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Etude Sonia Ramzi Abadir-

Date de création: 09-04-2019 17:13
Dernière mise à jour: 09-04-2019 17:16
Lu: 1174 fois


POPULATION- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ÉTUDE SONIA RAMZI ABADIR- « LA FEMME ARABE..... »

La femme arabe au Maghreb et au Machrek. Entre luttes passées et promesses d’avenir . Etude de Sonia Ramzi Abadir. Enag Editions ,  Alger 2017 (2ème édition, 1ère édition par l’Enal/Alger en 1986) , 800 dinars,260 pages.

 

La première édition date déjà de trente ans....et pourtant, cette seconde édition reste d’actualité parce que « les préoccupations, les interrogations soulevées alors demeurent ». L’auteure avait cru (ou espéré), alors, comme beaucoup d’autres, en étudiant les mouvements arabes au Moyen Orient et au Maghreb au cours de la deuxième moitié du XXè siècle et l’image de la femme chez de grands écrivains (Naguib Mahfouz,Assia Djebar, Mohammed Dib et bien d’autres) en de grands progrès. Le temps des grande illusions « révolutionaires » !

Bien sûr, des avancées incontestables ont vu le jour en plus de trente ans, mais à quel prix. D’autant que ces avancées restent fragiles devant l’avancée des « idées infécondes » et la « déferlante » des tentations de régression liées à un retour (bien souvent imposé par la « déferlante »  conservatrice sinon radicale, teintée de religiosité exacerbée) aux valeurs et aux coutumes ( ?) d’un temps que l’on croyait révolu.

De ce fait, la femme , qui commençait à devenir acteur sinon principal du moins important (quantitativement et qualitativement) de la société, est  redevenue , peu à peu , par glissement brutal ou « soft », au gré des changements ou des évènements politiques et des bouleversements socio-économiques , dans bien des aires culturelles , la problématique centrale majeure . Une certaine régression puisque certaines « coutumes » se (re-) trouvent « acceptées par les femmes elles-mêmes  alors que les mouvements des femmes dans la période étudiée dans la première édition  confirmaient ,de plus en plus , leurs droits. Voilà qui a entraîné même une certaine « nostalgie » des « dictatures » au niveau  des démocrates et des libéraux , déçus par un tel « retour de manivelle ».

Il est évident que la lecture de cette édition va fournir des éclairages sociologiques et culturels pouvant mieux contribuer à mesurer  l’évolution ou les régressions successives 

Première partie: De l’histoire à la littérature. Ou, comment cerner la réalité à partir d’œuvres d’historiens et de sociologues pour suivre le processus d’évolution réelle de la femme arabe....et voir dans quelle mesure la colonisation a participé au blocage des valeurs.

Six romans du Machrek ( auteurs :Layla Baalbacki et  Naguib Mahfouz ) et cinq du  Maghreb ( auteurs : Assia Djebar, Mohammed Dib, Driss Chraïbi et Rachid Boudjedra) constituent le corpus littéraires.

Deuxième et troisième parties : L’analyse des textes littéraires et la reconstitution de l’image de la femme (d’abord en « millieu traditionnel » ....puis  en frayant sa voie « vers la majorité ») d’après les éléments  essentiels (objectifs ou subjectifs) fournis par les écrivains......et l’évaluation objective de la distance séparant l’image trouvée du réel.

Conclusion : « Que les écrivains s’expriment en arabe ou en français, dans les différentes parties du monde arabe, une révolutioon culturelle est à faire ».....et elle se fera (en tout cas la littérature y contribue ..et, c’est peut-être pour cela qu’elle n’est pas aimée........et l’écrivain ,comme le journaliste ,est sinon « haï » du moins ignoré ou méprisé. Mal-aimé !) : la littérature du monde arabe est , en fait , désormais entraînée dans un processus universel ( boosté ces dernières décennies par l’émergence et la domination des Tic) de « libération totale de l’homme contre les castrateurs, et tous les discours qui tendraient à le maintenir dans le sommeil des origines.....et la véritable libération de l’homme passe par la femme » . Lourde  et délicate mission (pour la femme, encore) !Mission impossible ?

 

 

 

 

 

 

L’Auteure : Originaire d’Egypte. Fonctionnaire à l’Unesco chargée de la promotion de l’héritage culturel (en 1983).Thèse de doctorat soutenu à Paris 3. Pas de biographie-express en 4ème de couverture.....et préface non signée.C’est dire le niveau la rigueur de notre édition !

Extraits : « L’écrivain doit se libérer de toute fausse pudeur devant le fait vécu. C’est à lui d’imposer l’innovation, et de renouveler les thèmes. Il doit jouer son rôle de critique et d’éveilleur, c’est ainsi qu’il libérera .Dans le cas contraire, il risque de rester tourné sur un passé aliénant » (p 255).

Avis : Très belle couverture.Titre un peu trop long : tout un programme.

Citations : « La modernité devient intolérable lorsqu’elle n’est qu’acculturation » (p 15), « Les peuples sont avides de modernité, ils attendent de l’écrivain qu’il parle de ce qu’ils n’osent pas dire, de ce qui est leur préoccupation majeure inavouée :le rapport homme-femme » (p 255), « Il n’existe pas un problème de la femme. Le problème est celui de la femme et de l’homme » (p 256).