ECONOMIE- ENTREPRISE- ENTREPRENEURIAT
FÉMININ –ENQUETE CREAD 2019
Synthèse Meziane
Rabhi/Liberté, dimanche 28 juillet 2019
Le Centre de recherche en économie
appliquée pour le développement (Cread) a publié (juillet
2019) un ouvrage intéressant consacré à “l’entrepreneuriat féminin en
Algérie”, produit en partenariat avec la fondation Konrad-Adenauer Algérie.“L’analyse de l’entrepreneuriat féminin en Algérie soulève
des questions contradictoires”, soulignent les auteurs de l’ouvrage.
Ce
dernier traite de la réalité et
des principales caractéristiques de l’entrepreneuriat féminin à travers des
enquêtes menées par le Cread, ainsi que des données
de l’Office national des statistiques (ONS) et de celles du Global Entrepreneur
Monitor (GEM). Les dernières données de l’ONS révèlent qu’en 2018 les femmes
représentaient 17,8% de la population occupée totale, mais leur poids dans le
chômage est de 32,4%.
Parmi les femmes chômeuses, celles
qui sont titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur représentent
56,5%. Bien qu’en légère progression au cours des deux dernières décennies, le
taux d’activité féminine reste en Algérie, en dépit d’un taux élevé de
scolarisation à tous les paliers de formation, parmi le plus faible du monde
arabe. Il est passé de 11,9% en 2000 à 15,31% en 2018, se situant bien en deçà
de la moyenne du monde arabe qui est de 20,87%. Il en va de même pour le taux
de chômage féminin.
Selon les données de l’ONS, il se
situe à 19,4% en 2018, en légère augmentation par rapport aux années
précédentes, pratiquement le double du taux concernant les hommes (9,9%). Le Cread qualifie de contradictoire l’évolution de
l’entrepreneuriat féminin, enregistrée au cours de la dernière décennie. Entre
2003 et 2018, le nombre des femmes entrepreneurs a connu une croissance de
60,1%. “Cette croissance sur quinze ans cache une évolution en dents de scie du
poids de l’entrepreneuriat féminin”, nuance, néanmoins, le Cread.
“Rapporté au nombre global
d’entrepreneurs du pays, l’entrepreneuriat féminin a représenté le taux de 13,4%
en 2003 pour atteindre 20,1% en 2004 et retomber de manière irrégulière au taux
de 11,4% en 2018”, constate le Cread. L’année 2018 a
enregistré le taux le plus faible du poids de l’entrepreneuriat féminin au
cours des deux dernières décennies. “Est-ce le prélude à une véritable crise du
processus entrepreneurial mené par les femmes ?” s’interroge
le Cread.
Une baisse par
rapport à l’entrepreneur global
Le Cread évoque une stagnation du nombre
d’entrepreneures. Le nombre global d’entrepreneures a connu une croissance de
27,2%, alors que la population occupée féminine a enregistré une forte
croissance s’élevant à 75,6% entre 2005 et 2016. L’ouvrage fait également état
d’une baisse relative du poids de l’entrepreneur féminin dans l’emploi global.
“Malgré la faible augmentation du
nombre d’entrepreneures, on constate que la décennie 2005-2016 a été marquée
dans la dernière partie (2010-2016) par une chute importante du taux de
l’entrepreneuriat féminin”, relève le Cread. Ce
dernier note que le poids de l’entrepreneuriat féminin par rapport à
l’entrepreneuriat global a augmenté au début de la décennie 2000 pour atteindre
19,4% en 2006.
En d’autres termes, un entrepreneur
sur cinq était une femme, alors que vingt ans auparavant les entrepreneurs
féminins se comptaient sur les doigts d’une main. Mais cette position, note le Cread, a été progressivement perdue, puisque ce taux est
redescendu à seulement 12,8% en 2016, soit un taux équivalent à celui de 2017.
Le Cread se demande si l’entrepreneuriat ne connaît
pas une crise de croissance depuis quelques années.
Les données brutes, précise le
Centre, ne permettent pas d’identifier cette crise. Évoquant une enquête de
l’ONS, le Cread indique que le chômage frappe aussi
des entrepreneurs ayant cessé leur activité. Les femmes entrepreneurs
représentent 7,30% de la population au chômage ayant déjà travaillé. Pour la
population masculine, ce taux passe à 18,20%. “Ces taux donnent une certaine
image des cessations d’activité”, estime le Cread.