VIE POLITIQUE- OPINIONS ET POINTS DE VUE- PORTRAIT- ABDELKADER
BENSALAH
(c) Nadir Iddir/El Watan, mercredi 10 avril
2019
Le
grand-père des dinosaures dirige l’Algérie. 40 ans sans discontinuer dans les rouages
du régime.» Cette phrase postée par un internaute sur Facebook
résume le parcours du désormais président par intérim du pays, Abdelkader Bensalah.
De
journaliste à Echaâb en 1967, il saura gravir les
échelons dans un système honni de son peuple, pour devenir chef de l’Etat.
Impassible, le regard vide, le teint cireux, Bensalah
savoure sa gloire. Dans son intervention avant la clôture de la séance de
constatation de la vacance du poste de la présidence de la République, le
nouveau chef de l’Etat a indiqué que sa désignation n’est qu’une réponse à un
«devoir constitutionnel qui m’impose de porter cette lourde responsabilité».
Exit
donc la rue, et son appel insistant à la démission de cet apparatchik et de
toutes autres figures honnies du régime. Natif du douar Mahrez
(1941), commune de Fellaoucene, à 40 km de Tlemcen,
il poursuit sa scolarité à Remchi. Des habitants de
sa région le perdront de vue, ses visites dans sa région natale sont rares. «Il
n’a jamais habité Mahrez. Il a une grande maison à Remchi, à 20 km de Tlemcen.
Il
avait un frère qui habitait près de Maghnia, avec qui
il ne s’est pas entendu. Le frère est décédé. Bensalah
n’était pas accepté dans sa région où il n’a mis les pieds qu’une seule fois en
1977 pour quelques minutes», témoigne un proche.
Ayant
rejoint l’ALN au Maroc en 1959, comme le précise sa biographie détaillée,
publiée sur le site internet du Sénat, il se spécialise, note-t-on, dans le
déminage ( !), avant de se rendre dans la région de Nador, au Maroc.
A
l’indépendance, il obtient une bourse qui lui permet d’aller étudier le droit à
Damas, Syrie, pays qui connaît, ces années-là, une forte instabilité, les coups
d’Etat y sont fréquents. Journaliste à Echaâb en
1967, il en prend la direction de 1974 à 1977.
A
cette date, et à la faveur les changements opérés par Houari Boumediène, il devient député de Tlemcen, wilaya où il ne
s’est rendu que rarement. «Il se faisait élire à distance, comme en 1997,
député d’Oran. Ce n’est pas lui qui faisait sa campagne. Tout était truqué,
comme de notoriété publique.
C’est
un homme indifférent», relève un habitant de Nedroma,
région qu’il devait représenter à l’APN. Ce parfait apparatchik, qui ne discute
point les ordres et applique avec zèle les instructions de sa tutelle,
rejoindra la diplomatie : de 1989 à 1993, il est nommé ambassadeur en
Arabie Saoudite. Il reviendra au pays, où il est désigné directeur de
l’information et porte-parole du ministère des Affaires étrangères de 1993 à
1994.
De
membre du Conseil consultatif national (CNT), il est désigné président du
Conseil de la transition (mai 1994-mai 1997). Il quitte sans regret son parti,
le FLN, pour participer à la création du RND, dont il deviendra le secrétaire
général à deux reprises entre sa création et 2015. Son parti ayant remporté les
élections législatives de 1997, il accède à la présidence de l’APN.
Il
quitte sa fonction après la défaite de son parti aux législatives de 2002. Il
sera élu la même année président du Sénat, poste qu’il occupera pendant
plusieurs mandatures. Il est désigné pour des «consultations» par Bouteflika.
N’y participent que des affidés du régime…
La
fin désastreuse de règne de Bouteflika et l’opposition à son régime et ses
serviteurs l’ont propulsé chef de l’Etat. Pour combien de temps ?