VIE POLITIQUE- DOCUMENTS POLITIQUES- CHEF DE
L’ETAT - DISCOURS 3 JUILLET 2019 A.BENSALAH
Le chef de l'État, Abdelkader Bensalah, a adressé, mercredi 3 juillet 2019, un discours à
la nation, à l'occasion de la célébration du double anniversaire de
la fête de l'Indépendance et de la Jeunesse, dont voici le texte intégral :
«Au nom
d'Allah, le Clément, le Miséricordieux, paix et bénédiction sur Son vertueux
Messager, Sa sainte famille et Ses compagnons jusqu'au jour du Jugement
dernier,
Chères concitoyennes, chers
concitoyens,
Il me plaît au moment où nous nous apprêtons à célébrer l’anniversaire de
l’Indépendance et de la Jeunesse, d’adresser mes félicitations au peuple
algérien à l’occasion de la commémoration du 57e anniversaire de l’indépendance
qui célèbre la grandeur historique de notre vaillant peuple et des sacrifices
immenses qu’il a consentis durant un siècle et quart de lutte contre le joug
colonial. Il s’agit d’un rendez-vous cher à nos cœurs qui glorifie la date de
libération de notre pays d’un système de colonisation de peuplement grâce à une
révolution pionnière qui magnifie l’histoire de notre peuple et qui a conféré à
chaque Algérienne et Algérien, au fond d’eux-mêmes, ce sentiment de fierté tout
en leur faisant porter un message fait de principes, de valeurs et d’idéaux.
Cette révolution et ce qu’elle a généré comme épopées et luttes victorieuses
demeure au fil du temps un motif de fierté et une source d’inspiration pour
tous les Algériens, et c’est tout naturellement que notre jeunesse s’est
appropriée cette journée pétrie de valeurs novembristes
pour en puiser sa force et sa détermination, afin d’orienter le cours de
l’histoire vers l’objectif souhaité.
Chères concitoyennes, chers
concitoyens,
Il me plaît de m’adresser à vous, de nouveau, pour partager avec vous, notre
évaluation de la situation que vit notre pays et de soumettre à votre
appréciation, notre vision des perspectives de son évolution. Voilà plusieurs
mois que notre valeureux peuple a pris sur lui de forcer la marche de
l’Histoire et de revendiquer haut et fort, mais de façon pacifique, un
changement du mode de gouvernance et l’avènement d’une nouvelle ère fondée sur
le respect des principes démocratiques, de l’Etat de droit et de la justice
sociale. Cette aspiration légitime au changement a été pleinement entendue et
se trouve désormais au cœur des préoccupations des pouvoirs publics et en tête
des préoccupations de l’Etat. L’œuvre d’assainissement de l’Etat et de
renouvellement de son encadrement est accompagnée d’une vigoureuse lutte contre
le fléau de la corruption et de la dilapidation des deniers publics, menée par
une justice qui exerce désormais et avec rigueur la plénitude de ses missions
et de ses attributions. Et je peux vous assurer à cette occasion que l’Etat,
qui demeure à l’écoute des revendications et des aspirations profondes de notre
peuple, est vraiment décidé à mener cette lutte sans relâche conformément aux
lois de la République, dans le respect du principe de présomption d’innocence
et en veillant à ce que toutes les dispositions soient prises afin que les
travailleurs et l’économie nationale ne soient pas pénalisés par les décisions
concernant les patrons des entreprises concernées. Je voudrais saisir cette
opportunité pour rendre un hommage appuyé à notre peuple pour la maturité et la
lucidité dont il a fait montre durant cette période sensible, à travers un
comportement civique exemplaire. La retenue dont ont fait montre nos
concitoyens et nos forces de police et de sécurité a permis de préserver le
caractère pacifique des manifestations et constitue, assurément, un acquis civilisationnel dont notre pays ne peut que s’enorgueillir.
A cet égard, il me plaît de souligner que si tout doit être fait pour que les
droits fondamentaux et les libertés consacrés dans notre Constitution,
notamment le droit de s’exprimer et le droit de manifester, soient pleinement
respectés et protégés, il y a lieu de veiller, dans le même temps, à ce que
l’exercice de ces droits puisse se faire dans le respect d’autrui et surtout
dans le plein respect des lois de la République et que leur expression ne
soient pas détournées à des fins attentatoires à la stabilité de notre pays et
à son unité nationale.
