CULTURE- ÉTRANGER- CINÉMA- FESTIVAL DE CANNES 2019- PALMARÈS
Le film Parasite du Sud-Coréen Bong
Joon-ho, qui dépeint la violence des inégalités
sociales, a remporté la Palme d'or samedi 25 mai 2019, en clôture du 72e
Festival de Cannes. «Merci beaucoup. Je suis très honoré, j'ai toujours été
très inspiré par le cinéma français, je remercie Henri-Georges Clouzot et
Claude Chabrol», a commenté Bong Joon-ho,
premier cinéaste de son pays à décrocher la suprême récompense cannoise.
Bong Joon-ho est considéré
comme le grand représentant de la nouvelle vague cinématographique de Corée du
Sud. Il fait partie d'une génération dite les «enragés», ainsi qu'ils sont
surnommés dans leur pays, dont figure Park Chan-wook
qui avait remporté le Grand Prix de Cannas en 2004, avant celui du Jury en 2009
pour Thirst, ceci est mon sang. Le film Parasite
relate un drame familial mâtiné de thriller, qui dépeint la violence des
inégalités sociales avec une immense maîtrise formelle, que Bong,
ancien étudiant en sociologie à l'Université Yonsei
de Séoul, obtient la reconnaissance suprême.
Le Festival de Cannes a donc sacré samedi soir Bong Joon-ho, premier cinéaste sud-coréen à recevoir la Palme
d'or, laquelle échappe une nouvelle fois à l'Espagnol Pedro Almodovar, l'autre
grand favori de la compétition, qui tentait de l'obtenir pour la sixième fois.
Lot de consolation pour Douleur et Gloire, film le plus personnel du
cinéaste espagnol: l'acteur Antonio Banderas remporte le prix d'interprétation
masculine. L'Américain Quentin Tarantino est lui
reparti bredouille avec son Once upon a time... in
Hollywood, l'un des films les plus attendus de la compétition, qui avait
assuré le show sur la Croisette avec ses superstars Brad Pitt et Leonardo DiCaprio. Drame familial et thriller très maîtrisé sur les
inégalités sociales, Parasite de Bong Joon-ho, qui avait remporté l'adhésion de la presse, est le
deuxième film asiatique de suite à remporter la Palme d'or, après Une
affaire de famille du Japonais Hirokazu Kore-Eda l'an dernier. «Je suis
vraiment très honoré», a déclaré Bong Joon-ho, qui a dit être «toujours très inspiré par le
cinéma français», et a remercié «les deux grands réalisateurs français
Henri-Georges Clouzot et Claude Chabrol».
Parasite, qui mêle avec virtuosité les genres cinématographiques tout en tenant
le spectateur en haleine, raconte l'histoire d'une famille de chômeurs dont la
vie va changer le jour où leur fils va devenir professeur d'anglais pour une
famille bourgeoise. «Nous avons tous été fascinés par ce film, et cette
fascination a continué à croître au fil des jours», a expliqué le président du
jury, le cinéaste mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu,
lors d'une conférence de presse après le palmarès, soulignant que «la plupart
des films qui ont reçu des prix traitent de justice sociale et d'injustice».
«Ils ont à voir avec les aspects politiques et sociaux du monde actuel», a-t-il
ajouté. «Le cinéma doit essayer d'élever la conscience sociale et ce, partout
dans le monde», a-t-il encore dit, tout en réfutant que les choix du jury aient
«reposé sur des choix politiques».
La Franco-Sénégalaise Mati Diop, 36 ans, l'une des
quatre réalisatrices de la compétition, a reçu quant à elle le Grand Prix,
deuxième récompense la plus importante, pour Atlantique, fable à la fois
politique et onirique sur le sort des migrants et la jeunesse de Dakar, son
premier long-métrage. «Je n'en reviens pas», a-t-elle lancé. Et, s'adressant au
jury : «C'est un peu fou ce que vous avez fait !»
Autre nouveau venu à Cannes, le Français Ladj Ly a
remporté le prix du jury pour Les Misérables, film coup-de-poing sur les
violences policières dans les banlieues, ex æquo avec le film brésilien Bacurau de Kleber Mendonça
Filho et Juliano Dornelles. «Mon film parle des rapports entre les
différentes communautés dans ce territoire. Le seul ennemi en commun qu'il y a
entre ces habitants et les policiers, c'est la misère», a réagi Ladj Ly, avant de dédier son prix «à tous les misérables de
France et d'ailleurs». «Ce soir, c'est mon soir de gloire», a déclaré l'acteur
Antonio Banderas, 58 ans, en dédiant son prix d'interprétation à Pedro
Almodovar, qui l'a lancé dans le métier dans les années 80 et avec qui il
collaborait pour la huitième fois. "Je très suis heureux, mais je ressens
une légère amertume. J'aurais bien aimé que Pedro soit ici" parmi les
primés, a-t-il ajouté en conférence de presse.
Chez les femmes, c'est l'actrice anglo-américaine Emily Beecham, 35 ans, qui
l'a emporté pour Little Joe de l'Autrichienne Jessica
Hausner, dans lequel elle campe une scientifique
excentrique, dans un monde gagné par les manipulations génétiques.
Les frères belges Jean-Pierre et Luc Dardenne, qui appartiennent au club très
restreint des double Palme d'or, ont décroché cette fois le prix de la mise en
scène pour Le jeune Ahmed, sur un adolescent radicalisé. «Merci au jury
pour cette récompense pour ce film, qu'on a voulu comme une ode à la vie», a
déclaré Luc Dardenne en recevant ce prix, auprès de son frère Jean-Pierre,
évoquant des «temps sombres difficiles, où des populismes identitaires
montent».
Autre réalisatrice en compétition, la Française Céline Sciamma
est repartie avec le prix du scénario pour Portrait de la jeune fille en feu,
histoire d'amour entre une peintre et son modèle au XVIIIe siècle.
Palmarès du 72e Festival de Cannes
- Palme d'or : Parasite du Sud-Coréen Bong Joon-ho
- Grand Prix : Atlantique de la Franco-Sénégalaise Mati Diop
- Prix du jury : Les misérables du Français Ladj Ly
et Bacurau des Brésiliens Kleber Mendonça
Filho et Juliano Dornelles
- Prix de la mise en scène : les Belges Luc et Jean-Pierre Dardenne pour Le
jeune Ahmed
- Prix d'interprétation masculine : l'Espagnol Antonio Banderas pour Douleur et
gloire de Pedro Almodovar
- Prix d'interprétation féminine : l'Anglo-Américaine
Emily Beecham pour Little Joe de Jessica Hausner
- Prix du scénario : Portrait de la jeune fille en feu de la Française Céline Sciamma
- Mention spéciale du jury : It must be heaven du Palestinien Elia Suleiman
- Caméra d'or : Nuestras madres
du Guatémaltèque César Diaz
- Palme d'Or du court-métrage : La distance entre le ciel et nous du Grec Vasilis Kekatos
- Mention spéciale du court-métrage : Monstruos Dios de l'Argentine Agustina San
Martin.