CULTURE- MUSIQUE- AHMED MALEK
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Kader B/Le Soir d’Algérie, mercredi 17 avril 2019
Sous d’autres cieux, le label Habibi Funk du DJ allemand Jannis
Stürtz lui a consacré une compilation. Paloma
Colombe, de son côté, a dédié le documentaire Planet
Malek à ce prolifique génie oublié qui a signé une bonne partie de la bande son
des années 1970 en Algérie dont Les Vacances de l’inspecteur Tahar.
La musique d’Ennio Morricone a beaucoup contribué aux succès de westerns
comme Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus, Le Bon, la
Brute et le Truand ainsi que Il était une fois dans
l’Ouest, tous les quatre réalisés par Sergio Leone. Le compositeur Italien a
également signé la musique du film La Bataille d'Alger de Gillo Pontecorvo. Il y a un grand compositeur algérien de musique
de films, reconnu à l’étranger et méconnu en son pays. Ce compositeur c’est
Ahmed Malek qui a signé notamment la musique du film Les vacances de
l’inspecteur Tahar réalisé par Moussa Haddad.
D’ailleurs, il est considéré, toujours à l’étranger, comme «L’Ennio
Morricone d’Algérie» ou surnommé «le Ennio Morricone algérien». Sous d’autres
cieux, le label Habibi Funk lui a consacré une
compilation. Paloma Colombe, de son côté, a dédié le documentaire Planet Malek à ce prolifique génie oublié qui a signé une
bonne partie de la bande son des années 1970 en Algérie.
«Quand Jannis Stürtz m’a
proposé de réaliser ce film, j’ai pensé que c’était une excellente occasion de
faire connaître la musique d’Ahmed Malek au grand public, aussi bien en Algérie
— où je me suis aperçue que la jeune génération le connaissait peu — que dans
le reste du monde. Avec ce film, je veux permettre aux Algériens de se
réapproprier leur patrimoine culturel», a expliqué la réalisatrice
franco-algérienne. Paloma Colombe avec son moyen métrage documentaire repart
sur les traces d’un musicien sorti de l’oubli grâce au travail acharné de Stürtz, DJ berlinois, qui publie sur son label Habibi Funk des merveilles des années vinyle.
«Très peu de gens le connaissent, mais beaucoup connaissent sa musique. Elle a
marqué l’Algérie d’après l’indépendance, disait il y a quelques années ce producteur
de musique pour qui l’idée d’éditer une compilation d’Ahmed Malek est devenue
«une véritable obsession.
À partir de 2012, Jannis Stürtz
va partir sur les traces du natif de Bordj El Kiffan,
à Alger, le 6 mars 1932. Il va faire un travail d’enquête digne d’un
polar, qu’aurait justement pu illustrer Ahmed Malek, dont le
nom et le son restent associés aux Vacances de l’inspecteur Tahar, policier
burlesque des années 1970, à l’énorme succès populaire en Algérie, à ce
jour. L’œuvre d’Ahmed Malek est grande avec plus de 200 films de fiction,
documentaires, émissions TV, etc.
Membre de l’orchestre symphonique de la radio télévision algérienne
après l’indépendance, Ahmed Malek aura ainsi accompagné des satires sociales,
des films engagés, ou encore le documentaire Les Déracinés sur l’exode
rural.
«Pour ce documentaire, nous avions utilisé les instruments traditionnels,
dans un souci d’authenticité historique. Les thèmes sont souvent tirés du
folklore. (...) J’ai eu la chance de bénéficier des infrastructures de la RTA,
qu’il s’agisse des studios, mais aussi de l’orchestre. Si le besoin s’en fait
sentir, je peux demander le renfort de musiciens spécialisés afin d’obtenir un
certain son ou un style musical particulier comme le chaâbi»,
notait en 1978 le compositeur algérien dans une de ses rares
interviews.
Loin des feux de la rampe, Ahmed Malek est décédé dans un relatif oubli
le 24 juillet 2008 chez lui, à El-Mouradia, sur les
hauteurs d’Alger. Les chefs-d’œuvre de ce compositeur, musicien, arrangeur
hors pair et flûtiste expert sont sauvés grâce au travail du DJ allemand Jannis Stürtz. L’homme est
réhabilité grace au film de la réalisatrice
franco-algérienne Paloma Colombe.