Chères concitoyennes, chers
concitoyens,
Lors de mon dernier discours, j’avais fait appel à notre intelligence
collective pour trouver ensemble les solutions qui nous permettraient de
transcender collectivement les écueils de cette étape cruciale de notre
Histoire et de construire les consensus nécessaires à la tenue d’une élection
présidentielle répondant aux conditions d’objectivité, d’impartialité et de
transparence.
Cette élection, qui sera entourée des garanties requises, reste la seule
solution démocratique viable et raisonnable et ma conviction profonde est que
seul un président de la République, issu d’une élection incontestable, aura, en
effet, toute la confiance et la légitimité nécessaires et toutes les
prérogatives requises pour concrétiser l’aspiration profonde au changement,
satisfaire l’ensemble des revendications populaires légitimes et entreprendre
les réformes profondes dont le pays a crucialement besoin. Il s’agit là d’une
démarche rationnelle et de bon sens qui devrait emporter l’adhésion de tous nos
concitoyens, dès lors qu’elle est la seule qui soit de nature à leur donner la
parole pour qu’ils choisissent en toute souveraineté, liberté et transparence,
la personnalité à qui ils souhaitent confier le mandat de conduire le
changement et de mettre en place un nouveau système de gouvernance. C’est aussi
la seule voie à même de leur permettre d’écarter les propositions hasardeuses,
voire aventurières et de déjouer les dangers et les desseins hostiles visant à
conduire le pays vers le vide constitutionnel et l’absence d’Etat et à
l’entraîner ainsi dans la spirale de l'anarchie et la déstabilisation. A cette
fin et en vue d’épargner à notre pays ces périls, il est de notre devoir à tous
de réunir les conditions et les modalités d’organisation, de contrôle et de
supervision qui vont entourer ces élections dans toutes ces phases, à commencer
par les phases de préparation et d’organisation jusqu’à l’annonce des
résultats. Ces phases qui, nous en sommes conscients, sont souvent une source
de préoccupation et de controverse, feront l’objet au cours de ce processus de
dialogue, d’une attention particulière et minutieuse, et seront le résultat
d’un large consensus avec la classe politique, les composantes de la société
civile et les personnalités politiques nationales.
Afin de débattre de ces conditions et de ces modalités, je lance une fois de
plus un appel à tous les acteurs politiques nationaux, à l’ensemble des
composantes de la classe politique, aux personnalités patriotiques nationales,
aux mouvances qui structurent la société civile et à tous ceux qui sont
considérés comme exprimant les sentiments d’une frange de notre population, ou
de ses élites, notamment les jeunes et les femmes, de se mobiliser pour la
réalisation de cet objectif stratégique national, seul à même de mener notre
pays vers des lendemains sûrs et prospères. Je leur lance un appel pour
s’engager dans le processus de dialogue national inclusif que l'Etat entend
lancer dès à présent, pour débattre de toutes les préoccupations portant sur la
prochaine échéance présidentielle et, partant, apporter leur contribution à
l'organisation du scrutin dans un climat d'entente et de sérénité. Ce dialogue
est plus que nécessaire, parce que c’est la meilleure voie pour parvenir aux
formules consensuelles nécessaires sur l'ensemble des questions en rapport avec
l’élection présidentielle. Ce dialogue est urgent, parce que le pays doit
recouvrer au plus vite sa normalité politique et institutionnelle, qui le
mettrait en position de faire face aux incertitudes économiques et sociales et
aux menaces qui pèsent sur notre sécurité nationale du fait d’un environnement
extérieur particulièrement complexe. Pour ces considérations et bien d’autres,
il est devenu aujourd’hui nécessaire de mettre de côté les calculs marginaux et
les exigences irréalistes qui sont de nature à prolonger la situation actuelle
et d’entraîner notre pays dans une situation de vide constitutionnel, source
d’incertitude et d’instabilité. Le processus de dialogue qui sera lancé
incessamment, sera conduit et mené en toute liberté et en toute transparence
par des personnalités nationales crédibles, indépendantes, sans affiliation
partisane et sans ambition électorale.
Des personnalités qui émergent du fait de leur autorité morale ou de leur
légitimité historique, politique ou socioprofessionnelle, les rendant éligibles
à l’accomplissement de cette noble mission et qui seraient de nature à les
aider à conduire et à faciliter ce dialogue. A cet égard et afin d’éviter toute
interprétation et de dissiper tout malentendu, l’Etat dans toute ses
composantes, y compris l’Institution militaire, ne sera pas partie prenante à
ce dialogue et observera la plus stricte neutralité tout au long du déroulement
de ce processus.
