RELATIONS INTERNATIONALES-
UNION EUROPÉENNE - VISAS SHENGEN 2018
(c) El Watan/SALIMA TLEMCANI, jeudi 01 AOÛT 2019
Considérés comme de potentiels migrants clandestins, les Algériens
sont de plus en plus en plus boudés par les chancelleries de l’espace Schengen,
particulièrement celles de la France et de l’Espagne qui reçoivent la majorité
des demandes de visa.
Si l’on se
réfère aux statistiques publiées par le site Schengenvisainfo.com, le nombre de
demandes de visa en Algérie, a régressé de 8% durant les deux dernières années,
passant de 779 152 demandes en 2017 à 713 255 en 2018. Malgré cette tendance
baissière, le pourcentage de refus d’obtention du visa Schengen en Algérie a
considérablement augmenté, atteignant pour l’année 2018 un taux de 45,5% de toutes
les demandes déposées. Ainsi, selon les statistiques révélées par la même
source, sur les 779 152 demandes enregistrées en 2017 en Algérie, 279 740, soit
35,9%, ont fait l’objet de rejet, alors qu’en 2018, sur les 773 255 dossiers
déposés, 324 291 ont essuyé un refus, soit 45,5% de la totalité des demandes.
Cela veut
dire, note le site, «qu’entre
2017 et 2018, note le site, la part en pourcentage de refus de visas a connu une hausse de 9,6
points et en chiffres absolus un nombre de 44 551 demandes refusées». La même source souligne par ailleurs que la France et l’Espagne
viennent en tête de liste des pays de l’espace Schengen dont les ambassades ont
reçu la plupart des demandes et refusé simultanément le plus grand nombre de
dossiers déposés par les demandeurs algériens.
La même
étude montre que sur un total de 544 585 demandes de visa déposées au niveau de
l’ambassade de France en Algérie, 265 143, soit 48,7% du total ont été
rejetées. En même temps, sur les 103 806 demandeurs de visa Schengen qui ont
déposé leurs dossiers au niveau des chancelleries espagnoles en Algérie, 30
570, soit 29,4%, ont essuyé un refus. La même source précise toutefois qu’en
termes de pourcentage de rejet, les ambassades maltaises étaient les plus
sélectives, avec une proportion de refus qui atteint les 86,8% sur un total de
3717 demandes de visa.
Les
algériens de potentiels migrants clandestins…
Pour la
même source, malgré la baisse du nombre de demandeurs de visa Schengen en
Algérie, «il est attendu que la tendance de
refus soit la même». Les raisons évoquées dans
le site laissent perplexe. Pour les Etats de l’espace Schengen, les demandeurs
de visa algériens sont considérés comme de potentiels migrants clandestins.
D’ailleurs, le site Schengenvisainfo.com nous apprend que «les statistiques montrent que le taux de refus de visa dans les
pays africains augmente lui aussi au même rythme» et de ce fait explique qu’«il semble
exister une forte corrélation entre le nombre de refus de visa Schengen en
Algérie et l’immigration clandestine à laquelle l’Union européenne a été
confrontée ces dernières années. Malheureusement, l’Algérie a été utilisée
comme source fréquente d’immigrants clandestins d’Afrique pour rejoindre
l’Europe en raison de sa proximité avec le continent».
L’étude reconnaît «le fort engagement et les nombreuses mesures prises par les
autorités algériennes pour contrecarrer les immigrants, mais le flux de ces
derniers en direction de l’Europe est resté à peu près identique». Pour les auteurs de l’analyse, plusieurs enquêtes des autorités
de l’Union européenne ont révélé que «les visas
Schengen sont souvent utilisés pour entrer dans la région et y séjourner
illégalement». De ce fait, ajoute
l’étude, «parmi les nombreuses mesures prises
pour lutter contre ce problème (ndlr :
immigration clandestine), les
ambassades de l’UE ont tenté de renforcer leur contrôle sur les autorisations
de visa Schengen» et de conclure : «Cela explique peut-être pourquoi il y a un nombre aussi élevé de
refus de visa dans les ambassades françaises et espagnoles qui ont été la
destination la plus recherchée par les immigrants clandestins au cours des
dernières années». La corrélation entre
l’immigration clandestine et le refus des visas aux demandeurs algériens est
énigmatique dans la mesure où à aucun moment l’étude publiée par le site
Schengenvisainfo.com ne fait référence aux statistiques liées aux Algériens
détenteurs de visa Schengen et qui ont décidé de rester illégalement en France
et en Espagne. Les plus avertis savent que la majorité des migrants clandestins
qui arrivent en Europe n’ont pas eu la chance d’obtenir un visa. Ils ont tout
simplement recouru à des réseaux de passeurs qui les aident à traverser la
Méditerranée.
Pour
beaucoup de pays, et particulièrement la France, les visas peuvent être, à tort
ou à raison, des moyens de pression sur les Etats dont les ressortissants sont
de plus en plus demandeurs. Au début de l’année en cours, le représentant de
l’ambassade de France à Alger avait démenti toute idée de «quota de visas pour les Algériens», tout en reconnaissant toutefois que les raisons du nombre
important de refus sont liées au renforcement du contrôle aux frontières à
cause de la crise migratoire, ajoutant dans la foulée le changement du
prestataire de service (de TLS à VSF).
Le consul
général de France, Marc Sedille, avait reconnu que le
taux de refus a atteint 48% en 2018, avec 273 000 dossiers rejetés, sur 570 000
demandes enregistrées et qu’il y a eu toujours durant la même année 116 000 de
visas de moins que durant 2017. Depuis le début de la révolution pacifique du
22 février, les Algériens sont de plus en plus nombreux à se plaindre de se
voir refuser le visa Schengen par l’Espagne et la France. Tout
porte à croire que pour 2019, la tendance d’octroi d’autorisation d’entrée dans
les pays de l’espace Schengen continuera à être fortement baissière, comme l’a
bien souligné le site Schengenvisainfo. Visiblement,
les Etats concernés se sont entendus pour considérer l’Algérien comme un
potentiel migrant clandestin, et de ce fait tout sera fait pour qu’il
n’atteigne pas leurs frontières.