CULTURE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH-
THÉÂTRE AREZKI MELLAL- « LE GÉNÉRAL FOU », SUIVI DE « FADA RIVE
DROITE »
« Le Général fou », suivi de
« Fada Rive droite ».
Théâtre de Arezki Mellal, Editions Dalimen, Alger
2018, 850 dinars, 141 pages
Attention, ne pas se méprendre et n’allez pas
tirer des plans sur la comète. Dans la première et principale pièce, il n’y a ni lieu, ni personnage, ni
événement précis. En fait, c’est tout un mélange : le Libérateur (d’avant
la libération) , le Maréchal, le général.....sur fond
de Coryphée et de Chœur, le tout évoquant le difficile et délicat passage de l’état de colonie à l’Etat
indépendant.....et les luttes pour le pouvoir....en Afrasia
(ndlr : Afrique et Asie) . Eternels et inévitables carrefours et
ronds-points des ambitions humaines.Avec ses défis,
ses luttes et ses guerres .Avec son « pain » et ses arènes (ndlr :
la rente et les stades ?) .Le tout conté de manière métaphorique et
allusive et, surtout, avec une pointe (bien grosse et bien acérée
, il faut le reconnaître) d’humour.
Pour ce qui concerne la seconde pièce,
« Fada rive droite », c’est un « divertissement africain à trois
fins ». Une pièce créée , en juillet 2009 , en
Avignon (France).Un texte repris en décembre 2017, avec quelques changements.
L’histoire, en langage adapté, celui de
jeunes Africain(e)s ,vivant en marge de la société, cherchant à « exoder » (la « harga » )
, c’est-a-dire fuir la misère physique (et une exploitation qui ne dit pas son
nom) et
le « merdier » local (le chômage malgré les diplômes, la religion, les « rebelles », les
potentats locaux, .....), rêvant d’une « belle vie » ailleurs, si
possible en Europe ou en Amérique, bien qu’au courant de tous les dangers
encourus, d’abord avec les « passeurs », puis dans les pays africains
traversés....
L’Auteur : Pseudonyme ?
Né à Alger en 1949. Il a longtemps travaillé dans le secteur de l’édition et
des arts graphiques et de la presse (Il a ,également, participé à la création de journaux, nés de la
libéralisation politique après 1989, comme El Watan,
Le Matin, Liberté....) .
Quelques scénarii de BD, l’écriture
d’une nouvelle et d’un roman (« Maintenant, ils peuvent venir » en 2002)
,puis le théâtre.
Des pièces représentées en Algérie et aussi à l’étranger, dont des pays
subsahariens –une source d’inspiration (avec une pièce, « En remontant le Niger », parue aux
éditions du Seuil et « Fada, rive droite ») - où
il y a effectué plusieurs séjours. Aussi, formateur au niveau d’ateliers de
formation et d’écriture dramatique.
Extraits : « Vous
êtes comme tous à vouloir oublier que le temps passe. A passer le temps dans
l’oubli du temps.Heureusement , il y a l’Histoire et
ses héros qui viennent nous bousculer et donner sens à la vie » (Le Coryphée,
p 15), « Quoique vous soyez sur la voie de la perfection, vous serez
quelque part gouverné par une chose qui
s’appelle politique » (p 38), « Il ne faut pas confondre margouillat
et magouilleur ! Le premier quand il te voit, IL se sauve, le deuxième qaund tu le vois, TU te sauves.Tu
ne peux pas l’éviter, il est partout sur terre, sur le fleuve, dans
l’air : mairie, banque, préfecture, lycée, ministère, assemblée
nationale.....il te repère, te pèse et soupèse, te renifle.T ‘as
pas intérêt , tu te casses fissa » (« Fada
rive droite », p 110)
Avis :Faut
vraiment aimer et comprendre l’écriture théâtrale . Théâtre d’art et d’ essai ? Théâtre expérimental ? Un art que
je maîtrise peu ou pas du tout. Mais
assurément, un art et un genre à re-lancer, car c’est
le seul, en l’état actuel de notre « industrie culturelle »
(sic !) , capable de nous réconcilier avec
l’artiste..... « encarté » ou non.
Citations :
« Ecrite par les vainqueurs, l’Histoire n’est pas écrite. Mieux, elle
n’existe pas.Plus encore, son inexistence est
ennuyeuse. L’Histoire, un empire disparaît, un autre apparaît, le même avec ,à la clef, une guerre, la même. Comme l’ivrogne avec
l’ivresse, les vainqueurs aiment à récidiver » (p 22), « Quand
on a connu l’empire du courage, on n’accepte jamais l’empire de
l’abandon » (p 27), « Des soldats qui pensent ? Ce qui porte une
arme ne porte pas d’idée » (p 30),