Il se contentera de mettre tous les moyens matériels et logistiques à la
disposition du panel de personnalités, qui décidera lui-même des modalités de
son fonctionnement. Sous la conduite de ce panel, les participants au dialogue
auront la liberté de discuter et de débattre des conditions à réunir pour
garantir la crédibilité du scrutin et aborder l’ensemble des aspects
législatif, réglementaire et organisationnel de cette élection, y compris le
déroulement du calendrier électoral, ainsi que les mécanismes de son contrôle
et de sa supervision. Ce dialogue doit revêtir le caractère le plus inclusif
possible. Le panel des personnalités pourra inviter toute partie qu'il estime
utile à la conduite de sa mission et à la réalisation de son objet, notamment
les partis politiques, la société civile, les organisations
socioprofessionnelles, les personnalités nationales, y compris celles émanant
du mouvement populaire, pour consigner leurs positions, avis et propositions.
De même qu’il décidera du format de ces rencontres et discussions. Ce dialogue,
qui devra nécessairement se concentrer sur l’unique objectif stratégique que
constitue l’organisation de l’élection, élection qui devrait se tenir à une
date la plus rapprochée possible, se déroulera de toute évidence dans le cadre
de la Constitution qui impose la préservation de l’Etat, le respect des
Institutions et la prévalence de l’intérêt supérieur de la Nation. Dans cette
optique, l’organe ou l’autorité électorale indépendante à mettre en place, qui
aura pour mandat d’organiser et de contrôler le processus électoral dans toutes
ses étapes, sera au centre des discussions. Il s’agira de débattre et d’arrêter
la configuration de cette entité et de fixer ses missions et attributions, son
mode d’organisation et de fonctionnement ainsi que sa composante, y compris,
éventuellement, les personnalités consensuelles devant la diriger. Sachant
qu’elle pourrait prendre en charge, les prérogatives de l’administration
publique, en matière électorale, elle sera appelée à intervenir sur tout le
territoire national et aura, en conséquence, des démembrements au niveau des
wilayas, des communes et des circonscriptions électorales de notre communauté à
l’étranger. Elle aura à gérer son budget propre de fonctionnement ainsi que les
autres crédits qui pourraient lui être alloués par l'Etat. La mise en place de
cet organe nécessitera l’adoption d’une loi spécifique, ainsi que l’adaptation,
en conséquence, du dispositif législatif et réglementaire, notamment la loi
électorale, qu’il conviendra de réviser pour y introduire toutes les garanties,
à même de faire en sorte que ce scrutin puisse répondre à toutes les exigences
d’impartialité, de régularité et de transparence. Comme il sera également
nécessaire d’examiner l’articulation entre cet organe qui sera créé et la Haute
Instance Indépendante de Surveillance des Elections, prévue par la Constitution,
dont il est possible de revoir la composition. L’Etat fera en sorte que les
recommandations et les textes issus du processus de dialogue soient pris en
compte. De même qu’il fera en sorte que toutes les conditions matérielles et
logistiques soient réunies pour permettre au dialogue de commencer au plus tôt
et de se dérouler dans un climat empreint de calme et de
sérénité.
Chères concitoyennes, chers
concitoyens,
Comme il ressort de l’offre politique que je viens de vous présenter, l’Etat
est déterminé à opérer le changement que vous appelez de vos vœux et met en
place les conditions nécessaires pour une réalisation méthodique de cet
objectif. Il vous appartient désormais aujourd’hui de vous appropriez cette
offre pour la faire prévaloir. Car en le faisant, vous faites prévaloir
l’intérêt supérieur de la Nation qui est le dénominateur commun entre nous
tous, sur les intérêts personnels ou partisans. Les défis auxquels nous faisons
face interviennent dans une phase déterminante de l’avenir de notre pays, de
nos enfants et des générations futures. L’Algérie est notre patrie à tous, il
nous appartient de la défendre et d’œuvrer à travers le dialogue à réunir les
conditions à même de construire un avenir prometteur, un avenir dont rêvaient
nos parents et aïeuls et pour lequel lutte aujourd’hui les générations futures
avec audace, détermination et loyauté. Mobilisons-nous tous pour défendre et
protéger ce pays, et pour renforcer son unité, sa sécurité et sa stabilité et
pour rester fidèles au serment fait à nos martyrs et à la hauteur de leur
héritage.
Félicitations à notre Peuple pour ce glorieux jour. Gloire au Tout-Puissant,
Gloire au Pays, et Gloire à nos vaillants martyrs.
Vive l’Algérie.»