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Allergie(s) et asthme

Date de création: 29-05-2019 13:19
Dernière mise à jour: 29-05-2019 13:19
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SANTÉ- MALADIE- ALLERGIE(S) ET ASTHME

Les maladies dites d’hypersensibilité à certaines substances ou éléments étrangers à l’organisme sont sous-estimées, voire négligées, en Algérie. Nombreux sont les malades qui ignorent qu’ils sont sensibles à certaines substances. Ils négligent les signes cliniques, à titre d’exemple ceux d’une rhinite allergique. Ils ne s’inquiètent pas du tout des éternuements à répétition, de l’écoulement nasal, des chatouillements dans le nez, des larmoiements ou encore de l’irritation des yeux. La plupart des personnes présentant ces symptômes ne consultent pas. Elles ignorent que l’allergie est une maladie chronique et lourde de conséquences. Pour ces personnes, ces infections sont bénignes. Elles se contentent de les traiter comme s’il s’agissait d’un simple rhume. Alors que le tableau clinique de ces infections peut être parfois dramatique et entraîner carrément la mort lorsqu’il s’agit de cas d’asthme bronchique, notamment quand la pose du diagnostic intervient tardivement.

En un mot, la rhinite allergique mal traitée se transforme incontestablement en asthme. Sur un autre plan, il y a lieu de relever un nombre d’éléments qui ont concouru à dresser ce constat désolant. Le premier élément est notamment lié à la formation des médecins généralistes qui reste insuffisante dans le domaine des allergies. En fait, il y a un certain nombre d’allergies qui nécessitent un avis spécialisé, et pour lequel le médecin généraliste n’est pas formé, notamment en matière d’allergies dites médicamenteuses, alimentaires ou des allergies aux venins d’hyménoptères (des piqûres de guêpes ou d’abeilles). Il y a d’autres allergies qui se déclenchent à la suite d’un examen radiologique, le corps réagit alors au produit étranger, d’où l’importance, voire l’urgence, de plancher effectivement sur la formation de cette catégorie de médecins, pour améliorer le volet prise en charge.  

Quels sont les différents types d’allergies qui existent et les facteurs externes qui provoquent une réaction de l’organisme ? 
Il existe trois types de facteurs externes qui provoquent une réaction exagérée du corps. On appelle ces facteurs les allergènes. En premier, il y a les allergènes inhalés ou respirés (les pollens, les acariens contenus dans les poussières de maison, les poils d’animaux — chat, chien —, les moisissures). Ces allergènes respirés sont à l’origine des allergies respiratoires. En deuxième lieu, il y a les allergènes ingérés qui concernent le lait, les cacahuètes, le chocolat, les fruits de mer, les fraises et les œufs. Le troisième type concerne les allergènes injectés, notamment les antidotes, l’aspirine et les pénicillines. Ces derniers provoquent des allergies dues aux médicaments. Il existe également les allergies professionnelles qui se développent à la longue chez les personnes travaillant dans des usines chimiques qui fabriquent de la pénicilline.

Quelle est alors la prévalence de ces allergies en termes de personnes atteintes ?
Les allergies respiratoires sont les affections les plus présentes dans cette discipline, soit 80% des malades souffrant de cette pathologie. Une prise en charge tardive ou manquée peut générer de l’asthme ou d’autres maladies beaucoup plus dangereuses. La prévalence des pathologies allergiques est en hausse constante dans le monde. La situation de cette affection en Algérie ne diffère pas de celle des autres pays. À la faveur des enquêtes nationales et internationales menées et auxquelles l’Algérie a participé, pas moins de 4% de la population adulte est asthmatique, soit plus d’un million et demi d’Algériens. Les mêmes études ont conclu que près de 8% de la population globale souffre d’une rhinite allergique, soit plus de 3 millions de malades.

