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Essai Khaled Nezzar- "Bouteflika, la faillite annoncée"

Date de création: 29-07-2019 09:40
Dernière mise à jour: 29-07-2019 09:40
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VIE POLITIQUE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI KHALED NEZZAR- “BOUTEFLIKA ,LA FAILLITE ANNONCEE”

 

BOUTEFLIKA , LA FAILLITE ANNONCEE. Essai de Khaled Nezzar. Chihab Editions, Alger 2019, 164 pages, 800 dinars

 

Voilà donc un livre qui,  selon l’auteur,  général –major à la retraite, qui avait joué un rôle central sinon principal dans le choix du « moins mauvais des candidats » à la tête du pays, a été « édité », une première fois, en 2003. Avec , pour titre, « Bouteflika , un mandat pour rien ». Le premier mandat se terminait et le second se profilait. Un livre qui aurait rencontré beaucoup d’entraves, avec des pressions sur les éditeurs, les distributeurs et les libraires.

Largement distribué, aurait-il changé la face politique du pays ? Pas si sûr, une « confession » faite par un « faiseur  de rois » passant difficilement, d’autant que peu de temps avant, l’accusé était présenté comme le plus beau des innocents.

Bref, d’abord le titre ! « Bouteflika, la faillite annoncée ». Plutôt la « Boutefllka, la faillite programmée ». Tant il est vrai que les vrais (autres) coupables de la « faillite » sont bien ceux qui, détenteurs du pouvoir politique,  avaient « décidé » (et ce n’était pas la première fois depuis 62) du nom de celui appelé à être le « Chef ». Sans tenir compte de la volonté populaire, à travers des élections libres, transparentes, bref, démocratiques, dans le cadre des lois de la République ,des lois  pourtant assez claires sur ce point. Mais, passons !

On a eu donc un « coopté ». Encore une fois, mise à part la parenthèse Zeroual qui n’ a d’ailleurs pas duré tout son mandat .

C’est ce constat qui rend quelque peu difficile la lecture de l’ouvrage. Il remue bien plus le couteau dans les plaies , causées par vingt années de règne en fait autoritaristes et  sans partage, qu’il ne les calme.

Un livre qui reprend tous les griefs contre le « pouvoir sans limite » de Bouteflika et de son clan sur une Algérie « fabriquée à sa convenance » : « Obéissante, veule, obséquieuse, courbée », avec une Constitution « triturée, rafistolée, revue, corrigée, adaptée... »....Une longue suite de critiques. Tout en en remontant le temps , comme pour y trouver les raisons (des excuses pour faire face au sempiternel  « péril en la demeure » ?) de l’appel à Bouteflika.

1994, l’année terrible qui avait vu, déjà, le nom de Bouteflika proposé au plus haut niveau de la hiérarchie militaire. « Cet ancien membre , très médiatisé du Conseil de la Révolution ....semblait avoir le profil qui convenait .... ».

Ses outrances de langage et ses « piques » verbales , avec, souvent, la dérision ou l ’insulte : contre les militaires et les généraux , contre les cadres, contre les journalistes, contre les kabyles, contre les anciens présidents, contre les citoyens, contre des partenaires étrangers. Ça tirait dans tous coins, mais des « dérapages » contrôlés

Ses brusques variations.

Ses innombrables voyages à l’étranger  (en moyenne 20 par an entre 3 et 4 jours et en grande pompe), ce qui fait dire qu’il avait, peut-être le « Syndrome de Sissi » , cette  fameuse impératrice, grande voyageuse et grande dépensière, « usant des wagons de l’Orient Express comme d’un gardénal ».Une « bougeotte » aigue, accompagne de flonflons et d’embrassades.

Son régionalisme  érigé en raison d’Etat

Les procédés de la mafia

Les doubles discours

La primauté des intérêts de la famille et du clan

Les Concordes « gigognes »

Etc....etc............  

 

 

L’Auteur : Né le 25 décembre 1937 à Seriana dans l'actuelle wilaya de Batna en Algérie.  Général-major de l’Anp à la retraite.

Carrière : En 1957, Il déserte de l'Armée française et rejoint l'Armée de libération nationale.En 1964, il intègre l'Académie militaire de Frounze, en Union soviétique, puis en 1975, l’École de Guerre à Paris. Nommé commandant des forces terrestres en 1986. Chef d'État-major de l'Armée nationale populaire de 1988 à 1990 puis ministre de la Défense nationale entre 1990 et 1993.    De 1992 à 1994, et après le retrait de Chadli Bendjedid, Khaled Nezzar est  l'un des cinq membres du Haut Comité d’État (HCE), présidé par Mohamed Boudiaf. Après l'assassinat de ce dernier, le 29 juin 1992, Ali Kafi le remplace à la présidence du HCE, dont le général Nezzar reste membre. L'Algérie a connu alors une « décennie rouge » (causé par  le  terrorisme islamiste après l’interruption du processus électoral le  12 janvier 1992 qui allait conduire certainement au pouvoir le Front islamique du salut (FIS), parti islamiste) qui fit des dizaines de milliers de morts et de  disparus (200 000 ?) . Khaled Nezzar échappe à un attentat en 1993 et se retire de la vie politique à l'arrivée de Liamine Zeroual (comme chef de l’Etat puis comme président de la République).Il publie ses mémoires en 2000.

 

 

Extraits « Il n’acceptera aucune des démissions qui lui sont proposées.Il ne le fera pas, non par bonté d’âme, mais parce que sans eux il est perdu » (p 57), « Houari Boumediène et Abdelaziz Bouteflika ne se ressemblent pas.Le premier a travaillé, construit, châtié ou choyé pour la plus grande gloire de son pays, le second voyage, détruit, médit et calomnie pour le seul bénéfice de sa personne ! » (p 149), « En définitive, le plus grand ennemi de Bouteflika, et qui a déjà  terrassé politiquement et moralement Bouteflika, n’a été ni un chef de parti ni une faction politique ni un journaliste ni un général ; le plus grand ennemi de Bouteflika a été Bouteflika lui-même » (p 162)

Avis : Un livre déjà publié en 20013 avec un autre titre : « Le sultanat de Bouteflika », aux  Éditions Apic (Alger) et Transbordeurs (Paris). Très bien écrit . Style journalistique maîtrisé.

Un véritable réquisitoire ! Du déjà su et écrit..... mais jamais « entendu ». Désormais pas nécessaire, le Mouvement du 22 février étant passé par là.

Citations « La démission « volontaire » est le procédé de la dictature. Il préserve le huis-clos du pouvoir et la réputation du prince. Le départ de celui qui a cessé de plaire ne doit provoquer ni heurts, ni vagues, ni problèmes.Le limogeage d’un responsable , quel que soit son rang, ne doit jamais être un pavé dans la mare, à peine un sujet de discussion pour salons branchés, un entrefilet dans les journaux » (p 84), « La mort cérébrale d’un pays est consommée quand les idées abdiquent devant le mensonge » (p 121),