VIE POLITIQUE- DOCUMENTS POLITIQUES-MOUVEMEN 22
FEVRIER- APPEL 18 MAI 2019, TALEB/ALI YAHIA/ BENYELLÈS
Texte intégral :
Le 22
février 2019, des millions d’Algériens, toutes classes sociales et tous âges
confondus, sont sortis dans les rues de l’ensemble des grandes villes du pays
pour manifester pacifiquement, crier leur colère et refuser l’humiliation qu’un
pouvoir arrogant et sûr de lui, voulait encore leur faire subir en annonçant la
candidature pour un cinquième mandat, d’un homme qui vit à l’état végétatif
depuis cinq ans.
Par leur
caractère massif et strictement pacifique, les manifestations grandioses de ces
treize dernières semaines ont forcé l’admiration du monde entier et nous ont
rendu notre dignité trop longtemps bafouée, comme elles nous ont permis de
recouvrer notre fierté d’appartenir à une grande nation. Elles auront également
fortement contribué à renforcer l’unité nationale et la volonté du vivre
ensemble, quelles que soient nos différences politiques, et nos sensibilités
culturelles ou doctrinaires.
Après avoir
obtenu la démission forcée du président candidat moribond, les manifestants
dont le nombre a atteint des sommets historiques, exigent maintenant
l’instauration d’un État de droit et d’une véritable démocratie, en passant
préalablement par une période de transition de courte durée, conduite par des
hommes et des femmes n’ayant jamais appartenu au système profondément corrompu
des vingt dernières années. Cette période est nécessaire pour mettre en place
les mécanismes et dispositions permettant au peuple souverain d’exprimer
librement et démocratiquement son choix à travers les urnes, un processus qui
va dans le sens de l’histoire, et que rien, ni personne ne saurait arrêter.
Porteuse de
graves dangers dans une situation régionale tendue, la situation de blocage à
laquelle nous assistons par le maintien de la date du 4 juillet ne pourra que
retarder l’avènement inéluctable d’une nouvelle République. Car comment peut-on
imaginer des élections libres et honnêtes alors qu’elles sont d’ores et déjà
rejetées par l’immense majorité de la population parce qu’organisées par des
institutions encore aux mains de forces disqualifiées, opposées à tout
changement salutaire ?
C’est
pourquoi, nous, signataires de la déclaration du 7 octobre 2017 ainsi que du
présent appel, demandons instamment au commandement de l’ANP de nouer un
dialogue franc et honnête avec des figures représentatives du mouvement citoyen
( harak ), des partis et des forces politiques et
sociales qui le soutiennent, afin de trouver au plus vite, une solution
politique consensuelle en mesure de répondre aux aspirations populaires
légitimes qui s’expriment quotidiennement depuis bientôt trois mois.
Alger le 18
mai 2019