Et près de 8% des enfants ont un asthme bronchique. Ce qui est désolant, voire dramatique, c’est que nombreux sont les malades souffrant de rhinite allergique qui ne consultent pas de médecin ou se soignent seuls, d’où l’augmentation du nombre d’asthmatiques d’année en année. En fait, une rhinite allergique mal soignée se transforme en asthme. Et l’asthme non contrôlé ne pardonne pas.

Ces chiffres confirment que cette maladie reste sous-diagnostiquée en Algérie…
Les statistiques disponibles illustrent bien l’évolution effrénée de ces pathologies respiratoires. Il faut dire que l’on assiste, maintenant, et ce, depuis 20 ans, au doublement des maladies allergiques en Algérie. L’explosion de telles maladies s’explique d’abord par les habitudes de vie qui ont connu des modifications profondes.  Aujourd’hui, les appartements sont confinés et le taux d’humidité reste assez élevé, notamment dans les villes côtières. Le changement des habitudes alimentaires avec l’apparition des fast-foods est également mis en cause dans ce sens. Les allergologues ne manquent pas à chaque occasion d’alerter les autorités sanitaires et de sensibiliser les citoyens sur les conséquences parfois dramatiques des maladies allergiques qui sont classées au quatrième rang des préoccupations de santé publique dans le monde.

L’alerte donnée par les allergologues ne suffit pas, à elle seule, à juguler l’évolution de ces pathologies. Existe-t-il un plan de prévention et de traitement de ces maladies ? 
Il existe bien des recommandations de nature à contrôler et à maîtriser la situation. Il importe de savoir que dans cette discipline, les allergologues n’évoquent pas la guérison, mais ils préfèrent parler de contrôle de la maladie. Des traitements modernes et innovants sont à présent disponibles. Ce qui permet de mieux  contrôler la maladie. Un patient souffrant d’une allergie restera toute sa vie allergique, c’est génétique. Il est question, à ce propos, de maladies chroniques, mais qu’on peut largement contrôler avec les médicaments modernes, tels que l’immunothérapie. La Société savante algérienne d’allergologie et d’immunologie clinique (présidée par le Pr Habib Douaguia
, président de la Société algérienne d’Allergologie et d’Immunologie clinique ..auteur de ce texte  publié le 28 mai 2019, in Liberté) élaboré à cet effet un plan pratique pour la prise en charge de l’asthme et d’autres maladies allergiques. 17 professeurs chefs de service, ainsi que 17 autres professeurs non chefs de service et une vingtaine d’assistants ont pris part à une rencontre pendant deux jours, où ils ont pu dresser un état des lieux général de la maladie et élaborer des recommandations.

L’on a insisté dans le rapport final sur l’urgence de mettre en place un plan national pour l’asthme et les maladies allergiques. Il s’agit d’une sorte d’outil de suivi et d’évaluation similaire au Plan national du cancer placé sous l’autorité de la présidence de la République. Nous avons remis les recommandations à l’ex-ministre de la Santé, Mokhtar Hasbellaoui, mais il n’y a jamais eu de suite. Sinon, nous n’avons pas encore transmis le projet à l’actuel ministre.

Le marché national du médicament vit ces trois dernières années au rythme des perturbations. Le manque d’allergènes thérapeutiques et autres traitements n’a-t-il pas été fatal à nombre de souffrants ?
Les pénuries de médicaments constatées ces derniers temps ont failli être fatales à tous les malades, notamment les asthmatiques. L’absence de médicaments essentiels, notamment de la Ventoline en spray et en aérosol, a posé un problème de prise en charge particulièrement dans le cadre de l’urgence. La rupture de stock des allergènes diagnostiques et thérapeutiques a aggravé la situation. Les allergènes sont des éléments essentiels pour établir des diagnostics précis des maladies allergiques. Le manque des allergènes thérapeutiques indispensables pour faire la désensibilisation spécifique dure depuis plus de six mois. Il faut savoir que ces allergènes constituent un outil essentiel aussi bien pour diagnostiquer que pour traiter la maladie.