ECONOMIE- ETRANGER- AIDE AU DEVELOPPEMENT- BILAN OCDE 2018
La baisse de 2,7 % de l’aide au développement en 2018 suscite
l’inquiétude d’Angel Gurria, le secrétaire général de
l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), qui a présenté
le 10 avril 2019 les chiffres collectés auprès de ses 30 membres par son Comité
d’aide au développement.
« L’affaissement de l’aide publique est particulièrement
inquiétant, car il fait suite à des données montrant que les apports privés en
faveur du développement diminuent aussi, a déclaré Angel Gurria,
le 10 avril. Les pays donateurs ne tiennent pas leur engagement en faveur du
financement du développement pris en 2015, ce qui augure mal de notre capacité
à concrétiser les Objectifs du développement durable(ODD) à l’horizon 2030. »
En effet, si l’aide totale s’est élevé, en 2018, à 153 milliards
de dollars selon la nouvelle méthode de calcul, elle régresse à 143,2 milliards
contre 147,1 en 2017 (- 2,7 %) selon l’ancien système (au prix et taux de
change 2017). Une partie de l’explication est à chercher du côté du
ralentissement des flux migratoires et des financements qui les ont
accompagnés. Reste que les apports nets à l’Afrique ont chuté de 4 % et, pour
la seule Afrique subsaharienne, de 4,4 %. Pour l’ensemble des pays à faible
revenu, le recul est de 6 %.
17 pays se sont montrés plus généreux, les hausses les plus
fortes ayant été enregistrées en Hongrie, en Islande, et en Nouvelle-Zélande.
12 pays ont diminué leurs contributions et notamment l’Autriche, la Finlande,
la Grèce, l’Italie, le Japon et le Portugal.
La Suède, le Luxembourg et la
Norvège plus généreux
Les cinq plus grands pays donateurs en chiffres absolus
restent les États-Unis (34,3 milliards de dollars), l’Allemagne (25 milliards), le
Royaume-Uni (19,4 milliards), le Japon (14,2 milliards) et la France(12,2 milliards). Les cinq pays
qui font le plus grand effort relativement à leur produit national brut sont la
Suède (1,04 % du Produit national brut), le Luxembourg (0,98 %), la Norvège
(0,94 %), le Danemark (0,72 %) et le Royaume-Uni (0,7 %).
La France fait plutôt partie des bons élèves, mais plusieurs ONG
estiment qu’elle n’en fait pas encore assez. Ainsi Coordination Sud, qui regroupe les ONG françaises, se réjouit-elle que, pour
la quatrième année consécutive, l’aide de la France ait progressé en 2018 (+
4,4 %), mais elle regrette qu’en pourcentage du PNB national, cette aide
« stagne à 0,43 % ». Pour lui donner un coup de fouet, « l’un
des leviers majeurs sera une mobilisation plus importante des financements
innovants et de la taxe de solidarité sur les billets d’avion », estime
Philippe Jahshan, son président.
Les 500 millions d’euros supplémentaires versés en 2018, c’est
bien, mais « l’effort à fournir reste de plus d’un milliard d’euros
additionnels par an pour atteindre l’objectif [du président Macron]
de 15 milliards en 2022″, rappelle de son côté Robin Guittard,
porte-parole pour la France de l’ONG Oxfam, pour qui « 2019
sera l’année de vérité ».