FINANCES-
BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- TEMOIGNAGE ACHOUR BOUNOUI et CADRE ENIEM /ESSAIS REVUE NAQD – « APPELEZ MOI
COLONEL ! », « CORRUPTION ET PRÉDATION », « VÉRITÉS
SUR L’INCARCERATION DES CADRES GESTIONNAIRES »
Appelez-moi Colonel ! Un témoignage de Achour Bounoui, préfacé par
Hocine Zehouane. Koukou
Editions. Alger 2012. 259 pages, 650 dinars
Achour
Bounoui est un homme plus que têtu. Courageux aux
limites de la témérité et du défi suicidaire, tout particulièrement pour ce que
l’on appelle banalement des « principes » et « la défense de l’intérêt national
». A la tête d’un Syndicat autonome au sein d’une société publique stratégique
de l’aviation, il dénonce les actes de gestion véreux et gravement
préjudiciables à l’intérêt de l’Entreprise et du pays. …Face à des directions
générales corrompues, toutes acquises à un responsable du service de sécurité
interne, devenu assez vite « seigneur de la guerre », qui fait (et défait) la
pluie et le beau temps , sous couvert de sa
fonction……et d’un « grade » (réel ou inventé , on ne le saura pas …..mais peu importe, l’escroquerie aux grades après celle des
diplômes, hier, et des attestations communales,
avant-hier, est devenue ......monnaie courante). Exploitant une
banale de histoire de photos, le « saigneur » (« Hadarat ») finit
par lui « fabriquer » une dizaine d’accusations dont l’espionnage,
l’intelligence avec l’ennemi, l’atteinte à la sûreté de l’Etat…….et , en ces temps d’extrême pudibonderie et de tartufferie,
une aventure extraconjugale.Il
le charge au maximum pour l’éliminer définitivement du
circuit. Ce qui amène notre "héros" à être arrêté (
???) par , dit-il , des agents du fameux Drs……et
déféré au Tribunal militaire de Blida pour y être jugé. Il sera, heureusement,
(bien) entendu, compris, innocenté…libéré . Ouf !
Restauré dans ses droits ? Une toute autre affaire. Heureusement, aussi, « la
main de Dieu » a suivi, entraînant tous les corrompus et autres corrupteurs
(sauf pour « hadarat » dont on ne sait rien de ce qui
a pu lui advenir par la suite. Secret défense? ) à
payer d’une manière ou d’une autre pour leurs forfaits.
Avis :Petit
livre, grand problème. Témoignage sur une mal-aventure
douloureuse, poignante (complètement authentique ? Hocine Zehouane
, dans la préface, nous assure indirectement que oui en reprenant Tacite : «
Plus la République (romaine) était corrompue, plus les lois se
multipliaient ») .Une « descente aux enfers » est toujours difficile
à vivre et d’autant plus inacceptable lorsqu’on se trouve
désarmé, face au "grands", à l’immense pouvoir des «
pourris » et des « corrupteurs » dans une Algérie en mauvais état,
les « corrupteurs » se cachant derrière soit le poste de responsable ou de
décideur , soit l’uniforme ou un grade…et utilisant , souvent , au grand jour,
dans l’impunité, la violence.
Phrases à méditer : « C’est l’Etat tout entier qui
est gangrèné et des responsables hauts placés sont
complices de la prédation » (p.51) , «
Parler ou écrire sur la corruption aujourd’hui en Algérie, en faisant mine
d’être stupéfié par son ampleur, peut paraître ringard, tellement ce fléau fait
désormais quasiment partie des mœurs nationales » (pp.98 et 99)
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Corruption & Prédation. Des analyses d’universitaires et
de spécialistes algériens et étrangers
NAQD,
Revue d’études et de critique sociale, n°23. Alger, automne-hiver 2008 . 335 pages (en français :209
pages et en arabe:126 pages en un seul volume. Textes et résumés),
400 dinars.
Les
premières phrases de la première analyse présentée résument, à elles seules,
toute la problématique du contenu…..déjà visible au niveau du titre lui-même:
Corruption & Prédation, l’une n’allant pas sans l’autre, la première
entraînant immanquablement la seconde. Deux fléaux de la société contemporaine
qui nous touchent de plein fouet, les subissant et/ou les générant. Ne
sommes-nous pas “bien” classés sur les tablettes de Transparency
InternationaI (TI) et ce depuis déjà plusieurs
années?
“La
corruption est un phénomène universel qui ne connaît ni frontières politiques
ni idéologies, seules ses expressions et sa conception varient..” et, il ne faut “plus voir la corruption sous l’angle de
“déviances” mais, au contraire, d’accepter le caractère systémique
qu’elle peut prendre dans beaucoup , voire dans la
majorité, des pays émergents…”.
