VIE
POLITIQUE- ENQUÊTES ET REPORTAGES- HIRAK 22 FÉVRIER ,RAISONS
(4) DU SUCCÈS- FOREIGN AFFAIRS
www.algeriepatriotique.com/ synthèse de R. Mahmoudi , jeudi 9 mai 2019
Analysant
les récents mouvements de contestation dans les pays africains, dont l’Algérie,
le magazine américain spécialisé dans les relations internationales Foreign Affairs décèle
quatre facteurs ayant aidé au succès de ces expériences, en se focalisant sur
les cas du Soudan et de l’Algérie.
Les quatre
avantages cités par l’auteur de l’article sont : une mobilité des
mouvements de masse, participation active des femmes, l’appui actif ou tacite
des services de sécurité ou des forces armées et, enfin, l’adhésion de la
région.
Dans son analyse, l’auteur
explique : «Pour que les mouvements nationaux réussissent, ils doivent
susciter une participation de masse qui transcende les frontières régionales,
générationnelles, de classe, ethniques et religieuses. La résistance civile
africaine a longtemps fait appel au pouvoir de leadership et de coordination
d’associations professionnelles, de syndicats et d’autres institutions, tels
que les églises, pour communiquer les principes d’un mouvement à un large
éventail de participants. Lors du récent soulèvement en Algérie, un journaliste
et un membre de l’association des éditeurs de livres ont imprimé «18
commandements» à suivre par les manifestants afin que la résistance reste non
violente et efficace (…)»
Autre facteur
relevé : la participation des jeunes dans ces mouvements de contestation.
«Au cours de la dernière décennie, la mobilisation a réussi lorsque les
activistes ont transcendé leur identité. Avec 62% de la population africaine
âgée de moins de 25 ans, des coalitions fructueuses ont mis l’accent sur la
mobilisation du soutien des jeunes, comme dans le mouvement sénégalais Y en a
marre (2011) et Balai Citoyen (Burkina Faso, 2013). En Algérie, les jeunes ont
envahi les rues pour protester contre le chômage mais également leurs parents
et leurs grands-parents, qui souhaitent un avenir meilleur pour leurs enfants.»
Ces succès ont été
étayés par le rôle de premier plan joué par les femmes dans l’organisation, la
direction et la participation à des activités de «résistance». «Des images
emblématiques du Soudan et de l’Algérie ont représenté des jeunes femmes
dansant et récitant de la poésie, appelant les manifestants à célébrer et à
s’unir face à la dictature (…)», souligne l’auteur de l’analyse.
Dernier élément-clé
dans la réussite de ces mouvements : l’attitude pacifiste des forces de
sécurité dans les pays étudiés. «Les manifestations, quelles que soient leur
taille et leur caractère inclusif, ont souvent du mal à susciter un changement
immédiat, à moins que les élites économiques, les bureaucrates civils et les
forces de sécurité ne cessent de protéger le statu quo. Par exemple, les forces
de sécurité pourraient signaler la non-coopération avec le régime en jetant les
armes, en refusant de se présenter au devoir, en ignorant l’ordre de tirer sur
les manifestants, voire en défendant les manifestants contre la répression»,
allusion à l’appel du chef d’état-major de l’ANP dans un de ses discours.
Foreign Affairs poursuit : «Les
manifestants ont souvent besoin de l’aide des forces de sécurité mais les
forces militaires risquent toujours de détourner les soulèvements populaires
pour s’emparer du pouvoir. Au Soudan, l’opposition a contré cette menace, en
poursuivant les manifestations massives et les débrayages, même après la
démission de Bachir et en annonçant rapidement son intention de mettre en place
un conseil de direction de la transition civile. Les manifestants algériens ont
exercé des pressions analogues sur leurs dirigeants de transition et se sont
tournés vers la corruption perçue dans le cercle restreint des élites de
Bouteflika, en attendant des détails sur les plans de transition civile».