VIE POLITIQUE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH-
ESSAI NOAM CHOMSKY- « OCCUPY »
Occupy. Essai
de Noam Chomsky (traduit de l’anglais par Myriam Denneby) . Editions Média Plus,
Constantine 2013, 650 dinars, 114 pages.
Beaucoup (dans les pays développés) pensent
que la crise économique mondiale ,qui a commencé
en 2008 , est en voie d’être résolue. Mais peu savent que la crise est
profonde, qu’elle n’est pas simplement due à un gouvernement donné ou à une
institution particulière, mais « est plutôt celle d’un système ».
D’autant que les sociétés occidentales contemporaines voient s’affronter trois
types de forces : Celles, encore dominantes, qui pensent que la crise est
passagère ou au moins gérable ; celles qui, avec Chomsky et (le mouvement)
« Occupy (Wall Street) » cherchent un
dépassement du système capitaliste, s’inscrivant dans le prolongement de la
vision émancipatrice des Lumières ; et celles qui adoptent une attitude
« réactionnaire » face à la dite crise des valeurs....Que dire alors
de ce que pensent les citoyens des pays .......en développement qui subissent
les effets de la crise toujours bien après, mais bien plus gravement et bien
plus durablement.
Mouvement anarchiste, « Occupy » ? Tout simplement porteur agissant et
très actif de revendications largement partagées par la société civile . En temps de crise économique : indignation face
aux inégalités, aux magouilles des institutions financières, à la complicité de
l’Etat qui (aux Etats Unis) est venu à la rescousse des responsables de la
crise et leur a permis d’en sortir ,plus riches et plus puissants que jamais,
tandis que les victimes ont été
abandonnées à leur sort. Des revendications très concrètes !Objectif : générer un élan de solidarité...élan qui
fait cruellement défaut à une société atomisée.
En fin d’ouvrage, un hommage est rendu d’un
grand enseignant et historien américain engagé, Howard Zinn,
aujourd’hui décédé.....un historien dont le principal souci , c’était « la
multitude de petits gestes anonymes » qui, bout à bout, font « ces
grands moments » qui entreront dans les annales de l’histoire.
L’« Histoire d’en bas » ! Auteur à succès, en 2003, d’une « Histoire populaire des Etats
Unis de 1492 à nos jours »
L’Auteur : Théoricien
américain du langage connu pour ses travaux dans le champ de la linguistique,
philosophe et analyste , infatigable militant politique
pour la la démocratie, la liberté et le
libre-arbitre . Plusieurs ouvrages et
auteur parmi les plus cités au monde. 1998 : Prix de Kyoto en sciences
fondamentales. Soutien du mouvement « Occupy »
dès ses débuts.
Extraits : « Autrefois,
les membres du Congrès qui briguaient un poste honorifique étaient généralement
récompensés à l’ancienneté ou au mérite. Désormais.......ils en sont réduits à
monnayer leurs promotions et puisent à pleines mains dans les caisses du
secteur financier » (p 29) , « A Wahington, on ne parle que du déficit.Or,
les citoyens se contrefichent du déficit : pour eux, le véritable
problème, c’est le chômage » (p 30),
Avis :
Pour comprendre (sauf pour les « anars ») , pour apprendre.....pour participer à la
transformation du monde (et de sa société ) de manière démocratique et constructive. Ouvrage dédié aux 6 705 personnes qui
ont été arrêtées pour avoir soutenu « Occupy »...
et aux 80 premières personnes arrêtées
alors qu’elles marchaient dans New York le 24 septembre 2011.
Citations :
« Qui dit concentration des richesses dit concentration du pouvoir
politique. Celle-ci, à son tour, amène à promouvoir des mesures qui ne font que
conforter cette tendance » (p 28), « Il y a cent ans, en Grande
Bretagne et aux Etats Unis, nations qui
étaient alors les plus libres du monde, les classes dirigeantes ont compris
qu’elles ne pourraient plus contrôler le peuple par la force......C’est alors
qu’on a inventé les relations publiques » (pp 42 - 43) , « Eduquer
les citoyens, ce n’est pas simplement leur dicter ce qu’ils doivent
penser : c’est les amener à faire leur propre apprentissage » (p 44),
« Comprendre, c’est apprendre. Et l’apprentissage se fait par la
participation » (p 45), « L’essentiel , c’est de lancer des
propositions, de formuler des idées, sans qu’elles fassent forcément
consensus » (p 45) , « En période de récession, on a besoin de
croissance, pas d’austérité » (p 65) , « A propos de la collusion
entre les milieux financiers et politiques, je citerai le sénateur Mark Hanna.
Quand on lui demandait ce qui importait le plus en politique, il
répondait : « Premièrement : l’argent ; deuxièmement :
l’argent ; troisièmement : j’ai oublié ». C’était il y a près de
cent ans. Depuis, la situation ne s’est pas arrangée » (p 84) , « Ce n’est pas l’ argent qui manque, mais la
production réelle » (p 88), « Ceux qui font les frais de cette
économie-casino, ce ne sont pas les riches et les puissants, mais les 99 %
restants » (p 89)