ENVIRONNEMENT-
FAUNE- SINGE MAGOT- DJURDJURA
(c) El Watan magazine / DJEDJIGA RAHMANI,
jeudi 1 aoÛt 2019
– Actuellement,
la population de singes magots peuplant l’Algérie et le Maroc est estimée à
20 000 individus.
– Au
Djurdjura, le nombre d’individus ne dépasse guère 4800, colonisant différents
milieux.
– L’Algérie
ne possède en réalité que 4,1 millions d’hectares de forêt, soit un taux de
boisement de 1,76%.
– La
fréquence rapprochée des incendies qui se suivent avec un intervalle de retour
de moins de 10 ans a un impact catastrophique sur le plan écologique.
Le singe magot est persécuté ! Les incendies ayant ravagé de
vastes espaces forestiers ces jours-ci, illustrent clairement la tourmente
perpétuelle dans laquelle vit cette espèce pourtant protégée. La capture,
la destruction de leurs foyers, par les incendies, pollution ou autres motifs
sont autant de causes qui guettent ces animaux. Le nombre des animaux en
capture ne cesse d’augmenter. «Le nombre
de singes clandestins ne cesse d’aller crescendo.
Malheureusement,
en dépit du fait qu’il soit inscrit sur la liste des espèces de faune sauvage
protégées, notamment par la convention internationale de Washington, il n’en
demeure pas moins que le singe magot est persécuté de partout à des fins
diverses, notamment récréatives et commerciales (prises de photos sur les
places publiques)», alerte Ahmed Alilèche, responsable de la cellule d’information et
de communication du Parc national du Djurdjura. «Il faut arrêter la frime ! Les magots doivent rester le trésor de
la nature», s’emporte-t-il.
A
propos des personnes qui veulent domestiquer ces animaux
sauvages, notre interlocuteur souligne que «le singe magot élevé en captivité, voire en semi-liberté, n’a pas
été élevé par sa mère et ne pourra plus jamais revenir parmi ses congénères
parce qu’il n’aura pas appris à communiquer avec eux. Alors, qu’on cesse
d’empiéter sur son territoire et qu’on arrête de faire de cette espèce
emblématique du Djurdjura, un objet de commerce !»
La récupération
La
réintégration du milieu naturel s’avère très difficile pour les singes magots
élevés chez des particuliers, nourris autrement. A cet effet, le Parc
national du Djurdjura s’est donné pour mission de récupérer ces singes auprès
des citoyens.
Mais cette
opération de récupération devient un défi plus complexe que celui qui
vise à protéger ces animaux dans leur milieu naturel. «Au Djurdjura, les opérations de récupération des singes repérés
auprès des citoyens est monnaie courante et fait partie des missions du Parc», affirme Ahmed Alilèche.
Durant les
cinq dernières années, une dizaine d’individus ont été récupérés,
rappelle-t-il. Dans le cas où le singe est sain, il est gardé en volière au
niveau du jardin botanique d’Errich, sis à la
direction du Parc, le temps qu’il soit transféré au Parc zoologique de Ben Aknoun.
Si
l’individu est malade, des soins lui seront prodigués par le docteur
vétérinaire du parc, en l’occurrence Brahimi Toufik.
Dans le cas où il succombe à ses blessures ou maladie, il fera l’objet d’une
taxidermie (art de préparer, d’empailler et de monter des animaux vertébrés
morts en leur conservant l’apparence de la vie) pour être exposé dans les
écomusées du parc.
Ces singes
ont perdu toutes les facultés de s’intégrer dans leur milieu naturel. «Ces derniers temps, force est de constater que, même les zoos
refusent de récupérer les singes élevés par des particuliers, et ce, pour des
raisons financières de prise en charge, mais aussi parce qu’ils ne s’intègrent
plus avec leurs congénères», déplore
ce responsable. Les conséquences du mauvais traitement que subit la population
des singes magots se fait ressentir constamment par les riverains.
Les
montagnards se plaignent de plus en plus des effets de l’arrivée du singe
magot sur leurs plantations (arbres fruitiers, vergers, etc.). «Dans le temps, le singe magot ne descendait jamais dans les
terrains privés loin de son habitat naturel. Malheureusement, le concours de
circonstance a fait que plusieurs paramètres sont à l’origine de ce
comportement pervers du macaque de Barbarie», regrette
M. Alilèche. L’impact des feux de
forêt sur la population du singe magot est dévastateur.
Au niveau
du Parc national du Djurdjura, le nombre de foyers d’incendies enregistrés
depuis le mois de juin s’élève à 12. «La
fréquence et l’intensité des incendies ont détruit les peuplements de chêne
vert qui procurait la glandée nécessaire et préférée du primate», fait remarquer notre interlocuteur. Ainsi, le Parc national
du Djurdjura a recensé 4 singes brûlés vifs, suite aux incendies ayant frappé
la Kabylie la semaine dernière.
Un autre
phénomène demeure celui du captage des sources d’eau. Le Djurdjura est presque
asséché par le captage abusif de ses sources. Cela s’ajoute à la domestication
de cette espèce par les visiteurs. Ces pratiques peuvent expliquer en partie
les comportements pervers du singe magot, qui fuit sont milieu naturel.
«Aujourd’hui,
on constate que le singe magot est repoussé sur les marges de son biotope,
comme les bords de route, les aires récréatives et de pique-nique fréquentées
par des visiteurs, où il est devenu un sujet de distraction, voire de moquerie.
D’ailleurs, les individus se résilient au syndrome du Titanic, en se regroupant
dans les endroits visités ou abritant des poubelles où sont jonchés les déchets
de nourriture», déplore le conservateur
principal au Parc national du Djurdjura
.