Des
phrases qui peuvent amener certains de nos décideurs à très vite trouver un
alibi pour excuser leur complicité, ou leur culpabilité, ou leur silence, ou
leur incapacité à éradiquer le mal. Heureusement (sic!), il y a cet aspect
systémique, inévitable, qui pousse la quasi-totalité des analystes
qui suivent à proposer , à peu près, les mêmes solutions…car toutes les
réformes entreprises et les opérations “mains propres” n’étant que cautère sur
une jambe de bois : construction de la légitimité politique, construction et
développement d’un Etat de droit et d’un Etat fiscal-redistributeur,
rupture avec le néo-patrimonialisme, instauration de
pouvoirs indépendants et d’institutions stables garantes de la démocratie,
création d’une bureaucratie légale, rationnelle et d’institutions publiques
légitimes, cautions de l’intérêt général et de l’égalité de tous..…
Pas
facile, tout ça ! Surtout lorsqu’on est en présence de société sans culture de
la séparation entre ordre politique et société civile et autonome...
Avis : Ce n’est pas seulement ce
numéro qu’il faut acheter et lire (s’il n’est pas déjà épuisé!), mais bien tous
les numéros de la revue.
Créée en pleine tourmente politique et délire
idéologique, par un intellectuel –vrai, Said Chikhi, décédé prématurément , le
titre a, désormais, sa place, et quelle place, dans l’univers
national et international de la réflexion , de la pensée et de la
critique sociale.
Ses études et ses analyses produisent toujours du sens. Du
scientifique. Du lourd. Du vrai. De l’utile. A imiter. Inch’Allah
!
Phrases à méditer : « Le capitalisme algérien est une
transformation accélérée du pouvoir politique en actifs du marché » (El Kadi Ihsane ,
p.157) , « Trois gisements « d’affaires » ont génétiquement enfanté
la nouvelle classe possédante : la signature des grands et moins grands
contrats d’équipement avec les firmes étrangères, la distribution des terrains
et des appartements, l’octroi de crédits bancaires d’investissement » (p158)
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Vérités sur l’incarcération des cadres gestionnaires. Ouvrage
mémoriel et/ou essai (avec une préface de .........Khalida
Messaoudi......Ndlr : avant qu’elle ne
devienne ...ministre de la République jusqu’en 2014 -« Communication et
Culture » dans le gouvernement de Ali Benflis-
...à partir de 2002 puis « Culture » avec A.Ouyahia,
puis avec A.Sellal......). Chihab
Editions, Alger 2000. 175 pages, 300 dinars
C’est
l’histoire d’un cadre (moyen) quinquagénaire (de l’Eniem
de Tizi- Ouzou) . 50 ans, la fleur de l’âge en matière de
gestion. Il s’est retrouvé brutalement entraîné par la vague des
cadres incarcérés au milieu des années 90….et qui, comme la plupart des cadres
incarcérés, a été acquitté ….par la suite. Plaintes hâtives, règlement
de comptes, dossiers mal ficelés, preuves matérielles inexistantes,
juges et jugements “aux ordres”…il est vrai que la période, secouée par le
terrorisme, avait laissé la place à toutes les “magouilles”, et à toutes les
surenchères politiciennes, d’un côté comme de l’autre.C’était
le moment ou jamais d’”arriver” (politiquement …ou matériellement).
Une
vague d’ arrestations aurait été , à la
limite, compréhensible par les citoyens et les cadres , mais pas un
“tsunami”. D’autant que la suite , après les
condamnations, a été faite d’acquittements, ce qui a considérablement
déconsidéré la Justice algérienne déjà fortement écornée par le passé. Elle ne
s’en est pas encore relevée. En plus de la méfiance, on peut même dire qu’une
certaine “haine” est née, chez beaucoup de cadres moyens et
supérieurs, à l’endroit de tout ce qui est “pouvoir”en
Algérie avec l’acceptation presque aveugle de toutes les thèses opposantes,
farfelues ou sérieuses. A la fin de son ouvrage, l’auteur ,
qui dit “merde” “à tous ceux qui ont noirci son ciel et à ceux qui ont monnayé
leur honneur pour vendre ce qu’ils ont de plus cher et d’inestimable, leur
patrie” est cependant devenu philosophe face à une bêtise humaine trop
puissante…pour l’instant.
Avis : . A lire pour se
souvenir que le passé est toujours présent….en espérant que le futur apportera,
une réponse à bien des questionnements sur la gestion du pays….par les
“décideurs” …et par les cadres, les uns comme les autres n’étant pas indemnes
de reproches. Décidément, le président défunt Boumediène
n’avait pas prédit le succès de sa fameuse fetwa
compréhensive sur les “bouffeurs de miel”. Une fetwa
qui a inauguré une complicité coupable d’un trio quelque peu
infernal et diabolisé pour longtemps par les opinions publiques : Etat (dont justice) - Corruption – Décideurs (
à tous les niveaux)