d’une sensibilité culturelles
à nulles autres pareilles, Mustafa Ben Abdelhalim dit
« Si Djilali ».
Un ami , véritable « gourou », un précurseur Ould
Abderrahmane Kaki
D’autres amis (comme Abdelkader Benderdouche, Senouci Bouhell, Mekki Bensaid, Abdelkader Tamasquelte, Ghali Elakeb, Laaredj Ziane …) , toujours disponibles
pour le bien public, ainsi que des lieux de rencontres et de débats toujours
ouverts aux débats (comme le café Marhaba)
Et, enfin, et surtout, une « idée », fille d’une véritable obsession :doter la
ville d’un événement culturel important et qui marquera le temps et les
esprits……une rencontre autour du théâtre…avec des troupes volontaires et
volontaristes…..Mostaganem pouvait valoir bien mieux qu’Avignon. …..
Pas facile dans un système alors résolument autoritariste, sous tutelle d’un
Parti unique , « dominant et hégémonique »,
sourcilleux et soucieux de ses « prérogatives révolutionnaires ». Encore que…le
parti avait d’autres chats à fouetter, avec un 19 juin pas si lointain et un
Pouvoir qui cherchait à récupérer la société civile, celle de l’Algérie
profonde, par le biais d’une Révolution culturelle .
Inauguration (bien plutôt démarrage) : 1er septembre 1967.Dans un « obscur
siège des Sma » et grâce au Croissant rouge….et aux
commerçants de la ville, surtout les grossistes, ce qui permettait de bien
nourrir son monde (Mustapha Kateb , le directeur du Tna, avait , dit-on , effectué spécialement le déplacement
depuis Alger et aurait remis discrètement une somme de cinq millions de
centimes qui ira directement dans la cagnotte du festival). Dix troupes au
rendez-vous dont quatre originaires de Mosta. Bigre !
Que de chemin parcouru. On a même vu des soirées avec 10 000 spectateurs (au
stade Benslimane) . Qui dit
mieux, qui dit plus ? Aujourd’hui, en juin 2014, on en est à la 47 ème escale, celle du Festival national du théâtre amateur
de Mostaganem.Une ville marquée par bien des hommes
et des événements culturels (Kaki, Khadda,Z.
Bouadjadj, Cheikh Hamada, Tengour….)…et,
aussi , son agriculture terrestre (boostée par le mythique Ita)
et maritime (quel poisson, mes amis !) , mais dans l’imaginaire collectif
culturel et intellectuel, il y a toujours le Fntam.
…et, il y a le souvenir d’un grand homme de l’action culturelle mostaganémoise et nationale, décédé le 10 juin 1990, à
l’âge d’à peine 70 ans. Décidemment, la culture en Algérie, ça use …et c’est
ingrat !
Tout le reste est une toute autre histoire marquée par des hauts et des
bas….avec une « descente aux enfers », des tentatives de récupération, des
mises à l’écart, des erreurs de « casting », des heures de gloire, des audaces , la venue (4è édition) du tamazight, les dettes ,
les entourloupettes, le bénévolat, les tentatives islamistes pour imposer une
chape sur les œuvres….
Ce qui est sûr, c’est que l’aventure intellectuelle, une des plus grandes du pays,
continue.
L’Auteur : Aziz Mouats, né en 1950 à Skikda,
est de formation agronome . Installé à Mostaganem , après ses études à l’Ita,
je crois, depuis fort longtemps, il est, aussi , journaliste et enseignant
universitaire , Surtout, un militant infatigable de la mémoire.
Avis : Défense et illustration du théâtre amateur national, mais
surtout hommage rendu à des hommes de bonne volonté et à une ville ouverte à la
culture populaire. Les gens de Mosta ont bien de la
chance d’avoir un skikdi, (l’auteur),ce qui me remplit de fierté, et un tlemcénien
(le préfacier…un ami dont j’ai apprécié et apprécie toujours le talent
d’écrivant et l’engagement ) , ce qui démontre la qualité et l’objectivité du
contenu…
Extrait : « Dans tout travail de mémoire, il y a toujours deux
risques, celui impardonnable de la subjectivité et du parti-pris, et celui
factuel de la défaillance mémorielle « ( p 15)