FINANCES – BOURSE- ENTREE PRIVES 2019
Une dizaine d’entreprises privées ont déposé,
en 2019, des lettres d’intention pour entrer en Bourse, qui suscite
désormais un «engouement» auprès des PME, a indiqué mi-juin le président de la Commission de surveillance
en opérations de Bourse (COSOB), Abdelhakim Berrah.
Il s’agit de neuf Petites et moyennes entreprises (PME) et d’une
grande entreprise, «ALMAG», qui est spécialisée dans la production de la
margarine et ses dérivés, a expliqué M. Berrah dans un entretien accordé à
l’APS. Les PME postulantes sont la société «S-five», activant dans le
traitement des eaux usées, «Nopal Algérie» (cosmétiques), «UFMATP» (matériel de
travaux publics), «ALG» (agroalimentaire) et «Casbah» (vinaigrerie). Les
dossiers de quatre autres sociétés sont encore «au stade de maturation», selon
M. Berrah. Cependant, ces PME, qui disposent d’une comptabilité conforme,
souffrent d’une incapacité, de par leur petite taille, à répondre aux besoins du
marché, ainsi que d’un manque de financement. L’entrée en Bourse, en décembre
2018, de la première PME «AOM Invest», avait suscité un intérêt pour ce marché
chez d’autres entreprises de cette catégorie. Cet «engouement» a été également
encouragé par l’effort de communication et de sensibilisation déployé par la
SGBV et la COSOB auprès des PME et des chambres de commerce. S’agissant des
conditions d’entrer en Bourse, M. Berrah a précisé qu’il s’agit notamment de se
transformer en SPA (Société par actions) pour pouvoir ouvrir son capital à 10%
au minimum, répartis sur trois investisseurs institutionnels ou 50 actionnaires
personnes physiques (grand public).
La société postulante doit surtout, a-t-il dit, faire preuve de «discipline»
dans la gestion. Par conséquent, elle doit être transparente, en fournissant, à
son entrée, toute l’information sur son historique et sa situation financière
et en divulguant régulièrement, une fois cotée, ses résultats ou tout évènement
susceptible d’intéresser ses actionnaires. Cependant, malgré l’engouement de
certaines sociétés privées, le «désintérêt» des entreprises pour le marché
boursier reste «très marqué», a-t-il déploré. Selon M. Berrah, sur quelque 3
millions de sociétés actives en Algérie, dont 700.000 PME, la Bourse d’Alger,
après plus de 20 ans d’existence, ne compte que six entreprises : Saidal, El
Aurassi (publiques), Alliance Assurances, NCA Rouiba, Biopharm et AOM Invest
(privées), avec une capitalisation boursière autour de 45 milliards DA
seulement. Même si les origines de ce désintérêts sont diverses, M. Berrah
estime que «l’absence de grandes entreprises publiques de ce marché en
constitue l’origine principale». A trois reprises, l’Etat a fixé des listes
d’entreprises publiques à introduire en Bourse. Et à chaque fois, «du fait de
l’embellie financière, pour changement de cap ou pour d’autres considérations,
l’Etat faisait marche arrière», a-t-il regretté. Sur les facteurs ayant conduit
à «l’échec» de la démarche d’introduction des entreprises publiques en bourse,
M. Berrah évoque, outre les surliquidités financières enregistrées ces
dernières années, l’option du partenariat public-privé, annoncée avant d’être
abandonnée à son tour. «Peut-être aussi que les gestionnaires publics n’ont pas
bien compris le rôle de la Bourse», a estimé le président de la COSOB.
Capitalisation
boursière : 0,2% du PIB
La capitalisation boursière actuelle de l’Algérie avoisine 45 milliards (mds)
de DA, soit 0,2% du PIB, un ratio «très faible» par rapport au potentiel
économique du pays, a aussi indiqué Abdelhakim Berrah. La capitalisation
boursière en Algérie, c’est-à-dire la valorisation, au prix du marché, des
actions en circulation des six sociétés cotées en Bourse d’Alger, est actuellement
estimée à 44,888 mds de DA, contre 43,935 mds de DA à la fin 2018 et 40,587 mds
de DA en 2017 (+8,25%), a expliqué M. Berrah.
