ECONOMIE- ETUDES ET ANALYSES-
SITUATION ECONOMIQUE ALGERIE- RAPPORT BANQUE MONDIALE 2019
Malgré une augmentation substantielle
du budget de l’État et un prix du pétrole plus élevé qu’attendu, le
ralentissement marqué de la production d’hydrocarbures (4,2%) a entravé la
reprise de la croissance en 2018, relève la Banque mondiale dans son “rapport
de suivi de la situation économique de l’Algérie” publié le 1er avril 2019. “On
estime que cette dernière se situait à 1,5%, alors que des projections établies
en octobre 2018 la plaçaient à 2,5%, avant que l’ampleur de la baisse de la
production d’hydrocarbures ne soit avérée”, précise l’institution financière
internationale. Le rapport évoque la poursuite du déclin des réserves de changes
et la hausse de la dette globale qui a atteint 41,9% du PIB. La dette
extérieure reste faible, les déficits budgétaires étant financés par une ligne
de crédit auprès de la Banque centrale. Fin janvier 2019, constate la Banque
mondiale, le montant global de monnaie créée au titre de “financements non
conventionnels” atteignait 6 556 milliards de dinars, soit 31,1% du PIB, ce qui
est supérieur au montant cumulé des déficits budgétaires pour 2017 et 2018 (2
793 milliards de dinars). Cette situation, ajoute le rapport, s’explique par
divers emplois “hors budget” de ces financements. La Banque mondiale table sur
une reprise du rééquilibrage budgétaire au second semestre de 2019. Il devrait
s’ensuivre un léger ralentissement des secteurs hors hydrocarbures sur l’année
2019, neutralisant une légère augmentation de la production
d’hydrocarbures.
En conséquence, la croissance du PIB
réel est attendue à 1,9%. Compte tenu d’un prix du pétrole plus bas, la Banque
mondiale s’attend à une aggravation des déficits budgétaire et courant ;
lesquels devraient atteindre respectivement 8,5% et 8,1% du PIB. À moyen
terme (2020-2021), la croissance hors hydrocarbures sera freinée par la
rationalisation des finances publiques. Les recettes des secteurs hors hydrocarbures
apporteront une certaine marge de manœuvre pour réduire l’ampleur des coupes
budgétaires. De ce fait, une légère baisse du déficit budgétaire est attendue
(5,1% du PIB en 2020 contre 4% en 2021).
Ce compromis entre maîtrise des dépenses et accroissement des recettes
débouchera sur une croissance amorphe de 1,7% en 2020 et 1,4% en 2021. “Si des
réformes structurelles sont menées du côté des subventions et du climat des
affaires, le déficit courant baissera pendant cette période (6,8% du PIB)”,
estime le rapport.
Ce qui le rendra gérable au vu du niveau substantiel des réserves (13 mois
d’importation d’ici à la fin 2019). Selon la Banque mondiale, l’économie offre
des possibilités limitées de réduction de la pauvreté (ou de la vulnérabilité)
en raison de la faiblesse de la croissance économique et du niveau
chroniquement élevé du chômage. “Même si les pouvoirs publics s’emploient à
diversifier l’économie et à donner une plus grande place au secteur privé,
notamment en attirant des investisseurs étrangers, peu d’améliorations sont
prévues à court et moyen termes, ce qui devrait limiter l’ampleur des créations
d’emplois”, estime-t-elle, soulignant l’urgence d’engager d’ambitieuses
réformes, dont certaines ont été énoncées par les autorités dans le décret
accompagnant le recours au financement non conventionnel du déficit.
Pour atténuer les effets potentiellement négatifs des réformes sur les
populations vulnérables, la Banque mondiale estime qu’il faudra renforcer les
capacités statistiques du pays, afin d’actualiser les études sur les conditions
de vie et de mener une évaluation exhaustive de l’impact des réformes sur la
pauvreté et le bien-être.