POPULATION- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH-
ROMAN MUSTAPHA ABDELKRIM TOUMI- « RUPTURES »
Ruptures. Roman de Mustapha Abdelkrim Toumi.
El Fairouz Editions , Alger/Bordj
el Bahri, 2016, 550 dinars, 177 pages
Sofia, capitale de la Bulgarie. Hiver 1972.
Cité universitaire. Deux étudiants de vingt deux et vingt ans. Kader ( Kad pour les intimes),
l’Algérien et Nadia ( Nad pour les intimes), la Bulgare.Le coup de foudre et le grand amour, l’amour
fou.......mais l’opposition des parents....le jeu trouble d’une tante, veuve
et à la quarantaine bien affamée...puis
l’exil de la bien-aimée à Budapest.
C’est donc l’histoire d’un couple mixte se
rencontrant, mais aussi se découvrant et se recherchant dans une société (du « bloc »
socialiste d’alors ) certes accueillante (le nombre de
boursiers était assez important dans la
plupart des pays de l’Est européen, et ce depuis le temps de la Guerre de
libération nationale) , mais pas assez réceptive quand il s’agissait d’amour et
d’union. La ligne rouge. Normal, malgré tout ! L’Algérie
, c’est l’Afrique et ça paraissait bien loin ! Chacun des acteurs raconte et se raconte : d’abord Nad, puis Kad , les deux en 1972 et , bien sûr, l’inévitable ami,
l’éternel témoin de nos joies et de nos peines, un peu fou, Ram, plus musicien
qu’étudiant. Lui, raconte ...mais en 1995.Car, il y a eu ,
entre-temps, le retour au pays. Les deux Ram en compagnie d’une épouse.
Maintenant Kad est
seul, vivant dans le souvenir de l’aimée. Le travail dans la même entreprise
publique...en voie de faillitte. Le terrorisme. L ’assassinat de Kad. Le
départ de Ram pour la Bulgarie (rejoindre son épouse déjà partie, obligée de
fuir le terrorisme). La rencontre avec la tante qui avait « cultivé »
une certaine haine de l’autre et qui regrette d’avoir éloigné Nad de Kad, car entre-temps,la nièce était
morte...... d’avoir (trop) aimé
L’Auteur : Né en
1951 à Sidi Moussa (Tizi Ouzou).
Etudes secondaires à Alger , puis bourse d’études (en Bâtiment et Travaux publics) à Sofia/ Bulgarie.Etudes
en architecture en 1975 à Alger......Porté sur la poésie ..... Prix de la
poésie en langue française par l’établissement Arts & Culture de la ville
d’Alger, en 2011 et en 2014. Premier roman.
Extraits : « J’étais
démuni, mais mon dénuement avait un sens, je pouvais tout découvrir et tout
posséder, car je n’avais rien » (p 94), « J’aurais tant aimé jouir de
ma liberté , délivré de tout péril de vivre inutile et
voir ceux d’en haut descendre constater que nous sommes comme eux ont voulu que
nous soyons : les homme d’un vaste pays, échoués sur une immense plage
prolongée d’un grand désert. Des hommes qui n’ont désormais au cœur que ce
qu’ils ont en poche » ( p 113), « La vie de
tous les jours dans un pays comme le notre (note : l’Algérie) ne permet
pas de prêter attention à une histoire d’amour digne d’un roman photo des
années soixante » (p 127).
Avis :Gentil roman. Une (très) belle histoire ,
émouvante, amour (sans eau de rose) , drame et nostalgie mêlés....Ecriture
poétique. Il y a , aussi, une description de la vie
quotidienne en Algérie durant les (décennie noire ou rouge, mais terrible)
années 90.
Citations : « Un couple s’use toujours....il n’y a pas d’amour qui ne soit un
drame, et de choix il n’y en a que deux : l’oubli ou la mort » (p
19), « Nous sommes pauvres et notre place est quelque part où il n’est
jamais honteux de l’être » (p105).