Cette amélioration a été le fruit du rétablissement progressif du marché
principal (celui des grandes entreprises), qui a gagné près de 3 mds de DA, en
plus de l’admission de la société «AOM Invest» au compartiment des PME avec une
contribution de 347,79 millions de DA à la capitalisation boursière. Cependant,
sur un PIB d’environ 20.355 mds de DA en 2018, la capitalisation boursière ne
dépasse pas les 0,22%. «Ce niveau de capitalisation ne reflète pas la taille de
l’économie algérienne.
Il faut au moins arriver à un ratio équivalant à 10% du PIB pour assurer une
bonne participation de la Bourse à l’économie. En plus, il faut au moins une
vingtaine d’entreprises cotées pour avoir un marché dynamique et des actions
liquides», a-t-il estimé. Pour ce qui est des 27 lignes d’obligations
assimilées du Trésor (OAT) cotées, leur encours global s’élève actuellement à
456,316 mds de DA, contre 444,45 mds de DA (+8,16% par rapport à 2017). Le
montant d’OAT émises en 2018 a été de 40,552 mds de DA. Quant au marché
obligataire, il n’a connu aucune nouvelle introduction en 2018. La dernière
émission d’emprunt obligataire coté remonte à 2009. Sur le marché obligataire
institutionnel, où cinq emprunts sont en circulation (émis par le FNI, MLA, la
SNL et la SRH), l’encours global des obligations en circulation s’élève
actuellement à 166,8 mds de DA, contre à 168,2 mds de DA en 2018 (+2,3%). La
Bourse d’Alger, accompagnée par 11 IOB (Intermédiaires en opérations de
bourse), compte un peu plus de 13.000 actionnaires. Interrogé, par ailleurs,
sur un éventuel impact du financement non conventionnel sur la Bourse d’Alger,
il a estimé que ce mode de financement «n’a eu aucun effet sur le marché
boursier».
Reste à savoir, s’est-il demandé, «si ce financement n’avait pas eu lieu et si
les banques étaient, par conséquent, contraintes à réduire leurs financements,
est-ce que les entreprises seraient-elles venues en Bourse ?».
Pour M. Berrah, «les ingrédients sont réunis aujourd’hui pour le décollage de
la Bourse». A une question relative aux conséquences du mouvement populaire,
entamé le 22 février dernier, sur le comportement des entreprises, il a
répondu : «Cette conjoncture aura un effet positif en matière de respect
de la transparence». «Le mouvement populaire plaide pour plus de transparence
en général, dont la transparence dans les marchés publics, les appels d’offres,
la gestion des entreprises, l’octroi de privilèges et de terrains. Ce regain de
transparence ne peut être, une fois concrétisé, que positif pour la Bourse»,
a-t-il expliqué.
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Qu’est-ce que la Bourse ?
La Bourse d’Alger, dénommée
«Société de gestion de la bourse des valeurs mobilière» (SGBV), a été créée en
1997 avec pour actionnaires les six banques publiques que compte le pays (BDL,
BEA, BADR, CPA, BNA et CNEP). Elle comprend, en vertu du décret législatif
93-10 du 23 mai 1993 qui la régit, les organismes suivants: - Une Société de
gestion de la Bourse des valeurs. - Un dépositaire central des titres dénommé
Algérie Clearing, une société par actions détenue par les banques et les
sociétés cotées. - Des intermédiaires en opérations de Bourse. - Une Commission
d’organisation et de surveillance des opérations de bourse (COSOB) qui
constitue l’autorité de régulation du marché des valeurs mobilières.
