ENVIRONNEMENT- DANGER- ENVENIMATION
SCORPIONIQUE- BILAN 2018 MINISTERE SANTE
MAI 2019
«Les envenimations scorpioniques
ont doublé en Algérie durant les trois dernières décennies, passant de 23.000
cas/an en 1991 à près de 45.000 cas/an en 2018 », c’est ce qu’a indiqué
le ministère de la Santé, de la Population et de Réforme hospitalière,
soulignant, à ce propos, qu’il y a toutefois une baisse «sensible» du nombre de
décès par envenimation scorpionique.
Par contre, en dépit d’une diminution des décès passant de 106 cas en 1991 à 46
cas en 2019, le nombre des envenimations scorpioniques
continue d’augmenter d'année en année. Dans ce sillage, le ministère fait état
de 42 wilayas exposées en 2018 aux envenimations scorpioniques,
dont 15 au moins ayant enregistré des cas de décès. Les données géographiques
montrent que le scorpion endémique du Sahara, se propage aujourd'hui assez
facilement avec les transports et les échanges commerciaux.
À ce titre, le scorpion est désormais même retrouvé dans certaines régions du
Nord du pays. Il convient de signaler que cette hausse des cas d'envenimations scorpioniques est due, au non-respect de la propreté de
l'environnement -trop d’ordures ménagères ça et là- et à la prolifération des
habitations précaires qui constituent des conditions favorables à la
multiplication des nids de scorpions, a expliqué le Dr. Mohamed Lamine Saïdani, membre de la Commission nationale de prévention
contre les piqûres scorpioniques et chef de l'unité
de production du sérum anti-scorpioniques à
l'Institut Pasteur d’Alger. Le spécialiste a, par ailleurs, appelé à se
diriger, en cas de piqûre, immédiatement au centre médical le plus proche et
ce, dans les trois premières heures, afin d'éviter que le poison n'arrive aux
organes vitaux entrainant de facto la mort. Et de déplorer, dans ce sens, le
recours de certains citoyens à des moyens inefficients contre les
envenimations, à l'instar de l'utilisation du henné ou l'huile de cade.
Comme chaque année au mois d'avril, le ministère de la Santé a lancé, en
coordination avec l'institut Pasteur et la Protection civile, une campagne de
sensibilisation contre les piqûres de scorpions, qui durera
jusqu'au mois de septembre, période enregistrant une large prolifération
des scorpions. Cette campagne ciblera les wilayas d’Ouargla et d’Adrar,
sachant que ces wilayas ont enregistré en 2018 le plus grand nombre de
victimes, respectivement 7 et 10 morts. Outre le renforcement des campagnes de sensibilisation
sectorielles et le développement du système de déclaration par
l'informatisation, le programme de la campagne de sensibilisation annuel
s'appuie sur des mécanismes de surveillance épidémiologique et les
recommandations du comité- expert de lutte contre l'envenimation scorpionique avec la mise en place d'une cartographie des
régions exposées à ce risque et la distribution du guide référentiel, ainsi que
l'incitation à la collecte des scorpions par les association,s
et ce, pour l'extraction du venin de scorpion à des fins de fabrication de
l’antidote. Enfin, il faut savoir que l'Institut Pasteur avait distribué, en
avril dernier, près de 40.000 doses du venin de scorpion.
Il devra augmenter son stock pour atteindre les 90.000 doses avant le mois de
septembre prochain. L'unité relevant de l’Institut Pasteur, chargée de la
collecte des scorpions et de la production du sérum scorpionique
à Ouargla est entrée en service, faut-il le rappeler, il y a une
vingtaine de jours de cela. Celle-ci devra étudier tous les types de scorpions
type de chaque région du pays en collaboration avec les universités.
D’ailleurs, cette structure ouvre ses portes aux équipes de recherches issues
du laboratoire d’immunologie de la faculté de médecine, de l’unité de recherche
et de développement de l’Institut pasteur d’Alger, pour échanger les
expériences scientifiques et médicales, ont pour leur part, indiqué les
responsables de laboratoire de la faculté de médecine.
En effet, l’enjeu est de pouvoir développer un antidote efficace et trouver les
solutions appropriées au problème des piqûres de scorpions, notamment les cas
mortels relevés au niveau des wilayas les plus touchées par ce phénomène dont
Ouargla, M’sila et Biskra.