CULTURE- PATRIMOINE- MAUSOLÉE ROYAL DE MAURÉTANIE.
Le Mausolée royal de Maurétanie (Tipasa), classé au patrimoine
mondial de l'humanité par l’Unesco, a été réouvert au
public dans la soirée de vendredi après 27 ans de fermeture (1992) pour raisons
sécuritaires liées à sa protection contre d’éventuels attentats
terroristes. La décision de réouverture "à titre exceptionnel"
du Mausolée royal de Maurétanie dans la soirée de vendredi 24 mai 2019, a été
prise par la Direction technique de protection des biens culturels,
relevant de l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels
protégés (OGEBC), dans l’attente de la finalisation d’une étude technique attestant
de l’absence d’un risque quelconque sur le monument lié à la présence des
visiteurs. Une soirée artistique a été animée sur place par l’association
culturelle de chant Andalou 'El Manara'.
Accompagnés de spécialistes en archéologie, les nombreux visiteurs
du Mausolée royal de Maurétanie -sis sur les hauteurs de Sidi Rached, avec vue plongeante sur la côte du Chenoua- venus à l’invitation de l'Office national de
gestion et d'exploitation des biens culturels protégés, n’ont pas caché leur
"admiration et stupéfaction mêlées de fierté et d’orgueil" à la
découverte de "ce site d’exception" comme ils l'ont qualifié dans
leurs déclarations à l’APS, "construit depuis la nuit des temps, selon des
techniques architecturales de haut niveau, qui n’ont pas encore livré leurs
secrets jusqu’à nos jours", a observé le directeur de l’exploitation à
l’Office, Youcef Lalmas.
Parallèlement à une soirée andalouse de haute facture, animée par la troupe de
l’association "El Manara", les visiteurs du
Mausolée royal de Maurétanie ont été invités à la découverte de ses différents
passages séparés d’une galerie menant à la chambre funéraire, supposée être la
sépulture de la reine égyptienne Cléopâtre, épouse de Juba II, roi de la
Mauritanie césarienne. La décision de réouverture du Mausolée royal aux
visiteurs est "historique et courageuse", a estimé, pour sa part, le
directeur de l’OGEBC, Nasroune Bouhil,
soulignant qu’elle vise "la valorisation et promotion du patrimoine
archéologique national". Les visites sur site sont encadrées par la
Direction technique de protection des biens culturels de l’Office, en charge de
la protection de ce type de monuments archéologiques. Ainsi, les invités
à cette première soirée familiale, organisée en ce mois sacré du Ramadhan, ont eu
droit à des visites guidées à l’intérieur du mausolée, par groupe d’une
quinzaine de personnes, a précisé B. Nasroune,
soulignant la possibilité d’organisation de soirées similaires à l’avenir
"à condition qu’elles ne constituent pas un risque sur le site", a-t-il
relevé. Interrogé sur l’inhumation supposée ou pas de la reine Cléopâtre dans
le Mausolée, . Youcef Lalmas a souligné que les recherches à ce sujet "n’ont
pas encore confirmé cette hypothèse". "Une chose est sûre cependant,
la reine Cléopâtre a bien visité le Mausolée qui abritait, à l’époque, des
rites à l’honneur des morts de la famille royale", a assuré le
responsable. "Les historiens s’accordent, en outre, sur le fait que le
mausolée a été bien construit pour servir de sépulture aux membres de la famille
royale", a-t-il ajouté. Y. Lalmas a,
par ailleurs, exprimé son rejet catégorique de l’appellation de "pyramides
algériennes" donnée par certains médias à ce mausolée, estimant que ce
titre "réduit la valeur historique et archéologique du monument".
"Il n’y a aucun lieu de comparaison avec les pyramides d’Egypte, tant au
volet des techniques de construction que de l’époque de sa réalisation",
a-t-il assuré. Le Mausolée royal de Maurétanie est situé à près de 70 km à
l’ouest de la capitale algérienne, avant d’arriver à la ville de Tipasa, sur la
route menant à Cherchell. Ce monument, construit en pierre, est de
forme circulaire, avec une base de 185,5 mètres et un diamètre de 60,9 mètres,
sur une hauteur de 32,4 mètres. La base de la structure était autrefois ornée
de 60 colonnes ioniques et quatre portes arrières. Les
visiteurs ont accès au mausolée à travers une petite porte à sa base, située
dans sa partie est. Au centre de la tombe se trouvent deux chambres voûtées
accessibles par un escalier en colimaçon. Ces chambres sont divisées par un
court passage et séparées de la galerie par des portes en pierre mobiles. Le
tombeau est parfaitement visible de la plaine de la Mitidja, au sud d’Alger, et
des hauteurs de Bouzaréah. Il constitue, également,
un point de repère pour les marins et pêcheurs en mer. D’autres mausolées de
constitution similaires existent en Algérie, à l’exemple du Mausolée numide de Medghacen de la ville de Batna, ou le Mausolée ouvert de
Tlemcen. Selon certains vieux écrits romains, la construction du Mausolée royal
de Maurétanie remonterait à l’an 40 après J.C, soit à l’époque de la prise
du royaume de Mauritanie par les Romains.