Actuellement, la Bourse d’Alger compte six titres que sont El Aurassi, Saidal
(publics) et Alliance assurance, NCA Rouiba, Biopharm et AOM Invest (privées),
totalisant une capitalisation de 45 milliards de DA, soit 0,2% du PIB. - Le 3
septembre 1999: première cotation à la bourse d’Alger de l’entreprise publique
agroalimentaire ERIAD Sétif, qui ouvre 20% de son capital. L’entreprise s’est
retirée de la Bourse en 2006. - Le 20 septembre 1999 : le groupe
pharmaceutique public SAIDAL est coté. - Le 14 février 2000 : l’hôtel public
El-Aurassi fait son entrée en bourse. - Le 7 mars 2011 : Alliance Assurances
devient la première entreprise privée à entrer en bourse. - Le 3 juin 2013 : la
société privée Nouvelle conserverie algérienne de Rouiba (NCA) entre en bourse.
- En mars 2016 : C’est au tour du laboratoire pharmaceutique privé Biopharm de
s’y introduire. - Le 12 décembre 2018: la société AOM Invest Spa, activant dans
le développement et l’exploitation de projets touristiques fait son entrée à la
Bourse d’Alger. - La Bourse d’Alger est composée de trois marchés que sont : -
Le marché principal: destiné aux grandes entreprises. Il abrite actuellement,
Saidal, El-Aurassi, Alliance Assurances, NCA-Rouiba et Biopharm. - Le marché
PME : Il compte une seule société (AOM Invest). - Le marché des titres de
créance, composé d’un Marché des obligations (émises par les sociétés par
actions) et d’un marché bloc OAT, réservé aux Obligations a ssimilables émises
par le Trésor public. Ce dernier compte actuellement 27 lignes cotées englobant
plus de 450 milliards de DA.
L’Algérie peut désormais accéder
aux marchés financiers internationaux grâce à la signature , début juin, d’un accord entre la COSOB et l’Organisation Internationale des
Commissions de Valeurs (OICV), a indiqué Abdelhakim Berrah. «L’Algérie était
sur la liste grise des pays qui ne coopèrent pas avec l’OICV.
L’Algérie peut désormais
accéder aux marchés financiers internationaux grâce à la signature récemment d’un
accord entre la COSOB et l’Organisation Internationale des Commissions de
Valeurs (OICV), a indiqué Abdelhakim Berrah. «L’Algérie était sur la liste
grise des pays qui ne coopèrent pas avec l’OICV.
De ce fait, elle ne pouvait pas accéder au marché de capitaux étrangers.
Maintenant qu’elle a signé le Multilateral Memorandum of Understanding (MMoU),
elle rejoint la communauté internationale des pays coopérant contre le
blanchiment d’argent via les marchés financiers et les infractions boursières
transfrontalières», a précisé dans un entretien à l’APS. Il a tenu, toutefois,
à préciser que l’Algérie, même avant la signature du MMoU, «n’avait rien à
cacher» en matière d’informations financières. Elle avait juste un cadre
juridique qui ne lui permettait pas d’échanger ce genre d’informations avec le
reste du monde. Il a fallu que la loi de finances 2018 soit promulguée pour
donner la possibilité à la Commission d’organisation et de surveillance des
opérations de bourse (COSOB) d’échanger ces informations avec les 122 autres
signataires du MMoU.
«Si un pays signataire ouvre une enquête sur un opérateur suspecté de fraude,
il peut demander à toutes les autorités de régulation signataires du MMoU, à
savoir tous les pays à l’exception des pays en guerre comme le Yémen, l’Irak et
la Lybie, des informations sur cet opérateur», a encore expliqué M. Berrah. La
signature du MMoU met ainsi l’Algérie aux normes internationales et vient
compléter les autres mécanismes d’entre-aides judiciaires et d’échange
d’informations déjà existant en matière de lutte contre le blanchiment
d’argent, le financement du terrorisme, la corruption et la fraude
transfrontalière.
De ce fait, «l’Algérie pourra envisager d’ouvrir sereinement sa Bourse à
l’investissement étranger et attirer des investisseurs internationaux, du
moment qu’il sera plus facile, grâce au MMoU, d’obtenir des informations sur
l’origine des fonds investis et sur l’identité des investisseurs et des
bénéficiaires effectifs». Afin de vulgariser les avantages du MMoU, il a indiqué
que la COSOB organisera en septembre prochain un atelier technique pour
informer toutes les parties concernées sur son fonctionnement pratique.